Eh bien, allons-y!
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Les chemins de fer Allemands à l’époque 2 : une petite histoire de la DRGEntrée en matière – Les compagnies « royales » avant 1914Lorsque le plan de numérotation et de classification unifiées voit le jour à la DRG (« Deutsche Reischsbahn Gesellschaft » - société des chemins de fer du Reich Allemand) en 1925, la toute jeune compagnie nationale de la République de Weimar a en fait intégré du matériel provenant de pas moins de huit administrations différentes.
Chacune avait ses normes propres, ses livrées, ses gabarits. De ces huit compagnies, deux ont marqué l’histoire des chemins de fer Allemands : la compagnie prussienne tout d’abord, car ce sont ses types de locomotives à vapeur et ses livrées qui ont donné naissance aux fameuses Pacific noires à roues rouges ; et la compagnie bavaroise ensuite, pionnière de l’électrification en courant alternatif. Dès 1914, une ligne commerciale est exploitée en traction électrique.
A tout seigneur tout honneur, nous allons donc commencer cette revue par une description des compagnies royales et de la numérotation des locomotives à vapeur. Sans remonter aux origines de chacune de ces compagnies, nous nous limiterons à la description de la situation à la veille de la grande guerre
1)
Les chemins de fer de Prusse et de Hesse (Königlich Preußische und Großherzoglich Hessische Staatseisenbahn) réunis sous l’administration de la KPEV (Königliche Preußische Eisenbahn-Vervaltung)
Dès 1903, l’administration de Prusse classifie ses locomotives en fonction de leur utilisation. Elle définit ainsi des « types ou catégories » (Gattung) :
1.1)
Type S (pour « Schnellzuglokomotiven)
Locomotives pour trains rapides de voyageurs avec tender séparé, dont le diamètre des roues est supérieur ou égal à 1880 mm. Les S10 sont bien connues
1.2)
Type P (pour « Personenzuglokomotiven)
Autres locomotives pour trains de voyageurs avec tender séparé. Les P8 sont tout aussi connues
1.3)
Type G (pour Güterzuglokomotiven)
Locomotives pour trains de marchandises avec tender séparé. Devrons-nous citer les G12 ?
1.4)
Type T (pour Tenderlokomotiven)
Locomotives avec tender non séparé. Elles portent le même type de désignation dans les chemins de fers Français : ce sont les loco-tenders. Il n’est pas fait de distinction entre le service voyageur express ou non et le service marchandises. Qui ne connaît les T18 ?
Nous verrons plus loin que ce partage en quatre types principaux sera retenu comme base de la numérotation à la DRG. C’est donc bien la Prusse qui impose sa marque sur les chemins de fer, comme elle l’a imposée à l’Allemagne entière lors de l’unification de 1870.
A l’intérieur de ces classifications par utilisation, les locomotives se voient attribuer des numéros de série écrits en chiffres arabes. Les locomotives mises en service en 1903 se verront attribuer le chiffre 3 (S3, P3, G3, etc.). Les locomotives plus anciennes intégrées dans la numérotation porteront des numéros inférieurs. Les séries postérieures suivront l’ordre numérique. Les versions successives d’une même série seront identifiées grâce à un chiffre en exposant (exemple : T14, puis T14
1)
Directions régionalesL’administration prussienne était partagée en directions régionales. Le nom de cette direction (par exemple Eberfeld, Köln, Berlin) et un numéro d’immatriculation étaient inscrits sur une plaque située à gauche et à droite de la boîte à fumée. Les plages de numéros étaient pré attribuées pour chaque série. Les types S avaient les plus petits numéros (exemple pour les S3 : numéros 201 et suivants) ; les types T avaient les plus grands numéros (exemple pour les T14 ; numéros 8501 et suivants).
Le numéro de série quant à lui était indiqué sur les flancs de la cabine de conduite (S3, T14).
Ce type de numérotation était utilisé de manière identique par toutes les directions régionales. On pouvait donc avoir, par exemple,
Une T14 8501 Hannover
Une T14 8501 Berlin
Et ainsi de suite pour les 18 directions.
La livrée de dernière génération des locomotives des KPEV est généralement d’un vert sombre tirant sur le brun (le fameux « Graubraun » qui sera repris initialement par la DRG et survivra pour la livrée des voitures). Les flancs et la porte de la boîte à fumée sont noirs, le châssis et les roues sont rouge sombre, nettement moins rouge que le rouge DRG qui a survécu à la DB