D'ailleurs, à ce propos, je me permettrai de copier/coller ici un paragraphe de travelog que j'ai écris durant le dernier séjour là-bas :
"L'’esprit d'entreprise les coince des qu'ils sortent du système scolaire. On en rencontre parfois AVANT CELA sur les routes du monde, lorsqu'ils s’octroient une année ou deux sabbatique entre les études et l’entrée en carrière; on en a rencontre comme cela un peu partout de l'Inde a l’Amérique du sud. ils ont entre 21 et 25 ans, et ils l'avouent franchement : ils voyagent pendant cette année-là parce qu'ils savent qu'ils ne pourront plus jamais le faire, du moins avant la retraite. Car en entreprise, même si la loi japonaise leur octroie 2 a 3 semaines de congés payes par an, il est rare qu'ils les prennent. En effet, prendre ses vacances est quasiment un suicide pour l'avancement ! Il s'agit bien sur de cette catégorie bien spécifique d'esclaves de l'entreprise, un esclavagisme né avec les 30 glorieuses, et qui a contribué à reconstruire le Japon, et qu'on appelle les "salary men" en bon japenglish. (les "hommes de salaire" en français) Le père de **** en était un, en cadre supérieur d'entreprise. Ça commence a passer de mode, mais il y en a encore trop. La majorité des jeunes japonais privilégient encore la carrière en multinationale avant la vie bien que cette carrière devienne de plus en plus scabreuse. Car jusqu’à quelques années, le Japon était en fait la meilleure société socialo-capitaliste du monde quant à la sécurité de l'emploi . Ce n'est plus vrai depuis les années 2000. Certains jeunes mâles essaient de regarder la vie autrement que par la fenêtre d'un bureau d'entreprise ... Enfin, on les voit encore, ces salary men, et ils font bien pitié. Ils ont entre 25 et 65 ans et Ils vont par grappe de douze, costard sombre et chemise blanche, ("whitoshutsu" en japenglish), cravate jamais dénouée bien sûr, assis sur les tabourets des "nooddle shops" des quais des gares slurper leur udon à 10 h du soir .... avant de rentrer s'effondrer dans le sommeil pour repartir le matin a six heures et se taper les deux heures de trajet jusqu'au bureau. Ou alors, on les voit, toujours par grappe de douze, entrer ou sortir des bars ou ils vont pour échanger les grosses blagues scatologiques de mise entre mâles alpha d'entreprise autour du sake et de la bière. On les reconnait aussi en retraite, à faire leur petit jardinets ou affalés devant la télé.. Beaucoup ont oublié qu'on peut parler et qu'il y a des idées a échanger si on se donne la peine de penser. Mais non.. ils ont tant appris a se restreindre, à parler en groupe, à ne jamais se faire remarquer .... Ils ont tant pris l'habitude de passer derrière le papier des murs ou entre les cloisons coulissantes sans se faire remarquer qu'ils en sont eux-mêmes devenus "plats" au sens propre, au sens qu'ils n'ont pas d’épaisseur physique ni d'ego marqué. C'est vrai que les mâles japonais sont plutôt fluets en moyenne, mais beaucoup n'ont, vraiment, pas de cage thoracique... Ils ont l'air bi-dimensionnels." (Copyright Rapide 421)