par Rapide 424
25 Juin 2012, 14:31
Bonnes ou mauvaises, c'était aussi une époque avec ses certitudes. On savait ou on était géographiquement, économiquement, politiquement, etc. Une époque où faire la guerre, c'était l'affaire des armées avant tout, où la pègre avait son code d'honneur et ses hiérarchies propres et n'égorgeait pas les grands-mères pour leur sac-à-main, où la banlieue était ouvrière et communiste et les centres-villes bourgeois. Une époque où tous les partis politiques ne ressassaient pas tous le même chèvre-choutisme, ou les profs professaient au lieu d'être martyrs du travail social forcé, ou les buveurs buvaient pour s’enivrer, pas se défoncer la gueule, où les chansons racontaient des histoires audibles, où on demandait à l'épicier ce qu'on désirait acheter au lieu de parcourir 3 km dans les allées des supermarchés à Perpette-la-bagnole avant de le trouver, où 24h entre l'envoi et la réception d'un massage était une communication rapide, où les portes étaient accessibles du trottoir sans avoir à traverser des no-man's lands réservés aux bagnoles ... Bien sûr, tout cela commençait à changer à cette époque, et c'est peut-être justement pour ça que cette époque est si nostalgique : c'était la fin d'un monde humain dont nous avons tous la nostalgie, même de beaucoup de plus jeunes qui ne l'ont jamais vu. Tiens, par exemple, mon fils "regrette" d'avoir été élevé dans la banlieue, même riche et bourgeoise, de l'Ouest parisien, dans des "résidence" arborées. Quand je lui ai montré l'immeuble où j'étais né, au sixième étage sous les toits de zinc, avec le boulanger au rez-de-chaussée et le bistrot en face et l'école en bas de la rue, il m'a dit qu'il aurait aimé avoir ce souvenir d'enfance. De même quand il a vu le quartier de "La placette" à Nîmes ... "Comme dans les BD" qu'il s'est écrié !