Ah oué ?
Pour ta gouverne, depuis mes débuts fracassants dans la vie active, j'ai successivement exercé chez un AMI (agent des marché interbancaires), une banque d'affaires, deux groupes différents en tant que trésorier, une société de services chez qui je suis en charge de la partie gestion de trésorerie (et je gère aussi le cash de celle-ci). Juste pour dire que ces braves gens, je les connais un peu.
Je ne peux hélas que constater, après 18 ans de bons et loyaux services que même si l'on a l'occasion de rencontrer, comme dans toute profession, quelques specimens humains rares (intelligents, honnêtes et "pushing") le système est ainsi fait que lesdits specimens sont totalement bridés. Ce ne sont plus que de gigantesques machines à cash. La notion de service leur devient peu à peu étrangère, sacrifiée sur l'autel des coûts opératoires, tandis que leur aversion au risque (enfin, au risque des autres

) les éloigne progressivement de leur mission première qui est juste de fluidifier l'économie.
Cela étant, la dématérialisation des moyens de paiement aidant (coûts opératoires, remember ?

) et la globalisation des échanges financiers étant ce qu'elle est , on ne peut aujourd'hui plus se passer de ces couillons là, et s'ils s'enrhument, le reste du monde choppe une pneumonie. Résultat, les états (donc nous) à leur botte.
Qu'un de leur client fasse une boulette qui plombe son compte de résultat, et on a alors le droit à un joli cours de gestion, un renchérissement global des conditions de fonctionnement et/ou de financement (et oui, c'est toujours le plus trouillard qui entraîne tous les autres).
En revanche, quand la connerie est de leur fait, quand il s'agit d'assumer, on passe vite un coup de fil à papa/maman pour qu'il vienne à la rescousse. Et papa/maman ne peut faire autrement que de répondre favorablement à leur demande...Brillant, non ?
Et comme ça marche à tous les coups, personne n'en profite pour en tirer des leçons. Le coup des actifs soi-disant toxiques qui se dégonflent tout d'un coup, on y avait déjà eu droit au début des années 90. A l'époque, ce n'était pas Lehman Bros qui s'était effondrée, mais Pallas/Stern. Pas mal d'autres établissements avaient été fortement ébranlés. A la suite de ce phénomène, on avait "inventé" le ratio Cooke, qui imposait un montant de fonds propres supérieur ou égal à 8% des encours de crédit.Il était supposé régler le problème (en passant, les fonds propres coûtant cher, le ratio Cooke a été payé par les clients, nos amis inventant des trucs farfelus du genre "commission de non-utilisation", s'appliquant sur des autorisations de crédit mises en place mais non utilisées. "Tu bouffes tu bouffes pas, tu crèves quand même.") Faites la comparaison entre ce qui s'est passé à cette époque et les évènements de 2008/2009, et vous verrez que ces couillons là n'ont rien appris, et que 20 ans après la première baffe, il refont très exactement les même conneries, avec les mêmes conséquences. Etrangement, ce sont les clients qui trinquent à chaque fois.
Bref, zaurez compris que je n'éprouve qu'une affection relativement limitée pour les banques, avec lesquelles je suis pourtant en contact quotidien (je dois avoir un côté profondément masochiste quelque part...

). Cela étant, lorsque j'entends un intellectuel en short de satin plaider pour un effondrement du système, je ne peux m'empêcher de penser qu'il serait salutaire de le réduire au silence...ou de le mettre à la tête d'une grande banque, il m'a tout l'air d'être suffisamment irresponsable pour cela.
