par bogie-wogie
30 Avr 2012, 21:34
Temps Accéléré
L’écoulement du temps est a priori un concept universel (au sens cosmologique) et tant que nous n’entrons pas dans le cadre de phénomènes relativistes on peut considérer que le temps s’écoule selon un rythme immuable et bien précis. Il ne prête donc guère à discussion, et pourtant…
Sur un réseau comportant deux ou plusieurs gares les trains vont passer par ces différentes gares avant de disparaître éventuellement hors réseau vers la coulisse. Mais la distance entre deux gares voisines étant de l’ordre de 3 à 10 mètres, cela signifie que si notre train roule à 60 km/h, ce qui correspond à 19 cm/s (ou 11,5 m/mn) à l’échelle HO, il mettra dans tous les cas moins d’une minute pour effectuer son trajet. Et ne parlons pas de l’express qui roule à 120 km/h, mettant deux fois moins de temps ! Pas très réaliste.
La solution pour s’évader de ce carcan consiste donc à adopter une échelle de temps différente et plus rapide que celle donnée par l’horloge du salon. Cela ne devrait d’ailleurs guère surprendre les amateurs de cosmologie qui savent que l’écoulement du temps est subjectif et varie selon l’échelle des événements considérés : les phénomènes concernant les particules élémentaires sont de l’ordre de la picoseconde (un millième de milliardième de seconde) tandis qu’à l’autre bout de l’échelle la durée de vie des étoiles et des galaxies se mesure en milliards d’années… Plus près de nous un chat vit 12 ans environ et les insectes ne vivent souvent qu’un été. En généralisant ce type de raisonnement (qui n’a pour être franc vraiment rien de scientifique) plus la taille des êtres ou des objets est réduite, plus leur durée de vie est courte, comme si le temps s’écoulait plus vite.
Avec tous ces arguments physiques, métaphysiques et biologiques on peut facilement se convaincre qu’il n’est pas cosmologiquement incorrect d’utiliser une échelle de temps accélérée pour un réseau au 1/87e comme le font déjà de très nombreux modélistes (notamment anglo-saxons). Il faut bien se rendre compte que d’un point de vue pratique si on exploitait son réseau en temps réel la plupart du temps il ne se passerait rien ! En accélérant l’écoulement du temps on réduit proportionnellement les temps d’attente ou temps morts.
Mais alors quelle échelle choisir ? Ou plutôt la question pertinente est : y a-t-il une bonne échelle ? La réponse est claire, nette, précise : c’est non.
L’échelle appropriée est celle qui convient le mieux en fonction du réseau, de son échelle et de son mode d’exploitation. C’est, en un mot, subjectif. Sur mon réseau NRB, après avoir initialement choisi une échelle de temps 12 fois plus rapide que la normale (une journée de 24 heures ne durant alors plus que deux heures, une heure étant ramenée à 5 minutes) elle a finalement été fixée à un facteur 10 pour les circulations (trajets entre gares) et à un facteur 5 pour les manœuvres (évolutions dans les emprises d’une gare).
Initialement le facteur 12 présentait divers avantages. En particulier pour l’échelle des distances entre gares. Considérons par exemple deux gares distantes de 7 mètres (comme c’est le cas sur mon réseau entre les gares de Grenanger et Lomfjell) : un train parcourant cette distance à 60 km/h va mettre 37 secondes (en réalité 36,84 si on veut être précis). Si le « temps réseau » s’écoule 12 fois plus vite, cela correspond à 442 secondes, soit 7 mn et 22 s. En gros, puisque notre train roule à 60 km/h, la distance qu’il aura parcourue correspond à un peu plus de 7 km… D’où le pas, facile à franchir, de convertir les mètres en kilomètres (uniquement pour les distances entre gares, il convient tout de même de le préciser !) Sur mon réseau, pour éviter toute ambiguïté, je parle de « kilomillimètres », ou kmm. Et par commodité, ou par paresse, j’ai conservé cette dénomination commode même après avoir changé l’échelle de temps à 10x au lieu de 12x.
L’échelle de temps différente (5x) pour les manœuvres résulte de la pratique. On peut fort bien s’amuser à effectuer les manœuvres en gare avec un œil rivé sur une pendule accélérée, mais cela devient vite stressant, empêche de se concentrer sur les manœuvres en cours et gâche une grande partie du plaisir. Il est beaucoup plus simple de « chronométrer » les manœuvres en comptant simplement le nombre de mouvements (ou déplacements) effectués. Après de très nombreuses mesures de durées de manœuvres dans la plupart des gares de mon réseau, j’ai pu établir qu’en moyenne (mais cela ne reste qu’une moyenne, quoiqu’une très bonne moyenne) un mouvement correspond assez précisément à 2 minutes en adoptant une échelle de temps 5x. Je le vérifie de temps à autre, en chronométrant aussi bien des manœuvres voyageurs que marchandises, mais après plus de cinq ans d’application de ce principe il n’y a aucune dérive. C’est donc que ce principe est valable. Mais sur un autre réseau, sous d’autres conditions, peut-être qu’une échelle de temps 4x ou 6x conviendra mieux : c’est à chacun de voir.
Ce système à « double échelle de temps » peut paraître plutôt compliqué mais il a l’énorme avantage de permettre des trajets réalistes entre gares tout en évitant des manœuvres trop stressantes. La condition principale pour que cela fonctionne correctement est que le réseau soit exploité de manière séquentielle, c’est-à-dire par actions ou événements successifs, évitant ainsi les conflits temporels éventuels entre les deux types d’actions différentes (circulations et manœuvres). Un futur article abordera ce sujet et donnera quelques idées pour mettre en œuvre très facilement une telle exploitation séquentielle.
bw
Ce qui est rare est cher,
Une locomotive miniature bon marché est rare,
Donc : une locomotive miniature bon marché est chère.