Au coin, la gare!

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Re: Au coin, la gare!

Messagepar amundsen
30 Jan 2023, 07:18

Je ne sais pas encore trop quels wagons vont circuler sur les rayons les plus courts. Probablement des couverts bâchés. Mais j’imagine mal renoncer à la moindre voie et l’espace disponible est limité.
Et un bus pour Nivelles devant la gare.
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Re: Au coin, la gare!

Messagepar amundsen
31 Jan 2023, 08:42

Petit souci : j'ai découvert que la voie RocoLine est en code 83 et Scarm n'a pas bronché quand j'ai connecté une aiguille enroulée RocoLine sur mon tracé en code 100. Par chance, il y a une référence Shinohara qui possède à peu près le même rayon et je l'ai trouvée en seconde main en Europe. Ouf.
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Re: Au coin, la gare!

Messagepar amundsen
18 Mar 2023, 17:57

Bonjour,

En attendant le premier grand module du réseau, en forme de coin, qui sera probablement construit par un artisan, j'ai entamé la construction d'un petit module linéaire intermédiaire plus étroit. J'ai récupéré une étagère d'un fabricant de meubles suédois qui traînait dans la cave. Avec 110cm de long sur 26cm de profondeur, elle est parfaite pour faire une double voie avec un minimum de décor. Construite avec une âme de carton alvéolé avec des parois en bois, elle est à la fois rigide et légère. Cette taille et ce poids faciliteront d'éventuelles séances photo en extérieur. Que demander de plus?

Première étape : collage d'un revêtement de 1cm de polystyrène extrudé sur l'ensemble de la surface.


Et voici un détail qui montre bien le type d'étagère en question, qui se fixe habituellement via deux tiges métalliques vissées au mur. Pas sûr que j'utiliserai cette solution.


Outre la satisfaction d'être dans du concret, ce module va me servir à faire des essais de ballastage avant d'attaquer cette étape sur un module plus grand. J'ai déjà plusieurs références de ballast à tester et je viens d'acheter quelques coupons de voie droite en seconde main à bon prix. Ce module va aussi me permettre d'exposer du matériel roulant.

:coeur1:
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Re: Au coin, la gare!

Messagepar amundsen
21 Mar 2023, 20:45

Aujourd'hui j'ai posé la semelle en aggloméré liège/EPDM sur le petit module présenté dans mon message précédent. Je vais bientôt pouvoir entamer mes essais de ballastage.


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Re: Au coin, la gare!

Messagepar amundsen
21 Mar 2023, 22:14

Le nouveau module m'a conduit à alléger le plan des voies sur le module principal en reportant sur le premier quelques aiguilles et un tiroir de rangement pour un locotracteur.

J'ai par ailleurs déplacé la L3 un peu vers l'avant du module car je craignais de ne pas avoir assez de place pour placer la rue en cul-de-sac et les maisons qui la jouxtent.

C'est donc un peu plus aéré.

L'implantation sur le module principal ne sera en tous les cas validée que quand j'aurai celui-ci et que je pourrai tester le tracé à l'échelle.

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Re: Au coin, la gare!

Messagepar amundsen
23 Avr 2023, 16:11

Bonjour, pour la suite, l'évolution du réseau sera racontée au travers au travers de l'histoire d'Edgar Dechef, qui le gère pour moi.

Episode 1 : ballast but not least

« Allô, Belle ?  On démarre les tests de ballastage, aujourd’hui. » Edgar Dechef appelle sa collègue, Belle Infra.
- Bonjour, Edgar, oui oui, je sais, je sais.
- Rendez-vous sur le module suédois ?
- Non, ces tests-là, on les fait au centre de la voie à Coubas.
- OK, à tout de suite ».

Lorsque Edgar arrive à Coubas, il aperçoit Belle qui, dans son gilet jaune fluo, a déjà démarré les opérations et c’est bien normal puisque la voie c’est son domaine. Elle donne des ordres à gauche et à droite, circule d’un côté à l’autre du terrain d’essais. Derrière Belle, Edgar aperçoit plusieurs cylindres géants qui dominent largement le terrain. « Les pots de colle, sans doute » se dit Edgar. Devant, trois segments de voie destinés aux tests.


Sa collègue le rejoint. « Attention, Edgar, tu es dans le chemin ». Edgar suit le regard de Belle, tourne subitement la tête et aperçoit en effet une grue qui se dirige droit vers lui. Il se déplace rapidement aux côtés de Belle. « Est-ce qu’on a une longue journée de travail devant nous ?
- Non, on teste trois colles avec trois ballasts différents, cela devrait aller assez vite.
- Tant mieux, j’ai encore pas mal de travail à faire. »
Edgar sait que la compagnie a rassemblé quelques références de ballast et de colle. Le Grand Régulateur veut effectuer des tests sur le module suédois pour choisir les matériaux et les techniques avant d’attaquer le ballastage des modules principaux. De toutes façons, ces derniers ne sont pas encore construits. La commande est finalement partie mais la compagnie a largement le temps d’effectuer des tests de ballast avant que l’opération de ballastage principale ait lieu. Il y aurait la pose de la plate-forme et tout le câblage électrique à réaliser avant, sans compter la pose de la voie et des tests de circulation bien évidemment. Bref, on a certainement plusieurs mois avant que tout cela ne débouche sur du sérieux. Le Grand Régulateur a retenu quelques références classiques chez Woodland Scenics, Heki et Minitec avant de découvrir la gamme Koemo et il s’est empressé de commander des échantillons. Rapidement, il a trouvé une autre compagnie allemande qui lui a livré un autre très beau ballast minéral. Répondant au doux nom de Gleisschotterschmiede, elle livre son ballast au kilo à un prix étonnant malgré la conjoncture inflationniste et plusieurs références ont donc été commandées.

« J’imagine que tu as fait ton choix parmi les ballasts, Belle ?
- Oui. On va prendre le Woodland Scenics Fine Gray (B75). Au contraire des autres références retenues, c’est un ballast gris qui conviendra bien si l’on veut réaliser des tests de voilage couleur rouille à l’aérographe par après. Et puis c’est un ballast d’origine non minérale, donc il va peut-être réagir différemment aux colles. » Edgar sait bien entendu que ce ballast est fait à partir de coquilles broyées, mais il ne sait plus s’il s’agit de noisettes ou de noix.
Belle poursuit : « La seconde référence est un Koemo très patiné par la rouille (R20). Je trouve sa granulométrie HO un peu grosse (0,4 à 0,8mm) alors qu’Infrabel indique que le ballast ne devrait pas dépasser 50mm à l’échelle réelle, soit 0,57mm en HO. Je crois que le Grand Régulateur n’avait pas pensé à chercher dans le catalogue à l’échelle TT. Mais il l’a fait pour ce qu’il a acheté ensuite et c’est pour cela que la dernière référence qu’on teste aujourd’hui est du Gleisschotterschmiede en TT, avec une granulométrie allant de 0,2 à 0,6mm.
- On reste sur un ton rouille avec celui-là ?
- Absolument, c’est la référence Granit Erdbraun.
- Et pour les colles ? »
Belle ne lui répond pas car elle voit des ouvriers ouvrir un des cyclindres de colle. Elle leur crie « Eh, arrêtez ça tout de suite, je n’ai pas donné mon feu vert pour démarrer les opérations ! » Les ouvriers s’interrompent immédiatement. Chacun sait qu’il vaut mieux ne pas désobéir aux ordres de Belle. Dans ce milieu très masculin et parfois réputé sexiste, Belle ne s’est jamais laissé marcher sur les pieds et ceux qui ont essayé l’ont amèrement regretté. Belle a un registre de jurons particulièrement large et fleuri, qui en général dépeint bien ses victimes, et celui qui en est la cible retrouve l’insulte dans la bouche de ses condisciples pendant longtemps qui se rient de lui à gorge déployée. Mais cela n’arrive qu’aux têtes brulées ou à ceux qui ne supportent pas qu’une femme dirige une équipe essentiellement masculine – et ils se font heureusement de plus en plus rares.

Belle reprend la main : « Pour commencer, vous m’amenez la ballasteuse sur le terrain d’essais ». Edgar sursaute. Une ballasteuse ? Il ne se souvenait pas d’avoir vu une ballasteuse dans la liste du matériel roulant commandé, liste qu’il gérait lui-même. Belle n’aurait tout de même pas osé commander du matériel roulant derrière son dos ? « Belle, de quelle ballasteuse s’agit-il ? ». Belle rit. Elle a tout de suite reconnu le ton anxieux qu’Edgar adopte si souvent. « Tu vas voir ». Edgar s’attend à voir sortir une longue machine jaune du hangar, mais ce qui surgit est un grand cylindre transparent géant avec une extrémité noire. Point de Plasser&Theurer ou Tutti&Quanti, mais une simple mention « Délhéz – poivre noir en grains ». Edgar lâche un soupir de soulagement. Il oubliait parfois à quel point sa collègue était débrouillarde.

« Belle, qu’est-ce qu’on a comme colles? 
- Alors, on a de la colle Koemo, de la Cléocol et du Matte Medium de chez Golden. C’est un agent matifiant pour peinture acrylique.
- On ne teste par la colle Anita Decor ?
- On en a commandé, le colis est en route, mais ce sera pour une autre session de tests, là on ne peut plus attendre. »
Edgar approuve car il sait à quel point le Grand Régulateur veut avancer. Edgar n’a pas vu le temps passer depuis son embauche il y a quelques mois à peine, en janvier, mais il réalise qu’on est bientôt en mai et qu’on n’a pas encore la moindre section de voie opérationnelle, même pas pour prendre une photo d’atmosphère. Le Grand Régulateur l’appelle régulièrement, le noyant sous une flopée d’instructions concernant de multiples dossiers à ouvrir ou à suivre. Parfois il faut effectuer un changement de cap complet. La revitalisation de la compagnie n’en est qu’à ses débuts et il y a beaucoup à faire.

Edgar sort de ses pensées quand il voit arriver deux bols géants sur le terrain. « C’est pour diluer la Cléocol et le Matte Medium », observe Belle. « La colle Koemo a déjà la bonne consistance, mais les autres colles, il faut les diluer avec de l’eau. On va aussi y ajouter un peu d’agent mouillant ». Puis arrivent des bocaux géants. Le ballast. Edgar trouve le ballast Woodland Scenics un peu foncé pour figurer le ballast gris typique des lignes belges mais il attendra que les tests aient été menés jusqu’au bout avant d’en reparler avec Belle. Après tout,si l’on passe un voile de couleur rouille dessus, peut-être qu’il conviendra tout à fait. Edgar avait un faible pour les ballasts venus d’Allemagne. Ses confrères allemands rencontrés sur le forum Stummis lui avaient dit le plus grand bien de Koemo et Gleisschotterschmiede et leurs photos l’avaient convaincu. Mais c’est le Grand Régulateur et son œil aiguisé qui a le dernier mot sur les choix de ballasts et Edgar ne va pas risquer de discuter ce choix. Même les consultants du bureau Konter-Derivet n’oseraient pas contredire le Grand Régulateur sur ce dossier, alors que sur bien d’autres ils ne se gênaient pas pour sortie leurs critiques sèches et piquantes.

Les opérations démarrent. Edgar s’agace quand il voit sortir du hangar un pulvérisateur géant, du type de ceux qu’on utilise sur les plantes d’intérieur. « Belle, on avait dit qu’on allait employer un brumisateur à parfum, non ?
- C’est vrai Edgar, mais on n’a pas encore eu l’occasion de lancer l’appel d’offres et la compagnie possédait déjà ce pulvérisateur. Ne t’inquiètes pas, on va y aller doucement et le ballast non collé ne bougera pas. »

Déjà le premier segment est recouvert par le ballast Koemo. « Belle couleur », se dit Edgar, « mais les grains sont un peu gros tout de même. Par contre, le ballast rentre bien dans les interstices entre les traverses. » Les ouvriers manipulent un pinceau géant pour pousser le ballast resté sur les traverses.

« Dommage que ce soit de la voie en code 100. On ne pouvait vraiment pas descendre sur du code 75, ou au moins du code 83 ? » Cette remarque de Belle énerve Edgar. Ils en avaient déjà discuté des tas de fois. Le Grand Régulateur avait un stock d’appareils de voie Peco en code 100 et il n’avait pas voulu tout revendre. De toutes façons, qu’est-ce que cela pouvait faire pour des tests de ballastage ? Edgar est un peu vexé car c’était lui qui a dégotté un lot de voies Roco en seconde main, certes en code 100, mais à un prix défiant toute concurrence. Il avait tout de suite décidé de les faire acheter. Pour un prix pareil, il ne fallait pas les laisser passer ! La compagnie a donc un beau lot de voies pour tous ses tests. Cela dit, la remarque de Belle relevait plus de la provocation que d’une réelle opinion car elle savait qu’avec du code 100 il y aurait moins de déraillements et qu’elle devrait donc envoyer moins souvent la grue de relevage à la rescousse – et c’était heureux car elle ne l’avait pas, la grue, son acquisition n’avait même pas été évoquée. Belle ne s’inquiétait pas parce qu’elle savait qu’après quelques déraillements l’engin trouverait vite une place en haut de la listes des futurs achats. Cela dit, elle aimait faire mousser Edgar, ce qui était assez facile tant ce garçon était sérieux. Mais Edgar ne répond pas, tant il est habitué aux piques de Belle et la provocation se dégonfle.

Entretemps Belle doit se concentrer sur la commande des opérations. Le tronçon de voie a été divisé en tiers, dont les limites sont identifiées par des marques blanches au sommet des rails rouillés. Il faut maintenant les encoller. Une équipe a apporté la pipette géante et bientôt la colle Koemo est appliquée sur le premier tiers. Rapidement, le Matte Medium est dilué avec de l’eau déminéralisée dans un bol et un peu d’agent mouillant est ajouté dans le mélange. Edgar admire l’efficacité de l’équipe de Belle qui termine rapidement l’encollage du deuxième tiers de la voie. Le Matte Medium lui semble rentrer avec plus de difficulté dans le ballast. Y a-t-il assez d’agent mouillant dans le mélange ? Déjà, la Cléocol est diluée dans le second bol et le dernier tiers est encollé. Dans un ballet marqué par les mouvements des ouvriers, du matériel et ponctué par les ordres sonores de Belle, les deux autres segments sont ballastés et encollés rapidement. Le ballast Woodland Scenics est balayé avec un peu plus de difficulté hors de traverses, observe Edgar. C’est sans doute lié à sa légèreté, mais cela n’empêche pas les opérations d’être rondement menées.

« Beau travail, Belle ! 
- Merci Edgar mais ce n’était pas très difficile. Et puis, mis à part la ballasteuse, le matériel mis à disposition par le Grand Régulateur est vraiment bon. »
Bien sûr. Le Grand Régulateur ne lésinait pas sur la dépense pour la compagnie. Edgar n’avait aucun doute sur l’investissement personnel, aussi bien physique que financier, de ce mystérieux personnage, dans la compagnie. On disait qu’il en était le fondateur mais qu’il l’avait quittée plusieurs décennies auparavant. La compagnie avait alors connu une longue période de sommeil. Subitement, le Grand Régulateur en avait repris les commandes quelques mois auparavant, aussi surpris lui-même de ce qu’elle existât encore que de son intérêt ravivé pour le chemin de fer. Bien qu’Edgar entretienne des rapports quasiment quotidiens avec le Grand Régulateur, il ne l’avait jamais vu. Mais son autorité n’était discutée par personne au sein de la compagnie. C’était un personnage puissant aux voies aussi impénétrables que Dieu lui-même. Il faut dire qu’en quelques mois à peine il avait redonné vie à la compagnie. Un plan de réseau avait été établi en quelques jours et l’élaboration du réseau avançait sur différents plans. Edgar était bien au courant de tout cela puisqu’il était la cheville ouvrière de ce projet ambitieux.

Pendant que les ouvriers rangent le matériel dans les hangars quasiment sans que Belle ait quoi que ce soit à dire, Edgar prend quelques photos du ballast fraîchement encollé.




Edgar se dépêche car il a encore du pain sur la planche. Le matériel roulant arrive de partout et il doit organiser les réceptions. Rapidement, il salue Belle et son équipe et repart. Il reviendra rapidement pour voir le résultat une fois la colle séchée.
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Re: Au coin, la gare!

Messagepar amundsen
05 Mai 2023, 12:40

Episode 2 : Konter-Derivet a dit : « il faut trouver la voie ».


Edgar est immobile face au bac de terre. Il contemple les petites pousses vertes qui s’y développent, à peine visibles dans la masse brune du terreau. Bien qu’habitué à réceptionner du matériel de toute sorte pour la compagnie, il avait été étonné quand il avait ouvert la petite enveloppe reçue d’Italie et y avait trouvé un minuscule papier plié accompagné d’un petit texte. Le texte expliquait comment cultiver les graines qui se trouvaient dans le papier plié. Il s’agissait de graines de Zeeschuim (littétalement : « mousse de mer » en néerlandais), cette plante si prisée des modélistes. Très vite, le Grand Régulateur l’avait appelé pour lui demander de les mettre en culture au plus vite, afin de pouvoir récolter des pousses aussi grandes que possibles avant la fin de l’année. On était en avril et le temps était alors trop froid que pour faire un semis en extérieur. A son grand étonnement, l’atelier central avait facilement trouvé une petite serre dans la réserve de matériel et Edgar avait planté les minuscules graines sans traîner. Aujourd’hui, les graines ont germé et donné de jolies pousses très fines. Edgar est tiré de sa contemplation jardinière par la sonnerie de son portable. L’écran affiche « Belle Infra ». Il décroche. « Allô ? Salut, Belle.
- Salut Edgar. Dis-donc, tu as un peu de temps pour descendre à Coubas aujourd’hui ? On pourrait examiner les voies de test de colle ensemble.
- D’accord. Quatorze heures, ça te va ?
- OK. A tantôt »

Quand Edgar arrive sur le terrain d’essais à Coubas, il aperçoit au loin Belle en compagnie de deux silhouettes longilignes autour des segments de voie récemment ballastés. Edgar s’approche. Belle le voit et vient vers lui.
Edgar demande discrètement : « Qui sont ces gens ?
- Tu ne les connais pas ? Ce sont les consultants du bureau Konter-Derivet. Juste Konter et Constance Derivet en personne. 
- Si bien sûr, mais figure-toi que je ne les avais encore jamais rencontré ».
Edgar sait bien entendu qui sont Juste Konter et Constance Derivet. Le Grand Régulateur fait très régulièrement appel à leurs services. Le bureau Konter-Derivet possède une expertise remarquable à tous égards et le patron lui accorde une grande confiance. Pourtant c’est un petit bureau. Juste Konter et Constance Derivet en sont les deux fondateurs, associés et seuls membres du personnel. Il faut dire qu’ils détestent déléguer. Ils veulent toujours tout faire par eux-mêmes, et surtout vérifier et contrôler. Ils adorent mesurer, évaluer, comparer, estimer, pondérer et bien entendu critiquer, remodeler ou plutôt faire remodeler. Juste Konter a été très longtemps responsable du service des horloges aux Chemins de Fer Fédéraux Suisses (CFF) et il en a gardé un sens aigu de l’exactitude. On ne sait pas trop ce qui l’a poussé à devenir consultant. Le parcours de Constance Derivet est plus compliqué. Tout le monde sait qu’elle a fait un passage très bref chez l’italien Limo, société qu’elle a rapidement quitté pour « divergence de vue approfondie » le jour où son supérieur lui a demandé de démarcher des détaillants avec une vapeur en livrée corail. Elle a ensuite supervisé la reproduction de divers engins roulants chez Jouet Branquignole mais là aussi a fini par démissionner avec fracas lorsqu’il a fallu faire des compromis en gravant une main courante plutôt qu’en l’ajoutant en tant que pièce rapportée. « Un compromis ? Plutôt mourir ! »

Edgar s’approche des deux consultants. Ceux-ci sont très concentrés. Juste Konter tient un appareil photo – un vrai, pas un smartphone - et mitraille les trois segments de voie ballastés quelques jours auparavant. Il parle avec son associée, laquelle prend des notes sur un calepin à toute vitesse en opinant du chef. Edgar s’avance vers l’homme en tendant sa main. « Bonjour. Edgar Dechef. »
Juste Konter redescend son appareil, fixe Edgar avec des petits yeux scrutateurs un instant, puis avance la main. « Ah, Monsieur Dechef. Juste Konter. Enchanté de vous rencontrer enfin. Voici mon associée, Constante Derivet. » Autant son propos est affable, autant le ton de Konter est monotone et dénué de toute joie. C’est un ton sérieux. Sérieux est un mot qui colle bien à Juste Konter.
La femme lève les yeux de son appareil et salue Edgar, également sans le moindre sourire. « Enchantée, Monsieur Dechef. Ravie de vous voir. » Elle lui serre la main à son tour. Son ton est tout aussi sérieux que celui de Juste Konter. Les deux consultants retournent immédiatement à l’activité interrompue par l’arrivée Edgar, et ce avec une concentration absolue. Konter a sorti un mètre pliant et mesure la taille des cailloux du ballast tandis qu’il est observé par Derivet, laquelle fronce les sourcils et continue à tout noter. Edgar observe à son tour les segments ballastés. Belle est revenue à ses côtés.
« Ils ont l’air d’avoir beaucoup d’observations à faire sur ce ballastage, non ? » observe Edgar.
- Mhhh, répond-elle laconiquement.
- Pourtant tout a l’air en ordre. Moi, je ne vois pas de différence entre les trois colles testées, avance prudemment Edgar.
- Edgar, tu ne comprends pas que ça ne va pas du tout ou bien tu fais semblant !?
- Quoi ?
- Enfin, tu ne vois pas que le résultat n’est pas à la hauteur ? Eux, ils l’ont vu, bien sûr. Tu vas vite avoir un retour du boss.
- Mais...»

Edgar est interrompu par les consultants, qui se sont écartés des rails, ont rangé leur matériel et prennent congé. « Madame Infra, Monsieur Dechef, ce fut un plaisir. A bientôt ! ». Déjà ils s’éloignent sans perdre de temps. A ce moment, Belle est appelée par un membre de son équipe et doit mettre un terme à la conversation. Edgar décide de ne pas s’éterniser et rentre illico.

A peine revenu à son bureau, Edgar découvre un e-mail du Grand Régulateur.

« Cher Edgar, veuillez prendre connaissance du rapport du bureau Konter-Derivet sur le test des colles à ballast, joint à ce message, et mettre en œuvre ses recommandations dans les plus brefs délais ».

« Déjà ? » s’étonne Edgar. « Quelle rapidité ! Comment font-ils? ».


A peine a-t-il terminé la lecture du document qu’Edgar appelle Belle : «  Tu as aussi reçu le rapport de Konter-Derivet je suppose ? Tu l’as lu?
- Bien sûr.
- Bon, il faut qu’on refasse un test de colle, mais de manière plus rigoureuse. D’autre part, on continue les tests des ballasts, les gris avant tout. 
- OK. Pour les tests des ballasts, on emploie quelle colle ?
- On part sur la Cléocol jusqu’à nouvel ordre.
- D’accord. Au fait, il ne faudra pas oublier de comparer aussi les colles pour leur facilité à être décollées.
- Tu as raison. Je le note dans ma « to do list » . Pour les tests suivants, tu as quelles références de ballast?
- Alors, on a du Heki gris (33103) et du Gleisschotterschmiede TT granit gris-vert.
- OK. Tu lances les opérations le plus vite possible. Je n’imaginais pas que ces tests seraient aussi longs et compliqués.
- Quand le patron suit les conseils de Konter-Derivet, on n’arrive jamais au bout du travail. Cela dit, il a raison de faire des tests. L’air de rien, une fois qu’on aura fait un choix de ballast, on va l’étaler sur tout le réseau et on le verra longtemps. Et puis je préfère qu’il suive leurs conseils plutôt que ceux de Herr Fall.
- Qui ?
- Herr Fall. Plus exactement, Herr Fall von Schlagsahne. C’est un consultant Allemand. Tu ne l’as pas encore rencontré ?
- Heu, non. Qu’a-t-il de particulier ?
- Je te laisse le découvrir. Bon, il faut que je te laisse, on a du pain sur la planche. »

Une fois chez lui, Edgar en profite pour chercher encore d’autres références de ballast. Il en trouve un chez Busch (7070) dont la couleur lui semble pas mal. Le Woodland Scenics Light Gray Fine lui paraît un autre choix possible. « Difficile d’évaluer la couleur d’après photo » se dit-il. Edgar envoie un bon de commande en se demandant combien de références il faudra tester avant de trouver la bonne. Il continue ensuite à chercher sur le Web et découvre que certains modélistes teignent ou calibrent eux-mêmes leur ballast à partir de gravillons ou de sable de chantier. « Voilà des pistes intéressantes, se dit-il, mais qui demandent du temps. On verra si jamais les essais en cours ne sont pas concluants ».
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Re: Au coin, la gare!

Messagepar amundsen
06 Mai 2023, 12:14

Episode 3 – 5 nuances de gris


C’est le matin et Edgar est assis face à une tasse fumante à la table du petit déjeuner, l’air hagard. Il a mal dormi. Il s’est réveillé en pleine nuit, trempé de sueur, après avoir fait un cauchemar. Il avait rêvé qu’il se trouvait dans une contrée inconnue, entouré de monticules de plusieurs mètres de haut. Il y en avait à perte de vue. Chaque monticule était fait de cailloux, avec des couleurs et des granulométries différentes d’un tas à l’autre. Pour une raison qui lui était inconnue, Edgar devait absolument trouver le monticule avec les cailloux de la bonne couleur et de la bonne granulométrie. Sa vie en dépendait et il avait jusqu’au coucher du soleil. Il ne savait plus combien de fois il s’était approché d’un monticule en pensant que c’était le bon, pour rapidement se rendre compte que les cailloux étaient trop grands ou trop petits, trop brillants ou trop colorés, trop acérés ou trop arrondis. Alors il repartait jusqu’à ce qu’il trouve un autre monticule qui lui paraissait adéquat pour se rendre compte que là aussi les cailloux n’étaient pas ceux qu’il fallait. Son errance lui avait sembler durer des heures et le soleil commençait à descendre dangereusement dans le ciel. Fourbu, il avait commencé à ralentir le rythme, quand au détour de ce labyrinthe il avait trouvé un monticule qui lui avait semblé différent des autres. Il s’en était approché. De plus près, ce qu’il avait vu avait confirmé son sentiment : qu’il s’agisse de la nuance, de la texture, de la formes ou de la taille, tout paraissait parfait. Edgar avait levé les yeux et il lui avait semblé qu’au sommet du monticule, les cailloux étaient encore plus beaux, mieux taillés. Il avait alors entrepris d’y grimper Alors qu’il était presque arrivé à son objectif, les cailloux avaient commencé à rouler sous ses pieds, puis les avaient recouverts. Edgar s’était retrouvé immobilisé et avait commencé à s’enfoncer dans la masse pierreuse. Rapidement, celle-ci s’était mise en mouvement et l’avait presque totalement emprisonné, ne laissant dépasser que sa tête. Edgar avait commencé à paniquer et à appeler à l’aide mais déjà une vague caillouteuse s’était approchée de lui, menaçante. Edgar avait compris que celle-ci allait totalement le submerger et avait hurlé. Il s’était alors réveillé, hagard et tremblant.

« Brrr brrr ». Le téléphone d’Edgar vibre brièvement en faisant trembloter la table. La vibration réveille Edgar. Sur l’écran de l’appareil qui vient de s’allumer, il voit qu’il a reçu un message. C’est Belle. « Seconde vague d’essais de ballast terminée. Passe à Coubas ASAP ».

Edgar retrouve Belle dans son bureau à Coubas. « Tu as une sale tête, Edgar. Tout va bien ?
- On fait aller. Bon, on va voir les voies ballastées ?
- OK, suis-moi. »

Ils retournent sur le terrain d’essais. Derrière les voies déjà ballastées, de nouveaux segments ont fait leur apparition. Belle tend un papier à Edgar. « C’est la liste de ce qu’on a testé cette semaine. » Le document est titré « Tests de ballastage - 2e session ». Plus bas, Edgar lit :
« 1. Koemo HO gris
2. Heki gris 33103
3. Gleisschotterschmiede – granit gris-vert TT »

Edgar s’approche du segment couvert de ballast Koemo.



« Tiens, il y a deux nuances de ballast. Vous avez fait une patine en terre à décor ?
- Pas du tout, on a employé deux références différentes. Au centre, on a un gris déjà un peu bruni et sur les côtés on a placé du ballast plus gris, censé représenter un ballast plus neuf. La disponibilité de plusieurs nuances du gris au rouille franc est le grand atout de la gamme Koemo.
- Il faut avouer que c’est très beau et très réaliste, même si une fois encore le gris est trop foncé. »

Ils passent au second segment, couvert du ballast Heki.



« Correct, dit Edgar, mais trop uniforme. Et un peu trop violacé pour représenter le porphyre neuf utilisé sur les voies belges. Par contre la granulométrie est bonne. Il ressemble beaucoup au Woodland Scenics gris.
- Dis-donc, tu fais ton Konter-Derivet, maintenant ?
- Disons que j’ai aiguisé mon regard. »


Ils passent au troisième segment. Celui-ci a une couleur verdâtre qui évoque vaguement à Edgar la couleur d’une glace à la pistache.



Belle dit: « C’est le granit gris-vert de Gleisschotterschmiede. J’aime beaucoup cette couleur. Et puis il est très lumineux.
- C’est vrai, mais par contre, il est vraiment trop fin pour du HO. On a l’impression que la voie est ensablée. Et on voit que la légèreté des grains à causé leur déplacement sur les traverses au moment du collage.
- Tu as raison. J’aimerais bien le tester dans une granulométrie plus grande, celui-là.
- Je verrai si on a le budget. Tu n’imagines pas ce que la compagnie a investi dans ces tests. Tiens, au passage, j’aime bien l’aspect des traverses sur ce segment.
- Ah oui, on profite des essais de ballastage pour en effectuer aussi sur les traverses. Ici, on elles sont creusées au scalpel pour figurer une voie ancienne, désaffectée peut-être, ce qui semblait bien s’accorder avec cette nuance de ballast. »

Derrière, Edgar, aperçoit un quatrième segment.



Les nuances lui paraissent très belles et il aime beaucoup l’aspect très anguleux des grains. Tiens. « Il m’avait semblé qu’il n’y avait que trois références testées aujourd’hui ». Il regarde le papier qu’il tient en main et en effet il n’y est pas indiqué de quatrième référence. « Belle, c’est quoi ce ballast ? Je n’ai pas le souvenir d’avoir commandé quelque chose qui ressemble à cela.
- Aah ça c’est la surprise du chef, Edgar, dit-elle en souriant. Hier, en arrivant sur le site j’ai trouvé deux ou trois blocs de roche dans le hangar, accompagnés d’un mot. Il y était écrit : ‘ Chère Belle, j’ai trouvé ceci au bord d’une voie lors d’une ballade à vélo il y a quelques jours. Pouvez-vous essayer d’en faire quelque chose ? ’. Et c’était signé ‘ G.R. ’
- Ah, le Grand Régulateur a fourni lui-même du matériau. Intéressant.
- C’est du véritable porphyre. J’ai mis Rudi sur le coup.
- Qui ?
- Rudi Aywaille, mon chef d’équipe.
- Il vient de la région liégeoise ?
- Aucune idée, mais il est sacrément débrouillard et inventif. Tu lui donnes des poils, il te fait un chien.
- Intéressant. Et qu’a-t-il donc fait ? Je ne vois pas de cabot à proximité.
- Rudi s’est démené pour concasser les blocs en petits grains et calibrer le tout. Puis il a lavé le ballast pour enlever la poussière. Je suis plutôt satisfaite du résultat. Mais il lui a fallu pas mal de temps.
- Le résultat est très encourageant. Quoique je trouve les grains un peu gros tout de même.
- Je sais, mais ce n’est qu’un premier essai. On a fait avec les moyens du bord pour le criblage. Si l’on poursuit dans cette direction, il va falloir trouver une passoire avec des trous un peu plus fins. Et puis il faudra trouver le moyen de figurer le ballast plus ancien.
- Et aussi le ballast plus neuf. Curieusement, là on a plutôt l’impression de se trouver face à du ballast qui a déjà un peu vécu. Mais il est vraiment beau.
- Je crois que c’est à cause du lavage. Dans la réalité, le ballast neuf est plus blanc parce que le concassage et le frottement entre les cailloux crée des arêtes blanches sur les cailloux et génère de la poussière qui donne une nuance plus gris-bleu et plus uniforme. Peut-être qu’on pourrait tenter de reproduire le phénomène avec de la terre à décor. Je vais mettre Esther sur le coup. »

Edgar connait Esther bien sûr. Esther Detienne-Brulez est la nouvelle conseillère couleur de la compagnie. Elle sait tout des nuances RAL, connaît par cœur les catalogues des fournisseurs de couleurs et a toujours un avis très pointu sur les palettes du matériel roulant. Edgar et la compagnie attendent beaucoup d’elle pour la patine des wagons marchandises, pour lesquels les couleurs ont une importance fondamentale. Plus encore, il faut une expertise sur les techniques et les matériaux, parmi lesquels les terres à décor ont un rôle à jouer. Il est donc logique de consulter Esther pour un choix de terre à décor à appliquer sur les voies. Cependant, Edgar pense que, bien que spécialiste, elle est encore un peu jeune et inexpérimentée et qu’il faudrait l’encadrer de près. « Encore des tests en perspective », se dit-il.

« Tiens, vous n’avez pas refait un test des différentes colles ?
- Pas encore. On a une référence supplémentaire qui est toujours attendue à l’atelier dans les prochains jours. On s’y mettra dès son arrivée.
- Parfait. En attendant, il y a encore deux ou trois nuances de gris à tester, non ?
- Oui, on va s’occuper avec ça. 
- Il faut avancer, on va bientôt placer les voies sur le module suédois et on n’en est nulle part sur l’installation électrique.»

Edgar quitte Belle. Il est bien réveillé maintenant, et même un peu grisé par la vision de la voie ballastée avec du porphyre maison. Il lève la tête. Le ciel est bleu, la lumière est belle et au loin Edgar aperçoit des gros nuages cotonneux qui ont tous des nuances de gris différentes. Il sourit.

N.d.a : les photos ci-dessus sont prises en extérieur. Cependant, les couleurs tirent trop sur le bleu au détriment du jaune à cause de la cellule de mon téléphone.
Et un bus pour Nivelles devant la gare.
amundsen
 
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Re: Au coin, la gare!

Messagepar amundsen
09 Mai 2023, 11:34

Episode 4 : ballasts, ballasts, ballasts (sur l'air de "Paroles, paroles" chanté par Dalida)

Edgar arrive tôt le matin à Coubas. Il trouve que ces tests de ballast commencent à devenir longs et voudrait en finir. Belle n’est pas dans son bureau, il se rend donc seul sur le terrain d’essais et y découvre plusieurs nouveaux segments ballastés.

« Edgar ! Bonjour ! » Edgar se retourne en entendant la voix d’Esther Detienne-Brulez, la spécialiste couleur de la compagnie. « Belle a un empêchement, elle m’a demandé de te donner les informations sur les nouveaux segments.
- Bonjour, Esther. Très bien, commençons tout de suite.
- Attends, laisse-moi retrouver le papier... ». Esther fouille ses poches et en sort finalement un petit papier plié.



« Alors, juste devant nous on a un segment ballasté avec du Woodland Scenics gris clair fin.
- C’est une couleur bizarre. C’est plus blanc que gris. Cela m’évoque de la cendre (N.d.a : la photo en lumière du jour donne tout de même du gris parce que le temps est maussade ce matin).
- Oui, tel quel je n’en vois pas d’usage sur le réseau. Par contre, comme il a une belle granularité et qu’il est bien mat, sa blancheur en fait un candidat idéal pour des tests de coloration à l’acrylique ou à la terre à décor.
- D’accord, je note.



- Alors... ...ici, on a du ballast Busch 7070.
- Il est beaucoup trop gros malheureusement. On dirait du ballast à l’échelle O.
- C’est vrai, mais je trouve qu’il évoque bien le ballast neuf. On pourrait essayer de le concasser en grains plus petits éventuellement, sauf si l’on trouve quelque chose de mieux bien entendu.



- Tiens, c’est quoi celui-ci ? C’est du Gleisschotterschmiede HO ?
- Pas tout à fait, c’est bien le granit gris-vert de ce fabricant, mais il s’agit de la référence TT déjà testée précédemment, repassée par un crible pour éliminer les grains les plus petits.
- Ah, pas mal. L’effet « sable » est réduit par rapport au test précédent. Je le trouve toujours un peu trop verdâtre tout de même.



- Et celui-là, tu le reconnais ?
- Bien sûr. C’est le porphyre ‘maison’. Les grains sont plus petits cette fois, non ?
- Oui, Rudi a trouvé un nouveau crible et cette fois le résultat est beaucoup plus à l’échelle. La couleur tire un peu trop sur le chocolat mais l’impression globale est très bonne.
- J’aime bien aussi. Il pourrait servir comme couleur de fond, en mélange avec d’autres références tirant plus sur des tons rouille.
- Et voilà, c’est tout pour aujourd’hui ! Est-ce que d’autres tests sont encore prévus ?
- Oh oui ! Mais je ne sais pas trop quelles références on va tester précisément. J’ai encore une longue liste de choix possibles, mais c’est toujours compliqué de décider sur photo. Et puis on finirait pas faire exploser les budgets. Cela dit, puisque maintenant on a fabriqué du ballast maison, pourquoi ne pas en colorer nous-même aussi ?
- Ne me le dis pas deux fois. J’en meurs d’envie !
- Je m’en doutais. Personnellement, je ne suis pas convaincu qu’il va en ressortir quelque chose, mais lance-toi, on jugera sur pièce.
- Génial. Je me mets au travail tout de suite ! Je te quitte, alors. Bonne journée, Edgar. 
- Bonne journée, Esther. A bientôt. »

Alors qu’il est à la sortie du site de Coubas, Edgar croise finalement Belle, en train de diriger le déchargement d’une cargaison. « Les gars, vous emmenez tout ça chez Rudi. Il va nous le concasser vite fait.
- Ah, bonjour Belle. Encore un ballast ‘maison’ en perspective ?
- Bonjour. Oui, on a reçu du gravier gris-bleu. Je suis impatiente de l’essayer. Mais dis-moi, on passe beaucoup de temps sur ces tests. Tu as des plans pour faire avancer l’installation électrique, la commande des trains, des aiguillages et tout le reste ?
- Ne me mets par la pression si tu veux bien. Outre ces essais de ballast, mon temps a été mangé par l’acquisition du matériel roulant. Je sais qu’il y a beaucoup d’incertitude concernant tout le reste. Mais figure-toi que moi-même je ne sais toujours pas dans quelle gare je vais être affecté. Je n’ai même pas reçu un numéro de ligne ou un nom de district. Rien. Pire : la compagnie ne me fournit même pas un bureau en attendant.
- Ah, à ce sujet-là, ne t’inquiète pas, au détour d’un e-mail le G. R. m’a dit qu’il était en train de te préparer quelque chose.
- Ah bon, tu es plus au courant que moi ! Il t’a donné des détails ?
- Non, pas grand-chose. Il m’a juste parlé d’impression 3D et d’un bâtiment unique. »

Edgar effectue le trajet de retour plein de perplexité. Un bureau dans un bâtiment unique ? Qu’est-ce que cela peut bien être ? Sûrement pas une gare type « plan 1881 » ou « Nord Belge ». Cela aurait pourtant plu à Edgar. Quelque chose de simple, solide, fonctionnel et en même temps de bon goût. S'agirait-il d'un bâtiment moderne, alors ? D'un « geste architectural » ? Edgar ne veut surtout pas hériter d’un machin ultramoderne, tels que ceux que le célèbre architecte suédois Kalatastrof a conçu pour deux grandes villes wallonnes. Il imagine un bâtiment singulier, aux courbes blanches et audacieuses mais qui sacrifierait totalement le confort des passagers et du personnel aux apparences et dont Edgar aurait à essuyer les défauts de jeunesse. Il voit une gare immense où l’on se perd, pleine de recoins sombres et de courants d’air. En même temps, Kalatastrof, c’est une signature qui ferait venir du monde. « Ce n’est pas moi qui décide, de toutes façons » se dit Edgar (N.d.a : je confirme).

Et un bus pour Nivelles devant la gare.
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