Direction le centre ville, avec 2 objectifs: touristique bien sur mais aussi l'achat de cartes routières pour préparer la suite du voyage. Objectif donc: trouver une librairie avant la fermeture des magasins.
Nous remontons normalement vers le centre ville. Curieusement à l'entrée d'un tunnel routier, une voiture de police est en travers le le policier refoule les automobilistes qui se présentent; je dis à ma moitié qu'il doit y avoir un accident dans le tunnel !
Quelques centaines de mètre plus loin, alors que nous scrutons les boutiques, nous en apercevons une qui a l'air de vendre des livres; manque de chance la vitrine est en miettes sur le trottoir et elle est fermée. Nous continuons et dans la rue derrière il y un cordon rouge et blanc de sécurité devant une autre boutique avec la vitrine en miettes ?
Nous continuons: c'est pareil un peu plus loin ? Et plus haut l'on est en train de barrer la rue avec ces mêmes cordons ? Et encore des vitrines en miettes ?
Nous finissons par rentrer dans un kiosk (magasin très courant en Norvège qui vends un peu de tout et fait de la petite restauration <=> café et kiosque à journaux réunis): visiblement à l'intérieur l'on s'apprête à fermer. Quand l'on demande à la personne à la caisse ce qui se passe, il répond: il y a une forte explosion, un attentat ! Nous sommes traumatisés !
Nous ressortons complétement pantois ! que faire ? En remontant un peu cette rue qui semble importante, nous voyons de plus en plus de vitrines explosées. certaines sont déjà remplacés par des contreplaqués. Nous commençons à voir des policiers, puis des soldats, et de simples civils avec des gilets jaunes. Devant nous, au fur et à mesure ils ferment les rues. Nous comprenons qu'ils sont en train d'évacuer le centre ville. Dans la plus grande improvisation ! C'est ainsi que nous voyons successivement:
- Un bus articulé qui trouvant la rue barrée devant lui essaye de faire demi tour: pas évident !
- un tram bloqué lui aussi, qui se vide de ces, nombreux, passagers, au milieux des rues que les forces de l'ordre cherche à faire évacuer ? Pas très efficace.
Nous demandons à un jeune soldat posté devant un cordon de sécurité par où il nous faut passer pour regagner notre pension. Il nous répond qu'il viens d'arriver et qu'il ne connait pas.
En fait, en voyant se fermer les rues devant nous, nous remontons vers notre pension, située en haut des jardins du palais royal en zigzag, c'est à dire par rapport où nous situons en haut et à gauche. A chaque fois que nous nous trouvons nez à nez avec une rue barrée nous tournons à gauche puis vers le haut, etc ..
C'est très curieux: nous marchons dans un secteur où il n'y a rien, puis quelques vitrines par terre, etc. Pour un Toulousain, pas de mystère: explosion avec fort effet de souffle. Le souffle se propage le long des voies de communications dégagées et rebondit au hasard de la propagation des ondes sur une façade qui est pulvérisée alors que celle d'à coté est épargnée. Nous apprendrons plus tard que le fou responsable de l'attentat avait acheté 6 tonnes d'engrais. Heureusement là il n'en avait mis qu'environ 800 kg. Engrais = Nitrate d'Ammonium = un petit AZF.
Je n'aime montrer les images du malheur des autres, mais à titre documentaire je vous montre une illustration de cela:
Oslo 22 juillet 2011
L'on voit très bien qu'une seule vitre est explosée, les autres sont intactes.
Dans la rue les gens n'ont pas l'air affolés, juste les visages un peu fermés. Beaucoup aussi marchent le portable collé à l'oreille. Nous croisons aux "barrages", de simple cordons rouge et blanc, des soldats très jeunes. Avec leur gros M16 ils n'inspirent pas vraiment confiance. Il y aussi certains de ces "barrages" qui sont tenus par des civils, apparemment des gens du quartier, en simple gilet jaune.
Notre système de remontée en créneau fonctionne et nous nous retrouvons devant l'avenue qui longe le jardin du palais royal. Elle est libre. Par contre pas question de couper par les jardins: il y a des soldats en armes partout. Un VTTiste se fait refouler devant nous. En remontant nous en découvrirons postés un peu partout dans le parc, cachés derrière les arbres. A cet instant Oslo a des allures de guerre. Pas très rassurant ces jeunes soldats, très visiblement inexpérimentés.
Là aussi je n'ai pas l'habitude de montrer des photos floues mais je n'en est pas d'autre (mon vieux compact commence à débloque coté autofocus). Je fait une exception pour vous monter ces barrages et essayer de retranscrire l'ambiance:
Oslo - 22 juillet 2011
Nous retrouvons un de nos compagnon de voyage: lui était en ville et a nettement entendu l'explosion et vu de la fumée. Nous devions être au musée, environ une heure avant de revenir de l'ile, nous n'avons rien entendu.
Arrivé, sans encombres, à la pension, tout le monde échange ses impressions. Deux préoccupations:
- essayer de comprendre ce' qui se passe
- prévenir la France que tout va bien. Personnellement je cherche à avertir mes parents avant qu'il ne découvre au JT qu'il y a eu un attentat à Oslo. Le réseau GSM est saturé. Une des femmes du groupe m'explique que dans ces cas là les SMS finissent par passer. En râlant je finis par arriver é en envoyer un: c'était le bon plan. Ah les filles: généralement nulles en informatique mais elles ont apprivoisé le téléphone portable. Evidemment dès qu'il s'agit de causer
Le soir au restaurant nous apprendrons qu'il y a eu une fusillade qui a fait de très nombreuses victimes. Ils nous avez bien semblé à la télé qu'ils était question d'un 2ème drame !
Ce n'est que le lendemain, à l'hotel à Lillehammer, que nous serons ce qui c'est passé dans la petite ile d'Utøya, au milieu du lac Tyrifjorden. Vous vous souvenez des photos de coucher de soleil ? Et bien elles ont été prises quelque part par là, ce qui rétrospectivement leur donnent une importance à nos yeux qu'elles n'avaient pas.
Nous partons le lendemain. Le groupe reprend l'avion pour Paris. Nous et un autre couple gagnons l'aéroport avec eux pour y prendre une voiture pour une semaine supplémentaire. Dans les deux cas nous nous posons la question de savoir si nous pourrons partir sans problème, si nous pourrons quittez Oslo.
Finalement, avec un autre membre du groupe, nous allons faire un tour sur le port, sans encombre, mis à part le jardin du palais royal tenu par les soldats. Oslo est presque désert, alors que les vendredi soir ont la réputation d'être animés.
A suivre ...
Pierre