III) CONTEXTE GEO-ECONOMIQUELe tronc commun de Toulouse à Saint-Sulpice commence par une longue ligne droite qui part du raccordement en triangle dit du Lac de Crémon situé face à la gare de Toulouse Raynal et se dirige droit vers le Nord au travers de la plaine de la Garonne puis de l’Hers.
A partir de la gare de Montrabé située entre Balma et l’Union, le tracé devient beaucoup plus difficile. En effet la ligne doit franchir les 2 seuils séparant la plaine de l’Hers de celle du Tarn en recoupant la vallée du Girou. Il s’agit d’un paysage de collines, prolongation de la Montagne Noire, dernier chainon du massif central, qui du haut de ces 1211 m au Pic de Nore sépare la plaine du Lauragais de la vallée Tarnaise de l’Agoût.
Sur un tracé similaire l’A68 adopte de rudes rampes, la voie ferrée elle serpente pour remonter des vallons et franchit les deux seuils par deux tunnels établis au gabarit de la voie unique :
- seuil entre la vallée de l’Hers et celle du Girou, franchi par les tunnel Campnans de 902 m de long entre Montrabé et Gragnagne
- seuil entre la vallée du Girou et celle du Tarn, franchi par le tunnel de Seilhan de 644 m de long prenant naissance à la sortie nord de la gare de Montastruc la Conseillère en direction de Roquesériere
Notons que bien d’apparence très modeste de nos jours, le Girou a imprimé dans le paysage un Talweg marqué, plat est rectiligne. Il est curieux que, jusqu’à une période récente aucune voie de communication majeure n’eût emprunté son sillon. C’est désormais chose faite avec la bretelle de l’A68, nommée A680 qui se détache à ce niveau et doit à terme rejoindre Castres.
Un BGC en gare de Saint-Sulpice assurant un Toulouse-Castres - 30 mai 2009
L'on voit ici cette gare telle qu'elle se présentait après les travaux de doublement partiel du tronc commun Toulouse - Saint-Sulpice.
A Roquesériere la ligne retrouve un tracé rectiligne orienté plein nord jusqu’à Saint-Sulpice, ville dans laquelle l’Agoût , affluent principal du Tarn alimenté par les eaux de la Montagne Noire et des Monts de Lacaune, rejoint celui-ci. Les deux lignes de Castres et de Tessonnières se séparent en cette gare ; dès la sortie de gare un pont permet aux deux voies uniques parallèles de franchir l’Agoût. Les deux lignes se séparent dès cet ouvrage franchi.
- La ligne de Castres prend un tracé Ouest-Est en suivant la vallée de l’Agoût jusqu’à Castres. Dans cette ville un rebroussement permet d’emprunter l’ancienne ligne de Bédarieux en remontant la vallée du Thoré jusqu’à Mazamet ;
- La ligne de Tessonnières continue elle plein Nord remontant la vallée du Tarn par un tracé très rectiligne. Elle dessert au passage Rabastens- Couffouleux, franchit le Tarn par un pont en maçonnerie de briques établi au gabarit double voie pour passer rive droite au niveau du château de Saint-Gery, dessert Lisle sur Tarn et Gaillac avant d’aboutir en gare de Tessonnières.
Après la traversée de cette gare :
- la ligne de Capdenac continue vers le nord et s’insère dans le vallon de Mauriac afin de se hisser sur le causse de Cahuzac. Cette ligne a été abondamment décrite ici Balade de Tesso à Capde
- la ligne d’Albi reste dans la vallée du Tarn est pour cela oblique plein est, retrouve le Tarn à Marssac sur Tarn et repasse rive gauche par un long pont de briques. Elle continue dans la pleine au niveau de Terssac puis entre en gare d’Albi après avoir reçue l’embranchement commun formé par le reliquat subsistant des lignes de Castres et de Saint-Juéry.
Par une belle journée de fin d'hiver dans la plaine de Senouillac, une composition triple X 2100 + XR + X 2100 approche de Tessonnières - 22 février 2014
L’économie de la moyenne vallée du Tarn, de Saint-Sulpice à Albi a été bouleversée par l’ouverture, intervenue par étapes en 1992 et 1993 de l’autoroute A68 entre Toulouse et Gaillac puis en 1997 jusqu’à l’entrée d’Albi.
De par le rapprochement, en termes de temps de parcours, ainsi réalisé avec la rocade Toulousaine les communes de la vallée ont vu l’arrivée de nombreux travailleurs pendulaires. Des gros bourgs comme Saint-Sulpice sur Tarn, Rabastens ou Lisle sur Tarn sont devenus de véritables petites villes (Saint-Sulpice a vu sa population doubler), Gaillac naguère ville moyenne assoupie, recroquevillée sur le souvenir des beaux jours son vignoble, est devenue la 3ème ville du département, profitant corrélativement, il est vrai, de l’effondrement des anciens centres industriels de Mazamet, Graulhet et Carmaux.
Le Tarn conforte sa place de 2ème département de Midi-Pyrénées en terme de population et Albi, la préfecture, passe devant Montauban en devenant le 2ème ville de la région.
L’équilibre du département est également modifié : le Tarn département bipolaire dominé par ses deux villes principales Albi et Castres, opposées par leur histoire géopolitique, voit Castres, capitale du Tarn sud et de la vallée de l’Agoût, naguère égérie du dynamisme Huguenot appuyée sur la consciencieuse main d’œuvre de la montagne, désormais mal desservie, marquer le pas sur Albi la catholique, qui règne sur la vallée du Tarn après avoir pris soin au 19ème siècle de repousser l’industrie minière vers Carmaux « la rouge ».
Peu courante une composition à 4 caisses X 2100 + XR + X 2100 + X 2100 quitte Tessonnières pour en assurant le TER N° 870010 Toulouse Rodez - 19 mars 2014
Voici les évolutions de la démographie des villes et villages de la « 2ème couronne Toulousaine » et de la vallée du Tarn, desservis par la ligne entre 1990 et 2011, sachant qu’en 2014 ces chiffres sont à majorer notamment pour Gaillac qui dépasse les 14 000 ha. J’ai regroupé par aires urbaines, notion de l’INSEE qui considère que fait partie de l’aire urbaine toute commune dont plus de la moitié de la population travaille à la ville centre. J’ai considéré plus prosaïquement toutes les communes qui dépendent en quasi- totalité de la ville centre pour les services et les commerces, ce qui est le cas de la desserte ferroviaire. Cas particulier le gare de Rabastens, officiellement dénommée Rabastens-Couffouleux est située à Couffouleux sur la rive gauche du Tarn.
- zone de Montastruc / Gragnague / Garidech - 1990 : 3 688 - 2011 : 6 537
avec :
- Garidech (proche de la gare de Gragnague) - 1990 : 698 - 2011 : 1 610
- Gragnague - 1990 : 889 - 2011 : 1 765
- Montastruc La Conseillière - 1990 : 2 101 - 2011 : 3 162
- Saint-Sulpice sur Tarn- 1990 : 4 354 - 2011 : 8 213
.
- aire urbaine de Rabastens / Couffouleux - 1990 : 5 812 - 2011 : 7 359
avec :
- Rabastens - 1990 : 3 825 - 2011 : 5 083
- Couffouleux - 1990 : 1 987 - 2011 : 2276
- aire urbaine de Lisle sur Tarn – 1990 : 4 096 – 2011 : 5 245
avec :
- Lisle sur Tarn - 1990 : 3 588 - 2011 : 4 328
- Parisot – 1990 : 508 – 2011 : 917
- aire urbaine de Gaillac - 1990 : 14 294 - 2011 : 19 294
avec :
- Gaillac - 1990 : 10 378 - 2011 : 13 629
- Brens - 1990 : 1 364 - 2011 : 2 201
- Montans - 1990 : 972 - 2011 : 1373
- Senouillac - 1990 : 879 - 2011 : 1072
- Rivières - 1990 : 616 - 2011 : 914
- Broze - 1990 : 85 - 2011 : 105
C’est ce contexte qui explique par ricochet l’effet positif sur la croissance continue du trafic régional, aujourd’hui TER, sur les lignes du « QNET » et notamment sur la ligne de la vallée du Tarn et sur le tronc commun Toulouse Saint-Sulpice. En effet du fait de la qualité du tracé de plaine entre Roquesérière (au sud de Saint-Sulpice) et Albi les temps de parcours sont bons, d’autant plus que beaucoup de trains sont sans arrêt, hors croisements, entre Toulouse et Saint-Sulpice. Ces temps de parcours sont compétitifs avec ceux permis par l’autoroute A68 : en effet, une fois arrivé sur la Rocade Toulousaine, il faut atteindre sa destination dans Toulouse, et aux heures de pointes cela est moins drôles. Il arrive qu’une fois franchi le péage de l’A68 à l’Union l’on est vraiment l’impression de rentrer dans un véritable mur tant l’embouteillage est dense et le blocage total.
Au fil des services la trame de la desserte est devenue correcte aux heures de pointes, du moins si l’on voyage dans le sens des pendulaires. Il reste cependant des grands trous de dessertes dans la journée et surtout un grand vide le soir. Cela c’est la théorie : en pratique l’exploitation des lignes du QNET est marquée par un manque total de fiabilité pour lequel la SNCF se trouve toutes les excuses mais qui est grave et entache totalement la qualité de la desserte : l’on ne compte plus les trains supprimés au dernier moment, souvent sans prévenir, ce qui évidemment plus que péjoratif pour les gens se rendant à leur travail. Les « coups de gueule » répétés de la région, qui paye mais n’a pas vraiment de moyens de rétorsion, n’y change rien. Très fâcheux alors que celle-ci vient d’investir plus de cinq cent millions d’Euros dans le plan rail.
Le TER N° 871208 Toulouse Aurillac, assuré en X 72500 quitte Tessonières et passe au pied du village de Senouillac - 19 mars 2014
Avant le plan rail la ligne avait fait l’objet à la fin des années 80 d’une modernisation en deux temps avec mise en service de du BAL de Voie Banalisée avec Commande Centralisée de Voie Unique (CCVU) commandée depuis le poste U de Toulouse, d’abord de Toulouse à Saint-Sulpice puis de Saint-Sulpice à Tessonnières. De plus le tracé des voies en gare de Saint-Sulpice avait été modifié afin d’en permettre la traversée sans arrêt à 90 km/h. Les installations en gare de Tessonnières avaient également fait l’objet d’une modernisation avec mise en service d’un PRG, traversée sans arrêt à 90 km/h. Dans le même temps la voie avait fait l’objet d’amélioration, permettant de porter la vitesse de fond entre Roquessérière et Albi à 130 km/h. Par contre le projet des années 90 de porter la vitesse à 160 km/h, permise par le tracé, de façon à profiter des performances des X 72500 n’a jamais été mené au bout, notamment du fait de l’opposition de la mairie de Gaillac à la suppression des nombreux passages à niveaux situés sur la commune.
Entre Tessonnières et Albi puis Carmaux les signaux lumineux ont remplacés les signaux mécaniques mais le cantonnement reste assuré par le BMVU. Le plan rail Midi-Pyrénées prévoyait son remplacement par le BAPR de Voie Banalisée mais ce projet n’a pas été concrétisé à ce jour : les carrés de sortie côté Albi de la gare de Tessonnières sont toujours repérés « BM ». Il semblerait que cela soit prévu en 2014 mais seulement
jusqu’à Albi ?
A suivre ...
Pierre