SAVAJOL a écrit:JR East a écrit:Juste pour apporter un éclairage différent (et surtout hors de toutes polémiques), mais cette dette n'est pas uniquement le cas de SNCF.
...
l'ouverture à la concurrence ne vas pas aider, mais il est difficile de défendre une institution comme la SNCF qui est associée dans l'esprit du grand public à des images assez négatives. Des prix hauts ne peuvent se justifier que par un service impeccable, du matériel entretenu, confortable, propre, et des horaires tenus à la seconde (c'est le cas au Japon, en Corée, à Taiwan par exemple)
JM
Et cela a du être le cas pour la SNCF "quand les politiques" avaient besoin d'elle pour reconstruire le pays jusque dans les années 1980 ...
Je pense qu'au contraire, de la fin de la 2nd guerre mondiale aux années 80, le train a été un mode de transport sur lequel non seulement les politiques ont investis mais aussi la population. Je me souviens de ces voyages avec mon papa dans des voitures Corail d'un grand confort avec des trains qui arrivaient à l'heure. A cette époque, le train était populaire, dans la mesure où riches comme moins riches l'empruntaient. Il n'y avait pas de billets de 1ère à 10 euros (65,50 francs). Les trains de nuit, les trains auto-couchettes, etc ... sillonnaient la France et bien des gens étaient contents. Il y a aussi eu, jusqu'aux années 80, une certaine prééminence du collectif sur l'individuel (la culture du conflit et de la grève a toujours été un marqueur fort de la SNCF, quelques soient les époques). Ensuite, l'individualisme - en partie instrumentalisé par les gouvernements de gauche comme de droite - n'a eu de cesse de se développer jusqu'au 'moi je' flatté encore plus par les "rézosocios".
Bon là j'ai digressé.
Je ne nie nullement l'apport du TGV à partir de 1981. Par contre, ce que je regrette, c'est le manque d'équilibre des politiques publiques entre le TGV et tout ce qui faisait la richesse de la desserte français, c'est-à-dire ces lignes petites ou moyennes qui répondaient aux besoins de la population. Lorsque j'étais bénévole à l'AMTP à Pithiviers, combien de fois ai-je regretté la suppression de la desserte qui m'aurait permis d'aller, au moins aussi rapidement, m'occuper de ces belles petites locos à vapeur ?
Il y a eu aussi cette ridicule politique du 'Yield Management' dont on a oublié de dire qu'elle est née avec la dérégulation du marché des transports aériens par Ronald Reagan.
Adoptée par la SNCF, elle a contribué à rendre les tarifs absolument illisibles et imprédictibles pour les voyageurs. les plaintes sont nombreuses, récurrentes et justifiées.
Si je compare une fois de plus au Japon (où tout est loin d'être parfait, croyez-moi sur parole), le prix du billet est invariant tout au long de l'année pour un trajet donné (il y a quelques promos parfois)
Voici un 'exemple de cette 'non application' du Yield au Japon (la différence = 2,30 euros ...). Le Nozomi est le train le plus cher car très direct.
Fare : Prix du billet - Base
Seat : Prix de la classe de billet, dépend de la classe (Green Car [1ère], Reserved seat en Reserved Cars [2nd - sièges en 2+2] ou ... Non reserved seat en Non Reserved Cars [2nd - sièges en 3+2, premier arrivé, premier assis, on s'assoit là où il y a de la place]). On pourrait le comparer un peu à la réservation de nos TGV mais ... on peut monter dans un Shinkansen sans siège réservé et voyager debout quand toutes les places dans les voitures 'non réservées' sont prises. Simulation de prix pour un départ le 05/01/2022
Simulation de prix pour un départ le 06/07/2022 - (Même jour de la semaine que le précédent)
Je vous mets ici le lien où je me suis même amusé à simuler dans le passé
https://tinyurl.com/yeykcmux et où vous pourrez jouer avec les différentes options...et vous apercevoir du coté invariant du tarif y compris lorsqu'on regarde les horaires de départ et d'arrivée (la nature du Shinkansen est un paramètre Nozomi, Hiraki, Kodama [du plus direct au plus 'omnibus']).
Ce que je regrette aussi, c'est la politique du tout camion qui a entrainé une usure prématurée (et coûteuse) des infrastructures, et s'est terminé en apothéose avec l'adoption du 'cabotage routier' au niveau européen, plantant les derniers clous dans le cercueil d'un fret ferroviaire déjà à l'agonie (et au passage des petits transporteurs victimes d'un dumping violent). Ce fret ferroviaire, avec des trains longs, très lourds, avec des sabots de freins permettait aussi de "nettoyer mécaniquement les rails" quand tombaient les feuilles ...
Ce que je regrette enfin, c'est aussi les égos régionaux (et notamment de certains élus qui jouissent à l'idée d'avoir leur 'aéroport international de Trifouillis-les-Oies') qui, par le biais de subventions déguisées via la CCI ou la non facturation de frais laissés à la charge des contribuables locaux, ont tout fait pour attirer les compagnies aériennes 'low fare' (je n'utilise volontairement pas les mots 'low cost' parce qu'une compagnie aérienne - par nature - ne peut pas être 'low cost').
Je n'abonderais pas dans le sens du PDG de la SNCF qui affirmait que "ce ne sont pas les billets SNCF qui sont chers, ce sont les billets d'avion qui ne le sont pas assez" car je connais très bien le milieu de l'aérien et peu de gens connaissent toutes les taxes qui frappent les billets. Pas de TVA sur un billet d'avion vs 10% de TVA sur un billet de train, mais le billet d'avion est frappé d'une palanquée de taxes donc ...Ci-dessous un exemple de décomposition "sommaire" des taxes qui frappent un billet Paris - Munich en Eco (remboursable, etc .. pour un déplacement pro, réservé deux semaines avant le départ). Dans les fameuses 'Autres Taxes' il y a la Taxe Chirac qui frappe tous les billets au départ ou à l'arrivée en France (d'où l'intérêt parfois de partir de Bruxelles, Schipol etc ... quand on est frontalier ou que le train n'est pas cher).
Toutefois, c'est aussi à l'Etat de réguler certains comportements prédateurs et rétablissant la vérité des coûts qui mathématiquement se transfèreront dans les prix des billets, plutôt que de taxer encore et encore.
En ce qui me concerne, j'ai toujours considéré que le ferroviaire est un des bras armés de l'aménagement des territoires car concentrer de plus en plus de monde dans des villes, puis construire de coûteuses infrastructures pour permettre aux gens d'aller simplement travailler est un modèle qui est limité.
Tout ceci pour conclure que le problème est bien loin de n'avoir qu'une cause (ça serait si simple). Je n'en ai évoqué que quelques unes - une fois de plus sans volonté de polémiquer. Comme je le disais, découper un gros problème en plus petites questions permet parfois de le résoudre à condition qu'on oublie les casquettes, postures, idéologies politiques, 'yaka', 'faukon' et autres joyeusetés.
JM.
Mise à jour: Corrections de fautes à la relecture