Rockandrail a écrit:Non, un troll, c'est quelqu'un qui n'approuve pas sans réserve le fait que la SNCF soit une construction d'essence divine dont la perfection cosmique est incontestable.
Ou,
(pardon de le dire), "quelqu'un" qui oublie que les dieux ou l'univers ne sont pour rien, dans l'affaire ...
Puisque tous les historiens de l'économie, sans exception, reconnaissent que ce sont les grandes compagnies privées de l'époque qui ont elles-mêmes demandé à l'Etat de se porter à leur secours à la veille de la seconde guerre mondiale, pour les "débarrasser" des quelques 30 milliards de francs de pertes qu'elles avaient cumulées
*, et qui sont encore, pour partie, inscrites aujourd'hui, au "passif" de la SNCF (
le texte de base:
http://temis.documentation.developpement-durable.gouv.fr/docs/Temis/0001/Temis-0001183/4963_1.pdf.
On peut, certes, discuter de ce qui s'est passé après, des choix plus ou moins bons économiquement qui ont été faits, de l'opportunité de confier la mission à un organisme public ou tout ce qu'on veut d'autre.
Mais on ne peut pas mettre en cause le fait même que le transport par fer, en particulier, a dès l'origine, participé, par "essence d'Etat" à ce qu'on appelle le "service public".
Un "machin" introduit au XVII° siécle dans notre système de droit par le grand Colbert lui-même (dit-on); et qui s'appuie sur l'idée que la satisfaction de certains besoins collectifs ou essentiels à la conduite des affaires du pays, en passe inévitablement par l'application de règles dérogatoires à celles du marché. Et, là encore, on peut s'essayer à ne pas être d'accord, à affirmer à contre courant de trois siècles de vie économique, que le privé ferait mieux que le public, que le "marché" a la toujours "la main" heureuse autant qu'invisible, etc...
Mais le débat ne peut même plus être celui-là, comme l'ont encore montré il ya peu,
toutes les gesticulations tous les échanges auxquels on a assisté lors du vote du "pacte ferroviaire" : le rail est
"d'essence publique" car il fait partie de ces "biens publics", qui
"en raison de leur caractère d'intérêt social et global exorbitant du marché [doivent être] organisés par la puissance publique".
(Ce n'est pas moi qui ai dit çà, mais le Sénat, il ya une vingtaine d'années si j'en crois mes souvenirs et mes archives et, à moins de vouloir aussi mettre en cause nos institutions, peut-être vaut-il mieux en prendre son parti)..
Maintenant, on peut être d'avis que ce "service public" serait mieux assuré s'il était entièrement entre les mains du privé.
Mais on devrait pouvoir en discuter sans
"camper sur ses positions" , en opposant "arguments contre arguments", en évitant si possible les idées toutes faites et en ayant toujours à l'esprit que tout ou presque de ce qu'on peut dire a déja plus ou moins été dit au temps de l'élaboration de la convention de 1937.
Car on s'était déja assez bien disputé sur le sujet à l'époque, sans pouvoir là non plus, changer les réalités économiques...
* au terme d'un cauchemar comptable qui ferait "crier" aujourd'hui les zélateurs de l'équilibre des compte publics, puisque l'Etat de l'époque n'avait accepté d'entrer au capital de la nouvelle société SNCF que pour moitié, alors qu'il apportait de son côté les chemins de fer d'Alsace-Lorraine et de l'État, et toutes ortes d'avnaces plus ou moins remboursables et presque jamais remboursées, ainsi que de considérables subventions d'exploitation.