Bonjour,
En 1989, les TGV Atlantique commencent à arriver aux AMC (Ateliers du Matériel de Chatillon) établissement qui vient d’opérer sa reconversion des voitures au TGV. 1989 est aussi l’année où les Pays-Bas fêtent les 150 ans de leur chemin de fer. A leur demande, la SNCF a accepté de détacher la rame 305 pour une durée d’une quinzaine de jours, le temps des festivités courant juillet. Il est prévu que la rame soit en exposition statique mais aussi qu’elle fasse un périple « autour » du pays, à la vitesse maxi de 80 km/h, le temps que les invités à bord puissent admirer le paysage et dégustent la collation servie à bord. Les néerlandais, ayant acquis des CC 1300 (presque identiques à nos CC 7100), ont également sollicité la présence de la CC 7107 ; celle-ci a assuré la traction de trains de "spotters". Ça, c’est pour le matériel roulant de la SNCF. Pour que les prestations soient à la hauteur des attentes de nos hôtes, il faut une logistique humaine et matérielle. Le convoi a été formé aux AMC avec la CC 7107 en tête, suivi d’une voiture d’hébergement (sommaire) du personnel d’accompagnement, la rame TGV et un fourgon de type Gas à bogies. Ces deux véhicules sont reliés au TGV par les attelages de secours. En outre, le fourgon contient des pièces de rechange sélectionnées par le constructeur et les dépanneurs SNCF, la rame étant toujours sous garantie.
En ce qui concerne le personnel, le service production des AMC a proposé une liste importante d’agents qui assureront des relèves tous les deux jours. Je comprends bien que les TGV Atlantique n’étant pas encore en service commercial, ce n’est pas trop gênant de détacher tant de monde ! Le dépôt d’Avignon en a fait presque autant pour la CC 7107, en ne détachant néanmoins que deux agents simultanément. L'un des deux dépanneurs avignonnais, à deux mois de la retraite, m'avait dit "c'est le plus beau jour de ma carrière". Tant le service rendu par ce personnel n’a pas posé de problème, tant la gestion des roulements m’a été fastidieuse. Pour les expos suivantes, je constituerai des équipes restreintes ou les agents resteront tout le temps de la mission. Leurs responsables m’affecteront les meilleurs et les plus méritants (suivant leurs critères internes) mais surtout des volontaires qui ne seront pas regardants sur les dérogations du code du travail : des mercenaires, en quelque sorte.
En marge de notre présence, la France était également présente avec deux autres matériels : la 141 R 420 et la réplique de la locomotive de Marc Seguin.
Arrivée au petit matin à la frontière belge. A notre réveil, nous entendons du bruit derrière notre voiture de cantonnement. C’était un visiteur belge qui se glissait sous la CC 7107 pour relever les cotes des faces internes des essieux. Nous n’avons pas eu trop de mal à le convaincre que la machine était conforme aux normes de roulement : il a gagné deux ou trois pin’s et stylos et s’en est reparti avec un bulletin de compo apte à la circulation. La voiture de cantonnement est une ex A7c7 métallisée PLM qui nous servait de « résidence » durant les transformations et les essais du TGV 001 A à Bischheim : à noter la livrée avec les couleurs du TGV 001 A et de la BB 10004 (on ne se refait pas !).
A Tilburg, il y a les ateliers du matériel des NS. Comme les pantos de la CC 7107 ne sont pas compatibles de la caténaire NS (forme des cornes, bandes d’usure et absence de butée de l’ouverture du cadre, ils ont différé notre machine, l’ont rentrée aux ateliers et nous l’ont rendu avec des pantos néerlandais ; un certain pragmatisme.
Le TGV 305 face à la 141 R 420. C’est à travers l’espace libre entre ces deux engins que les officiels de l’inauguration passeront : une sorte de haie d’honneur verticalo-tricolore (en opposition au drapeau néerlandais étant horizontalo-tricolore). Peu de temps avant une inauguration, il y a toujours une sorte d’effervescence. Je suppose que c’est sous l’emprise de l’événement que le « rugueux » André Rasserie est venu vers moi en me disant : « je l’enfoncerais bien le TGV avec ma R »….. Je lui ai calmement répondu : « primo, ce n’est pas votre R, mais celle de l’association et deusio, quand tous les TGV auront été enfoncés, il n’y aura plus de R non plus ». Il atourné les talons dans sa blouse noire, je n’en ai plus entendu parler. Ah si ! A l’hôtel où tous les français étaient logés, le tenancier de l’établissement nous a dit qu’ils s’étaient tirés (lui et sa clique) sans payer…. Vrai ou faux, j’ai préféré ne jamais savoir.
En arrière plan, on devine des locos à vapeur qui faisaient tous les jours une cavalcade. La plus éloignée est une 230 NS de toute beauté.
Quand les officiels se sont annoncés, il a fallu faire place nette. Je me suis réfugié dans une cabine de conduite du TGV : ce fut le bon plan car j’ai attrapé le magnifique sourire de la reine Béatrix.
La « Marc Seguin » faisait des évolutions en chauffe.
Une 1100, l’équivalent de nos BB 8100. Juste derrière, une CC de la série 1500.
Une CC repeinte aux couleurs des British Railways. Je ne connais pas suffisamment cette machine baptisée ELECTRA, mais j’ai l’impression que c’est une machine NS de la série 1500 repeinte en livrée BR, en signe de clin d’œil envers ses origines.
La 1607, détentrice du record mondial de la traction du plus long train de voyageurs du monde : 62 voitures, me semble-t-il. De plus, elle arbore le logo du cent-cinquantenaire.
Vraisemblablement mon dernier message avant une pause vendéenne d’une bonne quinzaine. Je repartirais aux Pays-Bas pour d’autres aventures, dont je vous ferai part à mon retour.
A+
2B