Avertissement: Aujourd’hui, beaucoup de texte et pas beaucoup d’images, pour raconter la galère de ce début de Jeudi 24 février 1977. Ne vous inquiétez pas, à partir du prochain message, vous aurez droit à un bouquet final de photos. Si vous êtes allergique à la lecture, attendez donc la suite.
Je dois aussi préciser en préambule qu’arrivant en Espagne, nous avons un peu l’impression de changer de monde. Au Portugal, nous trouvions toujours quelqu’un comprenant le français (et en profitant pour nous parler de son séjour en banlieue parisienne), et les gens étaient vraiment gentils et prêts à vous dépanner. En Espagne, c’est l’espagnol et c’est tout. Avec en plus des fonctionnaires indifférents au sort de deux pauvres routards étrangers. Il va falloir faire avec…
Bon… A Guillarey, nous attendons notre train de nuit dans la cantina de la gare, où sont encore attablées deux ou trois autres personnes. A minuit, il n’y a plus que nous, et le gérant nous pousse vers la sortie. Nous constatons que le reste de la gare est fermé. Un peu inquiets, nous montrons notre indicateur d’horaires de trains au gérant. Il hoche la tête, nous fait signe de le suivre sur le quai… et nous montre une voiture endommagée garée sur une voie de service !
Le brave homme vient de nous désigner les ressources hôtelières du coin !
L’Ami épluche à nouveau son tableau indicateur, cherche à déchiffrer les notes en bas de page, et… Damned !
Nous comprenons que son fameux train de nuit ne circule qu’un jour par semaine, et pas cette nuit ! Tout ça parce que ces fichus espagnols n’appliquent pas le code européen, la ligne ondulée verticale indiquant les trains ne circulant pas tous les jours !
Effondrés, nous voyons encore passer deux trains de marchandises, puis nous montons dans cette fameuse voiture, dans une obscurité presque totale.
Stupeur ! La lumière d’une lampe de poche nous éblouit soudain ! Il y a déjà quelqu’un, qui nous dévisage avec inquiétude. L’« hôtel » est plus fréquenté que nous ne le pensions.
Il va falloir essayer de dormir. Pas facile dans une voiture type banlieue à couloir central. Et le froid et l’humidité qui nous transpercent peu à peu… Je mets sur moi progressivement tout ce que j’ai dans mon sac, pulls, maillots de corps, et même mon pyjama ! (sous les vêtements quand même
).
A 5h30 du matin, claquant des dents, nous décidons pour nous réchauffer de marcher le long de la voie en direction de Porto jusqu’à Tuy, petite ville frontalière espagnole, située à deux ou trois km. Là, nous trouvons un petit bistrot qui vient d’ouvrir, déjà plein de travailleurs cassant la croûte et buvant un coup. Nous faisons de même. Un des petits déjeuners les plus appréciés de ma vie !
Puis nous faisons le chemin inverse au soleil levant. Le moral est meilleur.
A Guillarey, nous présentons nos cartes Interrail au guichet et indicateur à l’appui, réussissons à acheter un supplément pour le TER du matin. (Les TER étaient des automoteurs réputés rapides
à supplément).
Sur le quai, nous voyons passer un double-Schienenbus espagnol, puis arriver un autorail en provenance de Porto.
NB. En arrière plan, on voit notre « hôtel »
.
9h57. Nous voila dans notre TER. Le contrôleur passe. Quelque chose ne va pas. Il parle très vite, nous dit des choses incompréhensibles… et nous délivre une amende de 200 pesetas.
Incompréhension. Il nous désigne un texte en tout petits caractères sur le livret de notre carte Interrail. Nous déchiffrons la version Française… Damned ! Il est écrit qu’en Espagne (et seulement en Espagne) il faut faire tamponner la carte à chaque entrée dans le territoire !
Maudissant intérieurement le guichetier qui n’a pas pensé à examiner notre carte et à la tamponner
, nous devons nous exécuter.
Nos plans de la journée sont bouleversés. Nous avions prévu de faire l’aller-retour Ponferrada-Villablino par l’unique train de voyageurs journalier de cette ligne charbonnière. Plus question, avec notre retard. Mais nous pouvons encore effectuer le trajet retour en prenant un taxi à Ponferrada..
Arrivée à Ponferrada vers 14h15 (25 mn de retard réglementaire). Nous sautons dans un taxi, donnons nos dernières Pesetas, et en route pour Villablino (60km) où nous pourrons prendre le train de 15h30.
Mais nos ennuis ne sont pas finis…