Les locomotives à vapeur unifiées de la DB

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Re: Les locomotives à vapeur unifiées de la DB

Messagepar Rockandrail
09 Juin 2013, 16:19

4) BR 66 - 1955

Dernière des locomotives faisant partie du plan initial de nouvelles constructions de la DB, la BR 66 se voulait être une locomotive universelle capable de prendre le relais des séries 3810-40 (ex pr. P8) et 78 (ex pr. T18) sur les lignes principales et secondaires.
Nous étions cependant déjà en 1955. La traction vapeur ne faisait plus partie des objectifs de développement prioritaires. La série 66 se limita donc à la construction par Henschel de deux locomotives prototypes. La première fut livrée le 5 octobre et la seconde le 14 octobre 1955. La DB les immatricula 66 001 et 66 002.

Afin de rendre les machines compatibles avec les lignes secondaires, la charge par essieu avait été limitée à 15t. Malgré cela, le cahier des charges des machines demandait de pouvoir emporter des stocks d’eau et de charbon importants afin de pouvoir les mettre en service de longue distance.
Du point de vue des performances, les BR 66 devaient pouvoir tracter 400t à 100 km/h sur le plat et 200t à 60 km/h en rampe de 10‰. La distribution d’essieux retenue pour ce faire était du type 1’C2’ avec une masse adhérente de 47t sur le trois essieux accouplés. Tout comme sur les machines de série 65, la disposition d’essieux s’expliquait par le souhait de voir emportés 14,3 m3 d’eau et 5t de charbon.

La vitesse maximale de 100 km/h était une autre particularité du cahier des charges et résultait de la demande de la DB de pouvoir mettre les machines en service de grandes lignes. Afin d’atteindre cette vitesse tout en ménageant de bonnes capacités d’accélération, l’on opta pour un diamètre de roues accouplées de 1600 mm, semblable à celui des BR 41.
La principale difficulté résultant de ce choix consistait à minimiser les cahots en marche à 100 km/h, le relativement faible diamètre des roues rendant difficile une bonne répartition des masses en mouvement. Il fut possible de balancer de 58% les masses en mouvement avant-arrière de sorte qu’aussi bien en traction qu’en pousse, le balancement ne se transmît significativement pas au matériel mis au crochet.

*****


La construction fut supervisée par un bureau technique commun résultant de l’association des constructeurs de locomotives et de la DB en collaboration avec le bureau central de Minden.
Les machines intégrèrent les derniers développements réalisés en matière de construction de locomotives à vapeur et comptèrent parmi les plus réussies de la DB.L’ensemble des principes formulés par Friedrich Witte pour le développement de la série 23 y furent appliqués, actualisés suite aux expériences précédentes.
Ainsi, les locomotives avaient des chaudières à haut rendement entièrement soudées, avec chambres de combustion et installations de réchauffeurs-mélangeurs MVT de construction Henschel. Tous les roulements d’essieux et de bielles étaient à rouleaux, y compris ceux de l’ensemble des pièces mobiles de l’entrainement.

Les deux machines furent préparées pour la conduite en réversibilité. Le deuxième réservoir principal d’air comprimé et sa tuyauterie de raccordement étaient préinstallés ; l’emplacement des éléments de conduite en réversibilité avait été ménagé.
Une attention spéciale fut accordée au confort des personnels de conduite. La cabine était fermée et pourvue de nombreux volets d’aération. Une grande lucarne de toit pouvait s’ouvrir grâce à un mécanisme à glissière. Les emplacements réservés au mécanicien et au chauffeur disposaient d’un système individuel de chauffage par le sol sous un plancher en matériau souple. Les sièges étaient rembourrés et équipés de dossiers.

*****


La 66 001 fit, d’octobre 1955 à septembre 1956, l’objet d’essais intensifs par le LVA de Minden puis fut remise au dépôt de Francfort (Main) 3. La 66 002 y effectuait déjà du service depuis le printemps 1955.
Comme le dépôt de Francfort (Main) 3 fut fermé en juin 1957, les machines furent reprises par le dépôt de Francfort (Main) 1. Elles circulaient sur la ligne dite du « Ludwigsbahn » vers Darmstadt, Aschaffenburg, Mannheim et Wiesbaden. Aux heures de pointe, elles desservaient l’embranchement vers Hellehof.
A partir de juin 1960, les machines furent transférées à Gießen, leur seconde et dernière localisation. De là, elles desservaient Francfort (Main), Limburg et Marburg. Endommagée par un démarrage à froid au retour de réparation, la 66 001 fut mise à l’arrêt en octobre 1966 et radiée le 24 février 1967, après seulement 12 années de service. La 66 002 lui survécut un peu en service sur les lignes de Haute Hesse où elle stationnait la plupart du temps comme locomotive de réserve à Gießen. Elle fut radiée en 1968. Cette dernière machine a été préservée par la DGEG.

Catégorie : 1’C2’h2
Distribution : Pt 36.16
Diamètre des roues motrices : 1600 mm
Longueur hors tampons : 14798 mm
Empattement : 11050 mm
Poids total en service : 93,9t
Vitesse maxi : 100 km/h
Fabricant : Henschel et Sohn
Première mise en service : 1955
Tender : 5t de charbon
Nombre total construit : 2
Nombre intégré à la DB : 2
Numérotation : 66 001 et 66 002
Dates de réforme : 1968








La BR 66 en modèle :


La machine n'a pas été reproduite depuis longtemps par les grands constructeurs allemands. Le seul modèle à l'échelle H0 de conception récente et répondant aux standards actuels est le modèle Lenz:


BR 66 001 Lenz 30200.jpg
Modèle Lenz 30200 de la 66 001.
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Re: Les locomotives à vapeur unifiées de la DB

Messagepar jpdeRouen
09 Juin 2013, 17:36

Une aussi belle locomotive :coeur1: seulement deux exemplaires... N'aurai-t-elle pas été aussi reproduite par Fleischmann, me semble-t-il?
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Re: Les locomotives à vapeur unifiées de la DB

Messagepar Rockandrail
09 Juin 2013, 18:13

Non, pas par Fleischmann (lesquels ont reproduit la BR65). Il en existe un vieux modèle Piko au standard de finesse des années soixante.
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Re: Les locomotives à vapeur unifiées de la DB

Messagepar jpdeRouen
09 Juin 2013, 18:38

La BR 65, je le savais mais il me semblait qu'ils avaient aussi une 132 T à leur catalogue. Ou alors c'est ma mémoire qui me joue des tours.
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Re: Les locomotives à vapeur unifiées de la DB

Messagepar Rockandrail
09 Juin 2013, 18:55

Peut-être confonds-tu avec la BR64 qui est une 131T en désignation française et qui, elle, est au catalogue depuis 40 ans au moins.
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Re: Les locomotives à vapeur unifiées de la DB

Messagepar jpdeRouen
09 Juin 2013, 20:53

Ce doit être certainement ça.
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Re: Les locomotives à vapeur unifiées de la DB

Messagepar Rockandrail
14 Juin 2013, 18:55

5) BR 10 – 1957

L’origine de l’ouverture du projet de construction par la DB de la nouvelle classe de locomotives de série 10 est à trouver dans le souhait de remplacer les locomotives de vitesse des séries 0110 et 0310.

A l’origine du projet, la Direction Technique de la DB, à Göttingen, avait d’abord privilégié la construction d’une locomotive de distribution d’essieux 1’C1’ pour la traction des trains express légers (FD-Züge) dans la mesure où les trains plus lourds pouvaient être mis au crochet des locomotives diesel de la série V200. Mais cette proposition n’avait pas été approuvée par la Direction Générale de la DB qui ne voyait pas les V200 capables de se substituer aux BR 0110.

Le choix se porta donc sur la construction d’une locomotive « Pacific » 2’C1’ d’une adhérence de 22t par essieu. Retenue par la DB, la société Friedrich Krupp livra en 1956 deux locomotives prototypes dont l’une, immatriculée BR 10 001, était configurée pour la chauffe au charbon avec brûleur auxiliaire pour la chauffe au fuel, et l’autre, immatriculée BR 10 002, était configurée pour la seule chauffe au fuel.

Les livraisons se limitèrent cependant à ces deux machines car entre-temps, la DB avait pris la décision d’abandonner le développement de la traction vapeur.

+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+


La base du cahier des charges des locomotives de série 10 était de pouvoir tracter un train express de 300t à 140 km/h sur le plat.
D’une manière générale, la ligne des machines s’inspirait très largement de celle des dernières locomotives unifiées de la DRG. Les groupes de cylindres avaient été revêtus d’un carénage partiel dont l’objectif était double : les protéger du froid et de l’encrassement et conférer à la machine des propriétés aérodynamiques. Une courte jupe coiffait le tablier et protégeait les éléments moteurs tout en réduisant fortement les projections d’huile sur les fenêtres de l’abri.
Plus curieusement, l’on avait équipé les deux machines de portes de boîte à fumée coniques sur le modèle de celles des locomotives de vitesse des anciennes compagnies bavaroises et saxonnes. La réussite esthétique de ce choix était discutable.
La construction des machines avait suivi, comme celle de toutes les nouvelles constructions mises en chantier par la DB, les nouvelles normes édictées par Witte, alors à la tête des services de recherche.
Les chaudières entièrement soudées et dotées d’une chambre d’explosion reprenaient le cahier des charges des chaudières reconstruites en 1953 pour les BR 0110. Equipées de tubes de 5500 mm, elles n’étaient cependant pas interchangeable avec celle des BR 01/0110. Avec un débit de chauffe de 74 kg/m2h, ces nouvelles chaudières produisaient 15,3 tonnes de vapeur à l’heure sous une pression de 18 bars.
Le moteur à trois cylindres agissait par le cylindre interne sur le premier essieu accouplé et par les cylindres externes sur le deuxième essieu accouplé. Chaque entrainement se faisait par le biais d’un embiellage Heusinger avec coulisse et pendule. La marche des cylindres externes était contrôlée via le deuxième essieu moteur ; celle du cylindre interne l’était via l’extérieur du troisième essieu du côté gauche de la machine.
Le levier de changement de marche était commandé depuis l’abri par un système pneumatique. Toutes les boîtes d’essieux et les paliers des bielles d’entrainement étaient équipés de roulements à rouleaux. Seule la fixation de la bielle motrice interne de la BR 10 001 en était dépourvue.
L’échappement des trois cylindres était ressemblé dans une canalisation unique puis partagé dans une conduite en « Y » et évacué par deux tuyères. Les deux cheminées qui en résultaient étaient regroupées dans un bloc commun.
Afin d’éviter autant que possible au personnel d’avoir à grimper sur la chaudière et sur le tender, les sablières furent installées sous le tablier et le couvercle de la prise d’eau sur le tender fut muni d’une commande d’ouverture pneumatique.
Le tender 2’2’T40 était, tout comme celui de l’autre machine nouvellement construite par la DB, la BR 23, constitué d’une structure autoportante, sans châssis. Il était entièrement soudé. Le tender était accolé à l’abri par un bourrelet de caoutchouc.
L’alimentation auxiliaire au fuel de la BR 10 001 n’avait pas pour but d’améliorer les performances de la machine mais seulement de garantir l’approvisionnement en vapeur dans les conditions de traction les plus difficiles. La machine allait d’ailleurs être plus tard convertie pour la seule chauffe au fuel et ne plus présenter de ce point de vue de différence d’avec la 10 002.

+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+


La livrée des locomotives allait faire l’objet d’une étude particulière, commandée par la République Fédérale à la Direction Centrale de la DB de Minden en août 1955. Les machines de série 10 devaient servir d’ambassadrices de prestige de la DB et présenter la nouvelle image de la compagnie.
Les constructeurs Jung, Esslingen, Krauss-Maffei, Krupp et Henschel présentèrent au total 36 projets de livrées où dominaient le bleu, le vert, le rouge et le brun.
Mais la DB n’avait visiblement pas l’approche qu’avait eue la DR pour ses machines de prestige (les BR 18 201 et 18 314). Les deux locomotives de la série 10 prirent leur service dans la livrée classique des locomotives à vapeur allemandes : noires à roues rouges.

Notons au passage que certaines des livrées probables ont été reproduites en modèle.

+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+


La charge de 22t par essieu de la série 10 allait assez fortement en réduire le champ d’action. De nombreuses lignes de la DB, dont des lignes principales, n’étaient pas aptes à supporter cette charge, tout comme elles ne permettaient pas de circuler à 140 km/h. Le tender lui-même développait 21t par essieu.
Le premier dépôt d’attache des machines fut celui de Bebra. Mais le dépôt de Bebra fut très rapidement converti à la traction électrique et les locomotives de série 10 furent déplacées à Kassel d’où elles desservaient les lignes vers Giessen et Munster.
A partir de 1967, les machines se mirent à séjourner de plus en plus souvent en atelier à cause de dommages à leurs entrainements.
La BR 10 002 termina sa carrière comme locomotive de chauffe au dépôt de Ludwigshafen à la suite de la rupture d’une bielle de tiroir en janvier 1967. Elle fut ferraillée en 1972 aux ateliers d’Offenburg. La BR 10 001 fut radiée en juin 1968. Elle devait être transférée au musée des transports de Berlin-Ouest mais fut finalement acheminée au musée de la vapeur de Neuenmarkt-Wirsberg. Elle est toujours à son inventaire et a été superbement restaurée.

Catégorie : 2’C1’h3
Distribution : S 36.22
Diamètre des roues motrices : 2000 mm
Longueur hors tampons : 26503 mm (avec tender)
Empattement : 12525 mm (22185 mm avec tender)
Poids total en service : 118,9t
Vitesse maxi : 140 km/h (90 km/h en marche arrière)
Fabricant : Krupp
Première mise en service : 1957
Tender : 12,5 m3 de fuel
Nombre total construit : 2
Nombre intégré à la DB : 2
Numérotation : 10 001 et 10 002
Dates de réforme : 1967











La BR 10 en modèle:


Les deux locomotives ont fait l'objet de nombreuses reproductions industrielles aux échelles H0, N et Z.








+++++++++++++++



Avec la série 10, nous en avons terminé avec les locomotives à vapeur entièrement développées par la DB
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Re: Les locomotives à vapeur unifiées de la DB

Messagepar jpdeRouen
14 Juin 2013, 20:59

Très belles machines. Si je ne m'abuse, c'était bien elles qu'on appelait les "Spoutnik"? Si oui, pour quelle raison? Est-ce que leur mise en service aurait coïncidé, à peu de choses près, au lancement du premier satellite (4 octobre 1957) ?
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Re: Les locomotives à vapeur unifiées de la DB

Messagepar Rockandrail
14 Juin 2013, 21:45

jpdeRouen a écrit:Très belles machines. Si je ne m'abuse, c'était bien elles qu'on appelait les "Spoutnik"? Si oui, pour quelle raison? Est-ce que leur mise en service aurait coïncidé, à peu de choses près, au lancement du premier satellite (4 octobre 1957) ?


Je n'ai pas l'info. Mais c'est cohérent avec la date et leur allure vaguement futuriste. :D
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