BURLINGTON a écrit:Pierre bis a écrit:... de toute façon je l'ai déjà dit mille fois mon plaisir n'est pas dans la réalisation mais dans l'exploitation...
Oui mais ce n'est qu'une composante du modélisme ferroviaire. Mon message était plus général et plus particulièrement tourné vers les modélistes/acheteurs.
Ce n'est qu'une composante c'est sûr mais les bricoleurs, de génie ou pas, ne sont aussi qu'une composante, pas forcément plus nombreuse. La composante la plus nombreuse, qui en plus fait vivre les marques mais n'a pas bonne presse sur les forums, ce sont les hamsters, tout ceux qui amassent du matériel, voire du décor dans l'espoir qu'un jour, c'est sûr, ils l'auront le réseau de leur rêve. Je n'aime pas qu'on les critique parce que j'en ai fait partie, à ce détail près que le rêve a fini par se réaliser. Pour cela il m'a fallu attendre, avoir de la chance et faire aussi quelques choix de vie compatibles avec le modélisme.Au début le hamsterisme était la seule pratique possible à mes yeux et je pense que c'est le cas des jeunes amateurs aujourd'hui.
En tout cas si le modélisme est aujourd’hui surtout un truc de vieux pas trop pauvres, je suis d’accord avec Olivier pour dire que ce n’est pas à cause du prix des modèles. Aujourd’hui, s’engager dans le modélisme tel que nous l’aimons, c’est à dire avec une recherche de réalisme dans tous les domaines, cela exige un peu d’argent certes mais aussi de la place, une stabilité géographique et du temps.
La place reste un problème majeur. Car il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt. En dehors de la pratique en club, forcément synonyme de compromis, l'obstacle le plus important à la pratique du modélisme ferroviaire reste la place, surtout pour la pratique contemporaine qui privilégie la recherche de réalisme. Certes les revues regorgent de mini-réseaux sur étagères "tellement pittoresques et réalistes" et "si bien adaptés aux manœuvres" mais le succès commercial apparent des CC6500, 72000, Pacifiques et autres voitures Corail, CIWL, DEV et peut-être bientôt UIC montre que le désir de reproduire les "grands trains" reste fort. Et si des jeunes veulent venir au modélisme il y a fort à parier qu'ils auront plutôt envie de voir des TGV doubles que des X73500 (mes excuses si je me trompe de numéro) faisant des aller-retour sur une voie unique promise à la suppression. Or la place, dans nos villes au m2 cher, c’est un vrai luxe. Certes le train peut partager sa pièce avec des fonctions de bureau, voire de chambre d’amis, mais avoir un grand bureau ou une chambre d’ami est déjà un luxe dont beaucoup de citadins, surtout jeunes, ne peuvent que rêver. En plus il faut souvent des pièces ayant une forme particulière. Quand je parlais de chance, elle a été pour moi de trouver un appartement qui intègre un grand sous-sol n’entrant pas dans le calcul de surface habitable et donc vendu à prix réduit. Mais je parlais de choix de vie et c’en était un aussi car mon appartement n’est pas exempts de défauts par ailleurs.
Un autre souci est la stabilité géographique. Aujourd’hui on vante en permanence la « mobilité ». La mobilité est sans doute la pire des choses pour le modéliste ferroviaire. Passer du temps à construire un réseau pour devoir quand il est presque fini déménager est un des pire cauchemard de l’amateur de petits trains. Quelqu'un parlait de Rapide424 mais dans sa promotion du vitrinisme entrait le désir revendiqué de ne pas avoir le "fil à la patte" d'un réseau.
Et le dernier obstacle c’est le temps. Quand on vante les mérites du bricolage et du « faites tout vous même » c’'est oublier tout ceux qui n’ont que peu de temps à consacrer à leur hobby. Si leur hobby c’est précisément le microbricolage visant à améliorer des modèles du commerce, voire à en construire de toute pièce aucun problème mais pour tous ceux qui cherchent autre chose dans le petit train, le « plug et play » de qualité reste irremplaçable.
Le problème de la place est intergénérationnel même si souvent les retraités des classes moyennes, tant qu’ils sont valides, tendent à quitter les villes et donc à avoir un peu plus de place. Mais pour la stabilité géographique et le temps, on voit bien que les jeunes sont franchement défavorisés. Par nature, le modélisme a donc tendance à être un truc de vieux. La vraie question concernant le modélisme ferroviaire, c’est de savoir si de « nouveaux vieux » viendront remplacer les amateurs qui inévitablement finiront par aller chercher argent place et temps dans un monde supposé meilleur. Pour les dix ans à venir je pense que oui puisque les nouveaux vieux c’est moi et tous les intervenants de ce forum ayant aujourd’hui entre 40 et 60 ans. Si la question peut se poser c’est pour « après ». A vrai dire cette question, si je me la pose de temps en temps, me concerne égoïstement assez peu car je ne suis pas acteur économique du secteur. Je pense et espère que ceux qui en vivent se la posent, même si la réponse n’a rien d’évident.
Quelqu'un a dit que nous nous éloignions de LSM mais non car juste avant nous avions parlé de "révolution LSM". Et effectivement si révolution i y a eu c'est moins dans la finesse des détails, processus déjà engagé auparavant. D'ailleurs les premiers modèles LSM (USI et 3 pattes) n'avaient pas un niveau de détail supérieur à celui des DEV Lima/Rivarossi sorties 5 ans plus tôt. Si révolution il y a eu c'est de tourner définitivement le dos aux pratiques commerciales des grandes marques de train pour proposer en séries limités de très nombreux modèles destinés à une clientèle effectivement plutôt âgée (même si il y a quinze ans elle l'était forcément moins) et ayant fait du petit train un des principaux centre d'intérêt de sa vie (pas forcément le seul non plus), bref à une clientèle dont ce forum est un échantillon. Et si nous remettons une fois de plus ce sujet sur le tapis à propos de LSM, c'est parce que cette politique commerciale fut au départ basée sur une production à coût réduit en Chine et qu'aujourd'hui un problème montre les limites du système.
Une brute qui tourne en rond ne va pas plus loin que deux intellectuels assis (Michel Audiard revisité)