Cette discussion rejoint celle lancée par Undertaker sur les doublons.
Et de mon point de vue, les doublons sont parfaitement néfastes à notre loisir. Donc, s'imaginer qu'on puisse avoir un modèle "entrée de gamme" et un "HDG" reproduisant le même matériel est illusoire et illustré par plusieurs exemples récents: le bouillon pris par PIko/SAI avec les danseuses et les BB67000 d'un côté, les cohortes d'OCEM Lematec mises en vente à la sortie des modèles correspondants chez LSM à l'autre bout du marché.
ça veut juste dire qu'il n'y a qu'un seul marché pour les modèles de train, en tout cas en France et que lorsque un doublon sort cela se fait forcément aux dépends de quelqu'un. Alors on pourrait s'en foutre, après tout, si l'un ou l'autre disparait... sauf que la conséquence c'est qu'on sera entre les mains du seul qui reste: exactement ce qui s'est passé lorsque LSM a pris le leadership sur le marché et a commencé à ballader tout le monde, fabricants et amateurs, en fonction de ses humeurs et de ses coups de Jarnac. Et ça pour le coup cela ne me plait pas du tout! Je n'ai commencé à lâcher prise avec LSM (en décodé, à m'en foutre de leurs annonces et de leurs foucades) que lorsque REE est arrivé. Et pas parce que REE sort des doublons de LSM (ce qui est arrivé, sans que l'on sache qui doublonne qui) mais parce qu'à défaut ou en attendant LSM je pouvais m'acheter autre chose.
Nos fabricants de trains sont mortels, et l'actualité des 15 dernières années nous l'a prouvé. Même les plus établis ont bu le bouillon (Jouef en France, Marklin en Allemagne, Roco en Autriche etc...) et le doublonnage va laisser du monde au tapis. Alors on peut se réjouir temporairement que tel ou tel sorte un modèle de CC6500 plus chiadé au niveau du porte lanterne gauche, mais à la fin c'est nous qui payons la note: moins de diversité dans les modèles reproduits et moins de fabricants à terme: celui qui restera en vie sur chaque créneau pourra alors nous faire danser comme des couillons. Ce n'est pas de la science fiction, on en a déjà une illustration avec la politique de LSM.
A cela il faut ajouter que le "modèle économique" du train miniature en France a beaucoup changé: nos champions actuels sont soit de toutes petites entreprises (3 ou 4 salariés max...) soit des succursales de marques internationales. Du coup, soit çà marche, soit ça ferme, il ne doit pas y avoir beaucoup de marge de manoeuvre. Alors les doublons ça doit faire mal.
Et ce raisonnement s'applique aussi aux marques "amies" comme REE: j'ai une 231G Belfort Modelbex et même si la REE est vraiment belle, je ne l'ai pas achetée car le différentiel de qualité ne le justifie pas. Et c'est une vente en moins pour REE sur un marché de quelques centaines (en parallèlle, la 231G Modelbex est désormais morte et enterrée...). Je n'y remettrai le nez dessus que lorsque les versions avec tender Nord sortiront...
Moi je me souviens encore de la période de disette du début des années 2000, où faute d'offre les modèles d'occasion pas toujours top atteignaient des sommets. Et s'il y a beaucoup moins d'amateurs de trains aujourd'hui, c'est aussi en grande partie à cause de cette traversée du désert. Quand on ne trouve plus de trains dans les vitrines des magasins on se tourne vers d'autres loisirs. Autrement dit, notre loisir est mortel, et à faire n'importe quoi il est possible qu'il disparaisse, ou devienne tellement marginal (faible nombre d'amateurs) qu'il devienne impossible de le pratiquer. Il y a plein de pays dans le monde où faute d'offre de matériel le modélisme ferroviaire n'existe pas ou plus.
Alors, on peut souhaiter un triplon de CC6500 pour avoir enfin un porte lanterne gauche conforme: après tout, après nous le déluge. Mais on peut aussi souhaiter une sorte de gentlemen agreement entre fabricants, une complémentarité des offres (l'un fait la loco, l'autre les voitures, le troisième le fourgon...) qui profitera à tous, car je suis convaincu que ce marché est extensible (l'offre génère la demande).
En fait une sorte de "développement durable" du train, comme dans la "grande" économie, ou alors, et pour filer la métaphore économique, une dilapidation de tout le potentiel en quelques années à coup de doublons et de faillites.
Dans les deux cas, on a le choix.