Samedi j’ai donc été voir ce fameux film « Unstoppable ». Globalement un bon moment. Les scènes ferroviaires sont sans fioritures excessives (hormis l'exception notable du quasi déraillement sur le viaduc en courbe, franchement tiré par les cheveux

), juste un peu d’étincelles et de métal hurlant.
La trame ? Malheureusement je ne suis pas assez spécialiste en exploitation ferroviaire, ni en mécanique, ni en physique. Je ne peux pas dire les données servant de base au scénario du film sont véridiques ou tirées par les cheveux, même si l’histoire est tirée d’un fait réel.
Ce que je sais, c’est que le scénario a été inspiré d’un fait divers s’étant produit il y a une dizaine d’années, avec les mêmes causes : un machiniste de train, contrairement à toutes les règles de bon sens et de procédures compagnies (en aviation on appelle cela « Standard Operating Procedures »), descend de son train à très faible vitesse pour réorienter un aiguillage. On aurait pu imaginer qu’à ~3 mph il prenne la décision d’arrêter son train, mais pour le besoin du film (suite à la réalité ?) il n’avait pas non plus réalisé la connexion pneumatique entre sa paire de locos (des GE AC4400Ws) et ses 39 wagons, étant commis à quelques manœuvres avant de partir en ligne. Donc pas moyen d’arrêter son convoi rapidement, même à très basse vitesse.
Quelques invraisemblances ont été commises à mon avis. Pour les besoins du film bien évidemment.
Tout d’abord, pour une raison que j’ignore, la manette de gaz passe de Run 0 à Run 8 par une opération du St Esprit. Etait-ce parce que cette manette était en position intermédiaire ? Tant bien même ça aurait été le cas, aurait-elle pu passer directement en Run 8 par le seul biais des vibrations par exemple ? J’en doute.
Ensuite, une fois que le problème est connu : on envoie à l’avant une paire de locos (des SD40-2s), qui se laissent rejoindre par le train fou, et l’équipage des deux locos essaie de freiner l’ensemble, avec force attelages et dételages (les mâchoires d’attelage restant lâches, la « pinouille » de verrouillage étant retenue en position haute). On aurait pu imaginer que les locos freinent et qu’un opérateur passe alors vers la loco folle de tête pour en prendre les commandes… Ce n’est pas envisagé dans le film, pour un besoin de scénario bien évident mais alors on aurait pu s’affranchir de cet épisode.
Puis ensuite : on apprend que 5 ou 6 wagons de ce train sont des citernes transportant un produit hautement toxique et volatil susceptible de provoquer des dommages majeurs à l’environnement et une déflagration de nature à rayer de la carte une ville de 750000 (sept-cent cinquante mille habitants). Il s'agit alors de dérailler le train en rase campagne avant qu’il atteigne la zone urbaine. On place alors des dérailleurs sur la voie. Que font alors tous les flics et les journaleux le long de la voie s’il y a un risque que le train déraillé leur pète à la gueule ? Bon, ça merde, les dérailleurs sont satellisés et le train poursuit sa route…. Je passe sur la SD40-2 dont le mécano (Denzel Washington) annonce une puissance de 5000 ch….
Voilà pour les quelques invraisemblances, mais on pardonne aux scénaristes car c’était nécessaire pour la trame du film.
En revanche, il y a un truc qui m’a gonflé, mais alors gonflé grave, c’était la « musique » de fond permanente

. L’idée dans l’esprit du réalisateur était sans doute que « ça pète ». Alors oui, pour péter, ça pète, du début à la fin, au point que ça en est insupportable. Boîtes à rythme, sons électroniques, etc, mais au premier plan à un point tel que l’on n’entend même pas le vrombissement des moteurs diesels, et qu’on ne comprend que difficilement les dialogues… . C’est d’autant plus con qu’un train de 5000 tonnes lancé à 120 km/h n’a vraiment besoin d’aucun artifice sonore pour « péter », n’est-ce pas ? ! ?
Enfin voilà. Bon suspense au demeurant, mais cinéma bien hollywoodien. L’excellent « Runaway Train » laissait le même suspense, diffusait des scènes équivalentes y compris de « cascade » (le dernier wagon d’un train dirigé à toute hâte sur un siding pulvérisé par le train fou), mais avec une trame plus « roots ». Et là on entendait le son du train ….
Cependant je vous recommande tout de même d’aller voir « Unstoppable » si vous êtes railfans. Les images le valent bien quand même.
Domi
"La termitière future m'épouvante. Et je hais leur vertu de robots."