Bonjour,
fondunorvégien43 a écrit:tant qu'un ingénieux ingégnieur n'aura pas inventé un moyen génial plus pratique que la voiture pour les gens de province* ( les campagnards comme moi ) c'est la voiture qui aura la préférence.
Ça, on l’avait bien compris que tu préférais la route…
fondunorvégien43 a écrit:tu mets tes courses et ton pack d'eau dans une remorque ?
Juste pour info, l'eau du robinet est potable en France et en Belgique...
Tout est question de choix. Quand j’ai signé mon premier CDI, grâce à Panama d’ailleurs, il fallait que je me loge, à Lyon. Pas question pour moi d’aller au travail en voiture, d’avoir besoin d’une voiture pour faire mes courses, bref d’être dépendant d’une automaboule pour vivre ! Je ne veux pas de cette vie, question de choix. J’ai habité 14 ans à 5 minutes à pieds de mon travail et maintenant je travaille à la maison, c’est encore plus proche… Et dans un rayon de 10 minutes à pieds maximum, j’ai une gare SNCF, deux lignes de métro, deux lignes de tramways et je ne sais combien de lignes de bus et trolleybus. J’ai également tous les commerces de proximité dont j’ai besoin. Bon, le marché de l’immobilier n’était pas le même, les prix ont presque doublé en 10 ans dans certains quartiers alors que les salaires... C’est un autre sujet mais très lié quand même aux questions de mobilité.
Il fait de plus en plus chaud l’été dans une ville comme Lyon, la température ne redescend pas la nuit et je n’aime pas les climatiseurs. J’ai cherché une résidence secondaire loin de la ville, plus au frais l’été et dans un paysage paradisiaque tant qu’à faire. Et là encore, premier critère : être à moins de 15 minutes à pieds d’un minimum de commerces de proximité et surtout d’une gare SNCF desservie par des trains qui s’y arrêtent plus d’une fois par jour. Et j’ai trouvé, comme quoi, c’est possible. Et il y a même un marché une fois par semaine. Mais c’est possible parce que l’équipe municipale et les habitants de ce petit village (1000 habitants) se sont battus pour sauver leur gare et avoir quelques commerces. Ce n’est pas venu d’en haut…
Pour les balades le week-end ou les vacances, toujours le même critère : la destination doit être accessible en train. Il m’arrive aussi de transporter des meubles lourds et volumineux dans le train ou le métro.
Si j’écris ça, c’est parce qu’on est de plus en plus nombreux à ne plus vouloir dépendre de l’automaboule. La voiture reste utile dans beaucoup de circonstances, je ne dis pas qu’il faut la supprimer bien évidemment, mais réduire la dépendance déjà. Et cette perspective fait peur à l’industrie automobile et aux nombreux élus qui la soutiennent. Les enjeux économiques sont énormes bien évidemment.
Petit retour en arrière. En 1943, l’architecte Le Corbusier publie la Charte d’Athènes, formalisation des idées énoncées lors du congrès international d'architecture moderne (CIAM) de 1933. Cette charte promeut notamment un urbanisme fonctionnel de zonage : en résumé très rapide, Le Corbusier et les architectes « modernes » veulent que les gens habitent dans une zone, travaillent dans une autre, fassent leurs courses encore ailleurs, sans oublier une zone destinée aux loisirs. Et toutes ces zones éloignées les unes des autres sont reliées entre elles par un formidable réseau routier. L’avenir est à la bagnole individuelle, le rail est ringard… D'ailleurs Le Corbusier a un grand ami qui s'appelle Gabriel Voisin, un constructeur automobile... Ringarde aussi l’idée que dans une même rue, on puisse trouver des commerces en rez-de-chaussée, des ateliers en fond de cour et des logements dans les étages supérieurs. La Charte d’Athènes a très fortement influencé les urbanistes et les élus, surtout dans les années 50-60. Mais encore aujourd’hui, pour beaucoup, la Charte d’Athènes reste l’évangile selon Saint Corbu !
Parallèlement à ça, les constructeurs automobiles nous vendent la voiture individuelle comme un symbole de liberté, d’émancipation et de réussite sociale. Et les promoteurs immobiliers ont surfé sur la vague pour nous vendre le concept de maison de poupée sur catalogue dans un joli lotissement au beau milieu de nulle part avec le jardinet et surtout, surtout, le garage pour y garer le symbole de sa réussite sociale. Et ce monde est devenu si merveilleux que l’automaboule a fini par étouffer les villes dites « modernes »… Si vous ne connaissez pas déjà, je vous recommande les films géniaux de Jacques Tati, « Mon Oncle », « Trafic » et « Play Time » notamment, où il se moque de la ville « moderne ».
A tout cela il faut bien entendu ajouter la question du réchauffement climatique et la prise de conscience que ce n’est pas la planète qu’il faut changer, mais le système. Bon, tout le monde n’en a pas encore pris conscience, mais cette idée n’est plus marginale.
Tout cela inquiète l’industrie automobile. La voiture ne disparaîtra pas, bien sûr, mais les ventes de voitures neuves devraient, dans un futur proche, au moins arrêter d’augmenter, puis doucement diminuer. Il faut l’espérer. En attendant, les constructeurs et les élus qui les soutiennent feront tout pour nous emmener joyeusement dans le mur avec… le SUV électrique ! Pourtant tout le monde le sait que les batteries, c’est dégueulasse, le nucléaire, c’est dégueulasse, les panneaux solaires et les éoliennes, ce n’est pas idéal, les barrages hydroélectriques, ça pose plein de problèmes, le gaz, on sait à qui on l’achète, etc.
Le contact roue acier sur rail acier utilise l’énergie 3 fois plus efficacement que le contact pneu sur route. Si on commençait par là ? Une ville n'est pas immuable, elle se repense, le territoire et l'économie aussi.