par Panama
13 Oct 2014, 23:22
La reprise du Train des Mouettes par T&T a effectivement été facilitée par une certaine compréhension au Conseil Général de ce qu’est le Chemin de Fer : il faut dire que l’épisode VEOLIA avait du être formateur, et que certains ne voulaient pas rester sur un échec.
Quand j’ai fait le choix de m’intéresser au Train des Mouettes pour essayer de le réactiver, je n’avais aucune attache locale.
Je voulais juste reprendre un chemin de fer avec un POTENTIEL et des moyens, pour CONSTRUIRE.
Il fallait donc :
- Que les autorités locales tiennent à leur chemin de fer
- Qu’il s’inscrive dans une volonté locale de développement du tourisme
- Et que donc les autorités locales soient disposées à accorder un fort soutien.
En échange, nous devions créer très rapidement une équipe complète, opérationnelle, professionnelle, volontaire et impliquée, et … réussir !.
C’est parce que j’ai senti tout cela, et ai obtenu le même niveau de subvention que VEOLIA mais sans avoir de salariés, qu’on a pu avoir cette croissance tous azimuts : atelier, parc traction, parc marchandise puis parc voyageur.
Maintenant vient l’aménagement des gares, et ce ne sera jamais fini puisque la SNCF, logiquement, avait très peu entretenu pendant 40 ans.
Nulle part ailleurs en France on a senti une telle opportunité, et on s’est donc battu pour « avoir » ce chemin de fer.
On est venu, c’est vrai qu’on a été rock n’roll avec les Autorités Locales, mais on a tenu nos engagements et dépassé je crois les objectifs attendus.
On a été clairs dès le début avec le CG : on ne mettra pas un centime dans ce train : le bénévolat, oui, mais pas la finance par les économies de ma famille : on ne tient pas à briser nos ménages.
Il y a eu beaucoup d’énergie dépensée, des clashs et des incompréhensions, voire de l’exaspération : ceux qui voulaient construire construisent, ceux qui à un moment ont mis la recherche d’affirmation de soi ou de reconnaissance avant la recherche des résultats sont partis.
Même ceux qui sont partis ont mouillé très fort la chemise, vraiment participé à la construction du truc, avec un niveau d’engagement dont je reste aujourd’hui stupéfait (je le dis parce que l’on ne peut pas s’en rendre compte) et peuvent être fiers de ce qu’ils ont construit.
Un exemple : le matériel était, à notre arrivée, dans un état hum hum...
On casse les chaines sur le locotrateur : ne pouvant rester dormir à Lille, le responsable technique part de chez lui à 2 heures du matin et déboule à 700 km de là en début de matinée pour attaquer direct le sujet : et une chaine qui casse, cela fait un beau noeud...
Et pendant ce temps, un autre loc arrive par la route en convoi exceptionnel car avant même le début de la saison on avait anticipé et signé un espèce de contrat de garantie de traction avec un partenaire.
C'est sûr qu'on était des enragés.
Bon, on doit l'être encore un peu...
Comme d’autres, j’ai pris ma dose de baffes (c’est la vie : sinon un autre aurait pu le faire), mais ce qui compte, c’est le résultat, sa pérennisation et l’avancée continue : après, on sera tous dans le trou un jour, et à ce moment-là, ce sera ce que vous aurez laissé qui comptera.
La plupart de l’équipe de direction que j’avais réunis au départ est partie : c’est normal : il fallait un commando de choc pour lancer la chose, aujourd’hui il s’agit de gérer : on ne peut pas dire que c’est plus cool, non : c’est différent, il faut d’autres qualités, donc d’autres hommes.
Qui mouillent tout autant la chemise, d’ailleurs.
Je ne suis même plus administrateur, et je travaille tout autant qu’avant pour T&T, et continue à recruter en permanence : les Mouettes, c’est vraiment un truc de fou unique en France, tant par le rythme des nouveaux projets que par les objectifs atteints.
Les nouveaux ne savent pas tout à fait dans quelle case me mettre, l’histoire est vite oubliée.
Par exemple T&T n’avait pas 12 mois d’existence, je crois quand la SNCF nous a confié un 63500 : avec aucun cheminot dans le Conseil à l’époque, il fallait l’obtenir !
T&T a été aussi la première association « mécénée » par ALSTOM.
Peu ont réalisé le travail de fou qu’a été la reconstruction de la SCHNEIDER en à peine un an, et la fatigue énorme et normale que cela a entrainé chez ceux qui l’ont fait (donc pas moi).
Chez T&T, il y a eu beaucoup d’implication, il y en a toujours, et cela se voit.
C’est pour cela qu’il faut nous rejoindre : si vous êtes dans un autre réseau, vous le ne quitterez pas car T&T est loin de chez vous : vous irez exploiter une semaine en été, famille logée et note de frais, plus le stage de Formation et Sécurité à Pâques, défrayé aussi, l’occasion de rencontrer tous les copains de toute la France.
Le reste de l’année, vous continuerez probablement à aller sur votre réseau proche de chez vous.
Et vous serez meilleur car vous aurez une autre expérience.
Quand, à la création, ayant besoin de créer une équipe immédiatement opérationnelle j’ai contacté des présidents de réseaux pour qu’ils me recommandent certains de leurs membres, je suis souvent tombé sur des frileux : j’en admire d’autant plus Jacques DANNHAUSER, par exemple, du CF d’Anse, d’avoir instantanément joué le jeu alors qu’il avait une petite équipe : c’est souvent dans l’épreuve qu’on découvre la qualité et l'intelligence des gens.
D’ailleurs c’est une des richesses de T&T : la variété des origines des membres, qu’ils soient donc de la voie de 38, du métrique ou carrément d’une machine « Grandes Roues » circulant sur le RFN.
D’où des échanges grâce à des expériences variées.
Très peu de gens de la voie de 60 chez nous, d’ailleurs : pourquoi ?
Pensées philosophiques décousues, ce soir : ai passé la journée à trier chez mon défunt père. Sorry.
Vive le Chemin de Fer