Texte de l’intervention de Luc Fournier, chargé de mission pour le patrimoine technique au
Ministère de la Culture, sur l’actualité du patrimoine ferroviaire protégé au titre des monuments
historiques.
Congrès UNECTO 2021-Abbeville.
A ce jour, ce sont 553 spécimens recouvrant tous les types de matériels ferroviaires et trois écartements (standard, métrique et sub-métrique) qui se trouvent protégés au titre des monuments historiques.
Est-ce à dire que tout ce qui possédait un intérêt historique et technique a été protégé ? Non, mais l’essentiel est accompli et si des trouvailles sont encore possibles, que ce soit sur le territoire français ou à l’étranger, l’enrichissement de ce « corpus » ne se fera désormais plus qu’à la marge.
En revanche, il convient de noter une disposition intéressante dans la loi « Liberté de création, architecture et patrimoine » (LCAP) n° 2016-925 du 7 juillet 2016 dont les dispositions sont désormais intégrées dans le code du patrimoine : le nouvel article L 622-1-1 de ce code prévoit la possibilité du classement au titre des monuments historiques d’un ensemble d’objets dont la conservation dans son intégrité et sa cohérence présente un intérêt public au point de vue de l’histoire, de l’art, de la science ou de la technique. Ce type de classement est sanctionné par décision ministérielle après passage du dossier devant la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture. Suite à une mesure de classement de ce type, l’ensemble ne peut être aliéné par lot ou par pièce sans autorisation préalable de l’autorité administrative autrice de l’acte de classement.
Dans le domaine du patrimoine ferroviaire, cette disposition juridique peut être appliquée, par exemple, pour le classement de rames homogènes du point de vue de l’histoire et de la technique que ce soit des wagons ou des voitures à voyageurs. Le premier exemple de mise en application de cet « ensemble patrimonial » dans le domaine du patrimoine ferroviaire est la rame modernisée ex-PLM appartenant à l’association « Train Thur Doller Alsace » (TTDA) qui est classée en tant qu’ensemble depuis le 7 juillet 2020. Mais d’autres rames historiques ou d’autres types de collections seraient susceptibles de bénéficier de cette mesure.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’ambiance que cherchent à restituer les trains touristiques et historiques ne découle pas du seul matériel roulant : les lignes empruntées constituent un environnement ferroviaire dont certains éléments immobiliers sont déterminants : bâtiments à voyageurs, halles à marchandises avec leur gabarit à wagons mais aussi postes d’aiguillage ou grues hydrauliques. Il ne s’agit pas, bien entendu, de protéger l’ensemble des bâtiments ferroviaires desservis par les trains touristiques et historiques mais « d’échantillonner » des éléments caractéristiques qui ont, à ce jour et pour la plupart, disparu des liaisons exploitées sur le réseau national. Certains de ces immeubles appartiennent à des catégories en voie de disparition comme les rotondes à locomotives ou les postes d’aiguillage. Dans la première catégorie, le dernier spécimen protégé est la rotonde PLM d’Autun (71), inscrite au titre des monuments historiques le 29 mai 2020. Dans la seconde, on peut citer le poste n° 2 de Chagny (71), typique du PLM des années 1930. Il a été inscrit au titre des monuments historiques le même jour que la rotonde d’Autun et acheté par la ville qui souhaitait le pérenniser en tant que témoignage du passé cheminot de la ville et signal dans le paysage citadin.
NDLR : la deuxième application ferroviaire de la disposition "ensemble patrimonial" a été la rame US 1918 de Trains et Traction
1825049