un métier: cheminot

Les photographies, les récits, tout ce qui concerne le chemin de fer ancien.

Re: un métier: cheminot

Messagepar Undertaker
19 Aoû 2014, 19:39

JFK a écrit:En ce qui concerne les 17000 IDF, il y a encore deux versions: bande rouge à la base de la caisse mais aussi bande grise.
En connais-tu la raison?

La raison je ne la connais pas car elle réside probablement dans les circonvolutions des cerveaux des peintres d'Épernay. Bien qu'ils aient peint la 1ère machine, la 17059 en l'occurrence, toutes les autres sont sorties avec la bande de châssis gris. Alors que celles sorties d'Hellemmes ou de Quatre-Mares avaient le bas de châssis rouge, conformément au dessin...



2B.
Undertaker
Bavard
 

Re: un métier: cheminot

Messagepar JFK
19 Aoû 2014, 20:01

Ok, merci pour ta réponse. :yin
JFK
 
Messages: 139
Enregistré le: 31 Jan 2013, 19:30

Re: un métier: cheminot

Messagepar Pierre bis
20 Aoû 2014, 00:14

Undertaker a écrit:
Au fil du temps, j’ai entendu de-ci de-là, les commentaires les plus variés au sujet de ces locomotives



je fais partie de ceux qui "s'intéressent au couleurs des locomotives" et même en général aux formes et couleurs de tout. J'ai plutôt bien aimé cette livrée "multiservice", surtout après la période "béton" épouvantable à mes yeux. Mais quand j'écris "plutôt bien" tu te doutes qu'il y a un mais. En fait il y en a même plusieurs:

le principal problème à mes yeux c'est que je crois n'avoir vu que très peu de trains homogènes dans cette livrée. J'ai l'impression que les remises en peinture ont été tellement échelonnées que les livrées suivantes sont apparues avant que celle-là ne soit généralisée. Du coup je garde de cette période de la fin des années 90 début 2000 le souvenir d'une très grande hétérogénéité des trains hors TGV avec au final l'impression que les trains étaient composés avec tout ce qui trainait dans les dépôts.

Globalement, et comme je te l'écrivais dans un MP, je garde de toute façon une nostalgie des livrées les plus sobres. Je remarque d'ailleurs que les allemands y sont revenus avec la généralisation du rouge uniforme hors ICE. J'ai d'ailleurs préféré le Capitole rouge à celui des 6500 et GC.

Par contre la "détestation", je la réserve à tout ce qui ressemble à des tags ou à des panneaux publicitaires: TEOZ, En voyage et la plupart des pelliculages. A l'inverse j'ai beaucoup aimé le TGV-A 'nous en avons déjà parlé) mais aussi le Thalys (Eurostar, par contre c'est bof...). Et j'ai aussi aimé une rame à grande vitesse italienne avec une livrée à base de vert.
Une brute qui tourne en rond ne va pas plus loin que deux intellectuels assis (Michel Audiard revisité)
Avatar de l’utilisateur
Pierre bis
Bavard
 
Messages: 2448
Enregistré le: 05 Oct 2010, 15:23

Re: un métier: cheminot

Messagepar 242TE66
20 Aoû 2014, 02:23

Undertaker a écrit:
Une CC repeinte aux couleurs des British Railways. Je ne connais pas suffisamment cette machine baptisée ELECTRA, mais j’ai l’impression que c’est une machine NS de la série 1500 repeinte en livrée BR, en signe de clin d’œil envers ses origines.
(voir la 7ème photo du message du 24 juillet)
C'est avec un peu de retard que je lis avec le plus grand intérêt les pages les plus récentes, car privé d'accès quotidien à l'internet ces dernières semaines. Merci beaucoup Undertaker de partager tous ces souvenirs passionnants. :applause: :applause: :applause:

Les locomotives série 1500 des NS étaient d'anciennes class 77 ou class EM2 des BR, une petite série de sept machines construites en 1953/1954 pour assurer la traction de trains de voyageurs entre Manchester et Sheffield par la ligne de Woodhead, maintenant fermée. Devenues sans emploi et réformées en 1968, elles furent revendues l'année suivante aux NS, qui les utilisèrent jusqu'au milieu des années 80.

http://en.wikipedia.org/wiki/British_Rail_Class_77

Deux locos sont préservées en Angleterre, dont la 27000 'Electra', remise aux couleurs d'origine, et une aux Pays-Bas.

242TE66 :coucou:
Festina lente!
Avatar de l’utilisateur
242TE66
 
Messages: 574
Enregistré le: 01 Mai 2012, 16:47
Localisation: Auvergne & IdF

Re: un métier: cheminot

Messagepar sncb_nmbs
20 Aoû 2014, 14:11

Undertaker a écrit:
JFK a écrit:(...)

La raison je ne la connais pas car elle réside probablement dans les circonvolutions des cerveaux des peintres d'Épernay. Bien qu'ils aient peint la 1ère machine, la 17059 en l'occurrence, toutes les autres sont sorties avec la bande de châssis gris. Alors que celles sorties d'Hellemmes ou de Quatre-Mares avaient le bas de châssis rouge, conformément au dessin...
(...)
2B.


Cher 2b, je n'ose imaginer le regard ébahi :rhaaa: du délégué SHE en 2014 devant un tel atelier de peinture avec tous les pots se trouvant sur la table par exemple. :siffle:



Là, je pose la question : "Comment faisais-tu pour sortir de ton BE afin de gambader lestement dans les ateliers" :?:

Moi, à la SNCB, la seule fois au j'ai demandé à mon ingénieur l'autorisation d'aller dans un Atelier Central afin d'apprendre la technique de la sérigraphie. Il m'a répondu : "Oui, mais vous prendrez un 1/2 jours de congé pour y aller" :coucou:
"Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir"
Avatar de l’utilisateur
sncb_nmbs
Bavard
 
Messages: 8476
Enregistré le: 25 Déc 2013, 11:29
Localisation: Carolo expatrié en hexagonage

Re: un métier: cheminot

Messagepar Undertaker
22 Aoû 2014, 09:16

Bonjour,

Dans la deuxième moitié des années 90, la SNCF entame une mutation : sans entrer dans les détails, en gros elle ne doit plus être une entreprise technicienne, mais une entreprise commerciale. François Lacôte et sa Direction du Matériel sont dans le collimateur. Comme il tient tête, il obtiendra une mutation : Directeur des Affaires Internationales (DAI) qui pour l’occasion devient la DDI (Direction du Développement International). En clair, il quitte une Direction d’environ 23000 agents (Direction Centrales, Régionales et Établissements de maintenance) pour en prendre une de 32 agents, dont 7 ou 8 font partie du Bureau de Normalisation ! Mais, il a obtenu une mission d’importance, créer SNCF International, filiale qui doit permettre de faire du business. La veille de son départ, il m’a demandé si je voulais bien l’accompagner. Comme je ne savais pas dire non, surtout à lui, j’ai accepté. En moins de huit jours, j’ai quitté le pôle communication de MT pour un poste équivalent à la DDI, sauf que j’étais le Chef de la com., forcément, j’étais seul dans le service…..

En fait, il y avait tout et rien à faire à la fois ! Il est évident que j’avais remis le service de la Com. à ma sauce, celle dont j’avais pratiqué la recette au Matériel. Cette Direction, forcément tournée vers l’extérieur, nécessitait un certain budget pour les objets promotionnels : je m’étais attaché à « renouveler la garde-robe ». Je travaillais avec un fournisseur (société dirigée une charmante femme prénommée Laure) qui outre le fait qu’elle était devenue une copine, fournissait également toutes les sérigraphies pour les parrainages et autres pavoisements des TGV. En remerciement de notre collaboration, elle m’invitait dans un resto du Faubourg-Saint-Antoine où nous rencontrions parfois Roger Tallon, cigare au bec, qui venait se joindre à nous pour un verre ; ceci dit, à l’époque, j’étais également fumeur : Dunhill paquet rouge et Gitanes sans filtre. En tant qu’ancien du Matériel, j’assurais aussi l’organisation de visites d’établissements SNCF pour le compte d’Alsthom et des délégations étrangères qu’elle recevait : j’avais notamment organisé le voyage d’une rame PBKA pour Copenhague. Cette rame a assuré la première circulation, hors trains d’essais, sur la ligne nouvelle passant sous le Grand Belt, en poussant une petite pointe à 230 km/h ! Ma voisine de bureau m’avait dit être stupéfaite que l’on puisse envoyer un TGV PBKA au Danemark rien qu’en passant quelques coups de fil. A cette époque, j’allais au plus court : j’appelais mes correspondants et mettais au point avec eux le programme. Il suffisait ensuite d’officialiser par un courrier la démarche préétablie. Mais cette méthode ne fonctionne pas avec des diodes : il faut que le courant passe dans les deux sens, si non ça ne marche qu’une fois….

Puis un jour, la RGCF (Revue Générale des Chemins de Fer) a eu 120 ans. Pour l’occasion, un numéro spécial a été édité. Tout naturellement, le rédac. Chef s’est tourné vers François Lacôte, l’ancien Dir. MT. Il fallait rédiger tout un tas d’articles sur le matériel roulant et son évolution : il m’a dit « je me charge des TGV, vous du reste » ! Vaste programme ! Alors comme je ne connais rien en électricité et à son histoire, j’ai appelé André Cossié. A cette époque, il avait pris sa retraite de la SNCF et travaillait chez Alsthom sur le site de Tarbes (voir édito de VF 188 à son sujet). Avec sa gentillesse légendaire, il m’a remis un manuscrit de 51 pages au crayon à papier qui a intégralement été retranscrit dans la RGCF. On y apprend des tas de trucs intéressants et notamment qu’il fut envisagé des gares d’extrémité alimentées en 1500 V/3Hz qui auraient permis de faire rouler une locomotive à courant continu ou une locomotive monophasée à très faible puissance !

Nous avions reçu un couple canadien en visite officielle en France. Lui était gouverneur souverainiste au Québec et elle, son épouse, le clone de Romy Scheider. S’intéressant au TGV, je les avais conduits à Lyon en voiture et bien évidemment, le retour en cabine. Le long du parcours, nous avons croisé quelques rames et en passant à vitesse réduite devant les installations de Paris-Conflans, il m’a fait cette formidable remarque : « Au Canada, quand on vous entend parler, vous dites le TGV ; alors on pense que vous n’en avez qu’un. Maintenant on pourra leur dire qu’avec tous ceux qu’on a vus, vous en avez plein » !

Mais, la mission qui m’a lu plus marqué a été le voyage à Madagascar. Sous la pression de la Banque Mondiale et du FMI, le gouvernement malgache s’était engagé dans une politique de libéralisation économique et donc à privatiser des entreprises publiques, dont la RNCFM (régie nationale des chemins de fer malgaches). Dans ce contexte, SNCF I s’est portée candidate à la reprise de la compagnie ferroviaire. Nous sommes donc partis à Madagascar pour une mission d’évaluation. Mon collègue, Jean-Claude Herbault, responsable du secteur Afrique à la DDI avait pris tous les contacts préalables sur place : Ambassade de France, Caisse française de Développement, Entreprises clientes de la RNCFM (dont des filiales du groupe Bolloré) et bien sur tous les dirigeants de la compagnie ferroviaire. Ma mission consistait, outre d’assister à tous ces entretiens, à analyser le parc du matériel roulant (moteur et remorqué) et les infrastructures. Lors de notre inspection, le parc était de :
- 20 locomotives Diesel, dont six officiellement en état de marche, 4 dans la réalité.
- 4 autorails, dont un seul en service.
- une Micheline affectée aux voyages des touristes étrangers.
- une dizaine de remorques d’autorail dont à peine la moitié en service.
- 567 wagons, dont seulement 237 en service.
- 4 locotracteurs.
- 5 ou 6 draisines d’inspection des voies.
Inutile de dire que tout ça était dans un état lamentable, la quasi-totalité du matériel roulant étant d’origine française. Il faut se rendre à l’évidence, Madagascar est un pays pauvre, très pauvre.

A Antananarivo, nous logions à l’hôtel Colbert : de toute façon, c’est ou le Colbert, ou l’Hilton avec des piaules à 670 FF la nuit, soit un salaire moyen annuel d’un malgache. En dehors des cheminots, on rencontre tout un tas d’expatriés et autres baroudeurs qui sont restés là pour le climat, mais aussi pour s’enrichir sur le dos des pauvres : mais bon, y pas que là. Puis un jour, en revenant d’un voyage à Tamatave, je suis allé à l’aéroport accueillir François Lacôte qui avait rejoint la mission. Une fois installé au Colbert, nous sommes allés diner au resto de l’hôtel (après plusieurs tentatives en dehors, si on veut rester en vie, c’est là qu’il faut manger !). Lorsque le maitre d’hôtel s’est pointé, j’ai commandé une soupe de potirons et de la Badoit. FL en a été presque déstabilisé !
- FL : que vous arrive-t-il ?
- 2B : j’ai attrapé la turista, je crois que le vin malgache ne me convient pas !
- FL : à la place de la soupe, vous ne seriez pas plutôt tenté par une langouste ?
- 2B : pourquoi pas ?
- FL (carte en main) : avez-vous quelque chose contre le Château Margaux ?
- 2B : ben, non.
Je vous assure que langouste + Château Margaux est un bon remède contre la turista.









2B.
Undertaker
Bavard
 

Re: un métier: cheminot

Messagepar Undertaker
22 Aoû 2014, 09:21

sncb_nmbs a écrit:Là, je pose la question : "Comment faisais-tu pour sortir de ton BE afin de gambader lestement dans les ateliers" :?:

Salut,

J'avais des collègues qui ne bougeaient pas leur cul du bureau, se contentant du courrier de service pour faire parvenir les dessins de leurs études aux secteurs concernés.

Par contre, c'était plutôt bien vu de descendre sur le terrain. Compte tenu de cela, j'en profitais un max pour aller voir des trains - et du chemin de fer - de près...

2B.
Undertaker
Bavard
 

Re: un métier: cheminot

Messagepar Undertaker
22 Aoû 2014, 10:22










2B.
Undertaker
Bavard
 

Re: un métier: cheminot

Messagepar Undertaker
22 Aoû 2014, 17:29









2B.
Undertaker
Bavard
 

Re: un métier: cheminot

Messagepar Undertaker
23 Aoû 2014, 07:55

Bonjour,









Nous avions rencontré le DG de la SCAC transit pour Madagascar à Tamatave. Il nous avait écouté au sujet de notre projet et avait fini par nous dire : « hé bien, je suis prêt à investir dans le transport ferroviaire de fret conteneurisé, à payer la réhabilitation d’une locomotive et de wagons pour ma société, à une seule condition : je ne suis pas particulièrement pressé, mais que le train ne s’arrête jamais entre Tamatave et Tananarive ; je serai certain que ma marchandise ne disparaitra pas en route » !

Lors de mon évaluation des ateliers de maintenance, j’ai appris que tout ou presque est produit en interne. Il y avait une fonderie qui produisait toutes les pièces moulées nécessaires au chemin de fer, sabots de frein en particulier. Il y avait également une grosse activité soudure électrique : tout est rechargé à la soudure, puis usiné au tour ou à la fraiseuse sur des pièces telles que les vilebrequins, les culasses, les roues dentées et même les bandages de roues ! En ce qui concerne les pièces de rechange des moteurs Diesel, les pièces d’origine étant trop chères, les soufflets, durits etc. sont confectionnés avec le cuir des zébus. Ne parlons pas du petit outillage ou des moyens de levage qui sont bien évidemment en nombre insuffisant.

Comme nous n’avions pas beaucoup de sous non plus, nous avions imaginé entrer dans le capital de la RNCFM sous la forme d’un apport équivalent en matériel roulant et en dotation d’équipements nécessaires aux réparations faites sur place, mais aussi de rapatrier certains ensembles en France pour les régénérer dans des établissements SNCF. Par exemple, nous aurions pu traiter les moteurs Diesel, les bogies et les groupes tournants en France, les opérations sur caisse se faisant aux ateliers de Tananarive. Il était également apparu que nous aurions pu transférer des RIB ramenées à l’écartement métrique pour remplacer les remorques d’autorail usées à la corde. J’avais été reçu par le Directeur des ateliers de Nevers auquel le projet semblait tout-à-fait raisonnable. Nous avions transmis un rapport de la mission à la DG de la SNCF et également aux divers organismes impliqués la coopération internationale. J’ai conservé précieusement un exemplaire de ce rapport. Je n’ai plus jamais entendu parler de Madagascar. Les Sud-Africains étaient également des repreneurs potentiels : ils s’intéressaient surtout au chemin de fer du Sud-Est, là où il y avait du transport de minerai, notamment du chrome.

Puis un matin du mois de mai 1998, François Lacôte est entré dans mon bureau, sachant que j’y étais seul. Il m’a dit : « je quitte la DDI, je pars Directeur de la Recherche. Tout est arrangé pour vous à la DDI, je m’en suis entretenu avec mon remplaçant (autrement dit : touche pas mon pote). Mais si vous souhaitez venir à la Recherche, ce n’est pas un problème ». Peut-être ais-je pris une poignée de secondes, mais je lui ai répondu : non, je n’ai pas grand chose à faire à la Recherche, je suis quelqu’un du Matériel, et si c’est possible, c’est là que j’aimerais retourner ». Et c’est là que je suis retourné, à mon cher 15 rue Traversière.


2B.
Undertaker
Bavard
 

PrécédenteSuivante

Retourner vers Histoire ferroviaire

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 0 invités