Bonjour,
Lorsque j’étais à la Com. du Matériel, je recevais la visite des frères Lévêque, Patrick et Philippe. J’ai occasionnellement revu Patrick qui exerçait, entre autre, en tant que photographe indépendant pour la médiathèque SNCF. Par contre, je garde un bon souvenir de Philippe qui était un dessinateur et un modéliste très talentueux. Il fut l’un des précurseurs de ce modélisme d’atmosphère où certains bâtiments délabrés ressemblaient tellement à des vrais. Philippe a rencontré d’autres personnes à la Direction M et lui est venue l’idée de ce petit document dont j’ai précieusement conservé l’exemplaire qu’il m’avait remis : les bannis du Goupillou ! Cette histoire un peu déjantée met en scène des personnages existant ou ayant existé dont la ressemblance n’est absolument pas fortuite. J’ai scanné les dessins et retapé, à la lettre, les textes pour une meilleure mise en page.
LES BANNIS DU GOUPILLOU
Synopsis
Base de l’histoire :
Un jour, la SNCF décide de battre le record du monde de vitesse. Un événement classique dans la tradition ferroviaire.
Seulement ce coup-ci, le train s’est planté oh, pas gravement. Seul un transfo avait cramé. Un détail idiot : de nombreux ministres et hommes d’affaires étaient venus dans l’espoir de subir une éblouissante démonstration technique. Ils sont tous rentrés à pied, ce n’était pas très classe.
Le lendemain, ça a chié très fort dans les bureaux de cette SNCF meurtrie dans son amour propre. Il y a eu de la mutation.
Cet événement en partie véridique m’a amené à réfléchir sur l’endroit où pouvaient bien être mutés ces pauvres mutés, parfois injustement mutés.
On pouvait s’attendre à les retrouver en province, disséminés dans des lieux inintéressants, disons sans grande activité (petits bureaux régionaux, petites gares, etc.).
En fait, la grande méchante SNCF dispose d’un lieu spécial fermé à tout regard. Une sorte de camp retranché dans lequel les mutés purgent leur peine, seuls et abandonnés de toute destinée un peu digne d’intérêt : LE GOUPILLOU.
On ne peut pas imaginer d’endroit plus chiant. Chaque pierre, chaque arbre ou brin d’herbe suinte l’ennui. Une ambiance du genre : je regarde par la fenêtre la pluie qui tombe depuis des jours, en écoutant un blouze triste, une tasse de thé à la main.
Mais au Goupillou, tous ne s’abandonnent pas à cette léthargie, quelques irréductibles assoiffés de vengeance résistent à cette pression molle.
Sous couvert d’une réalisation complètement bidon, ils façonnent avec passion l’outil de la rédemption : un super-engin que nul ne pourra jamais contrer. C’est la base de notre histoire : les super-aventures de ce super-engin qui va tout super-faire pour super-emmerder cette affreuse SNCF qui a fait tant bobo aux petits cœurs de ces super-mutés.
Youpi !
Description des personnages :
(Voir la numérotation sur les dessins).
1. Le boss en chef :
Joseph Accarie (nom à trouver) est un ancien ingénieur principal. Un peu acariâtre, il a souvent besoin d’un souffre-douleur (voir 3).
D’un physique peu avantageux, ce personnage frôle le génie dès qu’il aborde les domaines de la cybernétique et de la micro-électronique. On lui doit normalement la conception et la réalisation du cerveau de Supermarcelman (SMM) dont il coordonne toutes les actions.
2. le concepteur-projeteur-mécanicien en chef :
Bernard Bayle (nom ou pseudo à trouver). De même que le boss, ce type est un véritable cador. C’est un scandale de le voir muté au Goupillou alors que la SNCF a tant besoin de ses compétences.
C’est un virtuose de la planche à dessin et aucun système mécanique n’a de secret pour lui. Il a entièrement conçu la charpente et la partie roulement de SMM. Il est capable de le démonter en une heure et demie. Toujours affable, c’est un empereur du jeu de mots vaseux. Son problème chronique est de se mettre à ronfler brusquement sans prévenir, c’est impressionnant à voir quand ça lui arrive en pleine conversation.
C’est lui qui a mis au point le fameux métal liquide dont ces abrutis d’américains se sont emparés pour construire le petit terminator à la con.
SMM en est entièrement constitué. Nous verrons plus loin quels en sont les avantages.
3. Le chef de labo en chef.
Daniel Suire (nom ou pseudo à trouver) est le prince du fer à souder et de l’oscilloscope et voue une passion sans limite au « game-boy ». Il se charge de la maintenance se SMM.
Discret et effacé, c’est le souffre-douleur préféré du boss en chef.
4. Le pilote de SMM.
Chimel Rimoux. Compte tenu du caractère pour le moins difficile de SMM les bannis ont du se payer les services d’un mercenaire.
Epicurien en diable c’est un homme de sang-froid aux antipodes d’une forme de morale quelconque (c’est normal c’est un mercenaire), qui transpire beaucoup mais ne sent pas des pieds.
D’une corpulence peu commune, sa poire blette en forme de tête comporte de menus accessoires comme son éternel cigare puant, ses lunettes car il est myope, etc.… Il est totalement irascible et c’est le seul dont SMM supporte réellement la présence. La bouffe étant une de ses principales raisons de vivre, il ne part jamais en mission à jeun et emporte toujours avec lui un petit en-cas de quelques mètres cubes dont beaucoup de boites de sucre en morceaux (personne ne sait pourquoi du sucre) et quelques décalitres de pinard, au cas où…
5. SUPERMARCELMAN (SMM pour les intimes).
Voilà notre super-engin.
Par où commencer ? Il comporte tellement de perfectionnements que je ne sais par quel bout commencer sa description !
Allez, tant pis je me lance :
SMM est un super-engin doté d’un cerveau électronique capable de réfléchir et de parler comme toi et moi. Son seul inconvénient (s’il en est) est de comporter les mêmes traits de caractères que son ingénieur, ce qui en fait un super-emmerdeur. Ce système est d’ailleurs tellement perfectionné que SMM arrive à faire du cholestérol. Ceci impose de ne lui donner que des huiles « light ». Il est capable de se transformer en tout, même en Margaret Tatcher (c’est un des avantages du métal liquide). Son apparence normale est celle d’une locomotive Diesel banale. Elle ne peut trahir sa vraie apparence que par le seul fait qu’elle digère mal et qu’il lui arrive de péter au moment où on s’y attend le moins, et là, l’enfer n’est qu’une aimable plaisanterie.
Cet engin est pratiquement indestructible, je dis bien pratiquement car il existe quand même une faille : il adore le sucre et là on peut en faire ce qu’on veut. Chimel Rimoux est le seul à le savoir, c’est pour ça qu’ils sont très copains. Il aime beaucoup le Cahors 1984 : Rimoux aussi…
Cette aventure mérite une petite explication :
- Joseph Accarie, de son véritable prénom Albert, était un chef de bureau d’études au département des essais.
- Chimel Rimoux, Michel Miroux en verlan, travaillait à la Maison de la Radio. C’était un très bon modéliste ferroviaire.
- Daniel Suire travaillait aux sections d’essais et a fini sa carrière comme chef de bord de la voiture Mélusine.
- quant à moi, inutile d’en ajouter, voir les posts précédents.
La manière dont Philippe (principal auteur de la nouvelle) nous a caricaturés est évidemment un peu libre, mais au fond sur certains aspects, pas si éloignée de la vérité que cela. J’aime particulièrement la manière dont il m’a croqué à la planche à dessin.
Hélas, je n’ai jamais revu Philippe ; j’ai appris qu’il fut rédacteur au « Chasseur Français » !
2B.