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3-2-8) 1944 : BR42 – « Kriegslok » Connue comme seconde locomotive de guerre (KDL2), la BR42 lui est historiquement antérieure. On trouve en effet trace de la mise en construction éventuelle de cette locomotive dès 1941. Conçue comme machine développant 18t par essieu, elle était présentée comme une sorte de BR44 dotée du châssis d’une BR50. Elle était destinée à circuler sur les voies des BBÖ, chemins de fer de l’Autriche annexée au Reich.
Les lignes autrichiennes ainsi que quelques lignes du territoire occupé de l’URSS étaient aptes à supporter une charge de 18t par essieu. De ce fait, n’y faire rouler que des machines limitées à 15t par essieux eut été assez peu rentable. A l’opposé, une première tentative prudente d’y faire rouler des machines de série 44 s’était soldée par des dommages à l’armature des voies.
Pressentis pour apporter une réponse à la demande d’une machine compatible, les constructeurs de locomotives allaient proposer pas moins de 20 projets jusqu’à la fin de l’année 1942. Parmi eux :
- Krupp proposait une machine construite sur la base d’un modèle livré à l’Iran en 1939 ;
- Borsig proposait une machine reprenant dans les grandes lignes les caractéristiques de la BR52 ;
- WLF proposait une machine dotée d’une chaudière à tubes d’eau système Brotan ;
- Henschel proposait une machine avec tender à condensation ;
Onze autres propositions présentant beaucoup moins de différences entre elles étaient réparties en deux groupes de machines :
- des machines sur cadre en tôle et dotées d’une chaudière Brotan ;
- des machines sur cadre en barre et dotées d’une chaudière postérieure boulonnée.
Le 5 août 1942, le comité directeur des constructions prenait la décision de faire construire la machine à 8000 unités, nombre réduit à 5000 le mois suivant, et recommandait de privilégier l’option technique de la chaudière Brotan, plus simple à construire.
M. Witte fit cependant remarquer que l’on prenait un risque en choisissant d’envoyer au front des machines équipées de chaudière Brotan, pour lesquelles on disposait de peu d’expérience en exploitation.
Tenant compte de cette remarque, le comité directeur revoyait sa copie et présentait le 16 avril 1943 le cahier des charges final qui se répartissait comme suit :
2500 locomotives avec chaudières postérieures boulonnées sur cadres en barre ;
1150 locomotives avec chaudières Brotan sur cadres en tôle ;
650 locomotives avec chaudière Brotan et tender à condensation Henschel à 5 essieux (3’2’T16 Kon, comme sur la BR52).
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Henschel avait reçu commande en premier pour la construction de deux locomotives d’essai équipées de chaudières Brotan, les châssis étant des constructions Henschel propres et les chaudières provenant de chez WLF.
Première à être terminée, La 42 0001 était livrée à la fin juillet 1943, comme 28000ème locomotive Henschel. Sa chaudière WLF portait quant à elle le numéro de fabrication 10881/I. Elle allait être suivie rapidement de la 42 0002 (Henschel 28001, WLF 10881/II)
Les machines furent réceptionnées par la DRG le 5 août 1943 pour la 42 0001 et le 10 novembre 1943 pour la 42 0002. Les deux unités furent affectées au dépôt de Bamberg.
Ces deux machines seront finalement les seules locomotives de série 42 équipées de chaudières Brotan et les deux seules fabriquées par Henschel.
La mise en production industrielle avait été fixée à janvier 1944 et répartie entre les constructeurs Borsig, Esslingen, Krauss-Maffei, Schwartzkopff, Schichau et WLF. Borsig et Krauss-Maffei ne livreront cependant aucune locomotive de série 42.
Les numéros de série allant jusqu’à 42 0500 avaient été réservés aux machines équipées de chaudières Brotan. Comme aucune d’entre elles ne fut construite, Schwartzkopff allait livrer en janvier 1944 la première machine à chaudière postérieure boulonnées sous le numéro 42 0501 (numéro d’usine 12818), machine dotée d’un ciel de boîte à feu voûté.
Enfin, au cours de ses 25 et 26ème sessions tenues les 18 et 19 janvier 1944 à Wildau, le comité directeur de la construction prenait la décision de ne plus construire que des locomotives de série 42 à chaudière postérieure boulonnée.
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Les différents constructeurs impliqués livreront en tout 844 locomotives de série 42 entre 1944 et 1945. 14 machines supplémentaires seront encore construites par les firmes de l’ouest pour la DB entre 1945 et 1947, ainsi qu’une pour les chemins de fer de la Sarre, alors sous administration française.
A l’est, le Raw Stendal assemblera trois machines entre 1948 et 1949 à partir des pièces détachées restantes, qui iront rejoindre sous les numéros 42 001 à 42 003 (seconde attribution de ces numéros) le parc de la DR.
La DB avait de son côté déjà renuméroté les 42 0001 et 42 0002 en 42 001 et 42 002 en 1948 et comme 42 003 la machine achevée par Esslingen en 1947, initialement prévue comme 42 1607. Il y avait donc des locomotives identiques portant les mêmes numéros de part et d’autre du rideau de fer.
Ce sont donc en tout 865 locomotives de série 42 qui seront livrées à la DRG et aux deux administrations allemandes d’après guerre. Leur production s’était finalement répartie comme suit :
Schwartkopff : 307 ;
WLF : 266 ;
Schichau : 200 ;
Esslingen : 87 ;
Raw Stendal : 3 ;
Henschel: 2;
Floridsdorf à Vienne construisit entre 1945 et 1949, 72 machines supplémentaires de ce type.
Chrzanow fit de même pour 126 machines livrées comme Ty43 aux PKP.
L’on peut donc au total comptabiliser 1063 locomotives de la série « DRG 42 » comme ayant été construites.
Après la guerre, la DB en comptait 701 ; la DR 49.
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Du point de vue des performances, la BR42 était prévue pour tracter 1600t à 60 km/h sur le plat, 1200t à 60 km/h en rampe de 5‰ et 1195t à 40 km/h en rampe de 10‰ ; ceci avec les deux types de chaudières. Les essais révélèrent une puissance encore légèrement supérieure (1650t à 60 km/h sur le plat).
Malgré cela, l’exploitation des BR42 resta en deçà de leurs capacités. L’adhérence attendue de 18t par essieu ne fut atteinte que sur les machines à chaudière Brotan, c’est-à-dire deux d’entre elles. Les autres machines n’atteignaient que 17,6t sur l’essieu moteur. Il fallait donc compenser le défaut d’adhérence par une plus grande admission de vapeur, qui entrainait une consommation de charbon plus élevée que prévue.
Le comité de construction envisagea un temps d’installer des ballasts afin d’alourdir la charge. L’on envisagea également d’augmenter les performances globales de la machine en la dotant d’un mélangeur-préchauffeur, voire d’une plus grande chaudière.
A l’été 1944, la locomotive de construction Schwartzkopff 42 591 est équipée d’un mélangeur-préchauffeur Knorr, et la locomotive WLF 42 2637 reçoit son équivalent de construction Heinl. Précédemment, le mélangeur-préchauffeur Knorr avait déjà équipé à titre expérimental quelques machines des séries 50 et 57
10-40.
L’adjonction du mélangeur-préchauffeur sur les BR42 permit une réduction d’environ 10% de la consommation de charbon. Ces résultats étant excellent, il ne fut plus question de remplacer les chaudières, et, à partir de mi-1945, l’ensemble des BR42 fut équipé de mélangeurs-préchauffeurs.
Sur ordre de la Direction Centrale des chemins de fer de Göttingen, le parc de BR42 resté à la DB après la guerre allait encore connaître pas moins de 25 types de modifications touchant principalement les tirants, sujets à des casses récurrentes.
Les BR42 de la DB se retrouvaient affectées aux dépôts de Minden, Hamelin, Brunswick, Hildesheim et Kirchweyhe. La quasi-totalité des machines fut radiée en une fois le 28 octobre 1954.
Du côté de la DR, les machines étaient à Stralsund, Berlin-Schöneweide et Dresde-Friedrichstadt puis aux dépôts de Pasewalk et Angermünde, tous deux dépendant de la Direction de Greifswald. La BR 42 807 avait été radiée dès le 28 mai 1954. Les autres machines le furent toutes entre 1968 et 1969. Il restait encore une machine radiée (la 42 001 ?) au dépôt de Stralsund en 1975.
Il reste deux exemplaires témoins de la deuxième locomotive de guerre : la BR 42 2708 des ÖBB en Autriche et la locomotive livrée par WLF en décembre 1948 sous le numéro de fabrication 17601, qui n’a jamais porté de numéro DRG, et qui est exposée par les CFL à Bettembourg (Luxembourg).
BR42
00Catégorie : 1’Eh2 – Kriegslok avec chaudière Brotan
Distribution : G56.18
Diamètre des roues motrices : 1400 mm
Vitesse maxi : 80 km/h
Fabricant : Henschel/Wiener Lokomotivfabrik AG
Première mise en service : 1943
Tender : 2’2’T30 (« Baignoire ») avec 10t de charbon
Nombre total construit : 2
Nombre intégré à la DRG : 2
Numérotation : 42 0001 et 42 0002, renumérotées 42 001 et 42 002 en 1949
Dates de dernière réforme : 1969
BR42
Catégorie : 1’Eh2 – Kriegslok
Distribution : G56.18
Diamètre des roues motrices : 1400 mm
Vitesse maxi : 80 km/h
Fabricant : L’ensemble des fabricants de la DRG
Première mise en service : 1944
Tender : 2’2’T30 (« Baignoire ») avec 10t de charbon
Nombre total construit : 1061
Nombre intégré à la DRG : 863
Numérotation : 42 001 à 42 2810 – numérotation non continue
Dates de dernière réforme : 1969
BR 42 0001 (Henschel 28000/1943) avec chaudière Brotan (Floridsdorf 43/10881/I)
BR 42 1417 (Schichau 4438/1944) avec cadre en barres et chaudière boulonnée