2.3 Laguépie - NajacIl fait nuit noire. Notre mécanicien du dépôt de « Capde » du haut de la cabine de sa 67400 aperçoit dans le faisceau de ses puissants projecteurs le brillant chemin tracé par la voie au milieu des sombres châtaigniers et autres arbres, apercevant de temps en temps le reflet de la rivière. De place en place, une nappe de brouillard se forme participant à la magie inquiétante du décor. J’aimerai bien être à sa place plutôt que de rêvasser dans ma couchette. J’espérais bien qu’il m’inviterait à monter en me voyant tourner autour de son 67400 en gare de Tesso, mais non, cela n’a pas marché.
Mais quand l’on connait bien un parcours, alors on l’imagine !
En quittant Laguépie la voie suit à flanc de colline à 5 ou 6 mètres au dessus de l’Aveyron. En dessous d’abord une petite zone plate occupé par le camping et le local d’une collectivité puis au bout de quelques centaines de mètres, la vallée se resserre encore; il n’y a plus que la voie dominant la, toute petite, route (je vous conseille la Twingo) grâce à un imposant mur de soutènement. Après environ 1 km une chaussée avec un ancien moulin implanté en rive gauche, puis encore moins de place disponible rive droite et un coude de l’Aveyron qui oblique plein nord : la ligne franchit la route et la rivière par un pont en maçonnerie. Elle se développe ensuite rive gauche suivant le flanc de la colline à quelques dizaines de mètres de la rivière. De temps en temps elle franchit le ruisseau exutoire d’un vallon perpendiculaire à l’aide d’une arche en maçonnerie. Le profil en long s’est assagie : 3,4 ‰ jusqu’au pont et seulement 1,4 ‰ ensuite.
Le pont de Laguépie le 20 janvier 2008: l'Aveyron en crue déborde sur le chemin.
Juste de l’autre coté du pont, un petit replat pour se garer : à partir de là il n’y a plus que le GR 36. De place en place des élargissements sont occupés par des pâturages qui ont résisté à la reconquête de la forêt. Quelques maisons ont été reconverties en résidence secondaires. Quand les abords se font plus raides ce sont les buis arborescents qui s’imposent. Il y a de nombreuses zones couvertes de châtaigniers : c’est un parcours que je vous recommande à l’automne pour une récolte abondante de châtaignes de belle taille. L’on trouve aussi les traces de nombreuses et minuscules restanques : quel travail avait accompli les anciens pour s’accrocher à cette terre, aujourd’hui abandonnée. Notre voie ferrée est déjà en Aveyron, département correspondant à peu près au Rouergue, le GR situé rive droite ne quittera lui le Tarn et Garonne qu'un peu plus loin.
L’on arrive au lieu dit Sainte Cambraire où se trouve une autre chaussée et un ancien moulin, mais situé rive droite. A partir de ce point le cours de l’Aveyron est plus rapide, et le profil de la ligne se redresse : 5,6 ‰ puis 7 ‰. Cette chaussée nous l’avons vu les étés de sécheresse quasi à sec, avec les kayakistes obligés de porter leur embarcations. En ce 20 janvier 2008 ce n’est pas le cas : le passage sous le pont était inondé, la chaussée on la voit à peine sous les flots déchainés:
La chaussée de Ste. Cambraire sous les eaux.
Et nous ne sommes pas au bout de notre étonnement. En effet après ce passage le GR se rétrécit puis se rapproche de l’Aveyron en empruntant sa berge: oh surprise, le GR est dans l’eau ! cela doit pouvoir passer mais il va falloir crapahuter. Madame est contente : spotter en crapahutant, tout le monde est content.
L'aveyron très forte ce 20 janvier 2008 mord un peu sur le GR 36 au niveau du pont du bois de Couderc.
C’est donc par un passage en 2 + que nous atteignons un nouveau coude l’Aveyron que notre ligne franchit par le pont en maçonnerie du bois de Couderc (je ne sais s’il s’agit de son nom officiel mais cela permet de se repérer sur la carte IGN) avant de s’engouffrer dans le tunnel dit de
« grand Mergieux ». La zone est équipée par endroits de filets détecteurs de chute de pierres, la voie passant au droit de zone de falaise.
Mais vite en place, le Toulouse-Figeac est attendu. Après cette fait désirer plus de 30 minutes, le voici enfin assuré par un X 72500:
Le TER 871206 du 20 janvier 2008 en retard franchit l'Aveyron au niveau du bois de Couderc.
Comme il s'est fait attendre, profitons en, car de plus de ce fait nous raterons le train descendant qui était prévu pour ce faire photographier au niveau du pont suivant !
Un X 72500 au TER 871206 sur le pont du bois de Couderc
Voilà nous sommes au fond d'une profonde gorge, loin du monde avec le ciel d'un bleu limpide, la rivière envahie le GR ..... le bonheur quoi !