Balade de Tesso à Capde

[POMidi]

Merci pour vos commentaires.

A propos de calme vous aurez remarqué la différence entre les eaux de l'Aveyron à Monteils en avril 2007, et celles que l'on a trouvées dans la 1ère partie des gorges du coté de Laguépie en janvier 2008.

Suivant notre ligne Tessonières – Capdenac, nous sommes désormais sortis des gorges de l’Aveyron qui nous occupent depuis Laguépie soit 16,8 km. Profitons-en pour faire un point géographique. Je vous parle des gorges de l’Aveyron mais en fait il faudrait préciser les gorges du cours moyen de l’Aveyron, car il y a en fait 3 zones de gorges de l’Aveyron, la rivière ayant eu à se tailler un chemin à travers les reliefs calcaires:

• Celles du cours supérieur, entre le hameau du Cayla et Villefranche de Rouergue, orientée est-ouest. Elles sont étroites mais sont parcourues depuis Villefranche par une petite route départementale sur 2/3 de leur longueur.
• Celles du cours moyen que nous venons de décrire, de Monteils à Laguépie. Elles sont d’orientation nord-sud, moins abruptes mais finalement étroites et profondes livrant passage à la seule voie ferrée. Ce sont aussi les plus longues, et les plus sauvages.
• Celles du cours inférieur entre St. Antonin Noble Val et Penne, donc en Tarn et Garonne : l’Aveyron s’y fraye un chemin entre 2 causses, taillant des falaises calcaires. Ces gorges sont plus courtes et relativement larges. Par contre elles sont bordées de belles falaises calcaires utilisées par les grimpeurs. Elles livraient passage à la voie ferrée Lexos-Montauban au gabarit de la double voie qui aujourd’hui est reconvertie en une excellente route, axe vital vers Montauban pour ces villages loin de tout.

Bonne fin de soirée.

Pierre

[POMidi]

Loin de tout car loin de Montauban, d'Albi, de Villefranche et encore plus de Toulouse et de Rodez.

Avant il y avait la voie ferrée et une petite route sinueuse qui au niveau des gorges passait en hauteur.

Malgré l'expérimentation des autorails FNC après guerre la ligne qui ne bénéficiait que d'un maigre desserte a été supprimée dans le cadre de la politique qui prévalait à l'époque (et qui prévaut encore, voir la ligne des Fades et Montluçon -Eygurande). Il est clair que, malheureusement, c'est la route qui a succédée à la voie ferrée qui actuellement constitue le seul axe correct de communication, vers la préfecture Montauban, pour ces villages; les routes vers Albi, Gaillac et au delà Toulouse, Villefranche sont pourries et la voie ferrée nord-sud qui pourrait constituer le lien avec la capitale régionale Toulouse est sous-exploitée comme les lecteurs de ce fil le savent.

Bonne nuit à tous.

Pierre

[canari]

Superbe région, un guide hors pair et un photographe éclairé
et des photos en 1024px, que demander de plus.
La suite bien sûr

[POMidi]

Bonsoir,

Il est plus que temps de quitter Monteils.

2.7 Montiels - Villefranche de Rouergue

Au départ de Monteils la voie ferrée ne profite pas de la plaine de l’Aveyron, large et plate mais au sol meuble et inondable ; elle reste à flanc de collines.
Elle paye ce choix par une courbe relativement serrée au niveau du lieu dit « la Bouysse » où le coté convexe d’un coude de la rivière vient tangenter le relief. Le profil en long se caractérise par une rampe de 8 ‰ sur environ 2 km suivi d’un palier, l’un des rares de la ligne. Le tracé en plan s’améliore ensuite. La rivière revient tangenter le relief au niveau du lieu dit « Mouillac » ce qui a contraint à retenir la plateforme de la voie ferrée par un imposant mur de soutènement.

Cette photo prise près de Villefranche de Rouergue du coté Garrials montre à quoi ressemble la plaine de l'aveyron partagée entre prairies et peupliers:

La plaine de l'Aveyron du coté de Garrials dans la lumière vespérale d'une fin d'après midi d'hiver - 27 janvier 2008

Au niveau du hameau de « Bourget » la ligne s’infléchie par un courbe prononcée vers la rivière; elle change d’implantation, traverse la plaine sur la crête d’un léger relief et avec l'aide d’une pente de 3 ‰ suivit d’un palier. Au bout d'un bel alignement l'on rencontre le disque protégeant un embranchement céréalier puis la ligne franchit une nouvelle fois l’Aveyron pour passer rive gauche par un pont en maçonnerie au niveau du village de Garrials. Voici ce pont prit coté aval par une belle fin d’après midi de janvier.

Le pont de Garrials se reflète dans l'Aveyron - 27 janvier 2008

A cet endroit, par une nouvelle courbe prononcée, elle se replace, en pente de 3 ‰,dans la direction suivie par l’Aveyron. Sur la gauche en venant de Tessonières se trouvent des silos embranchés sur la ligne avec aiguille en pointe coté Tessonières. Ils sont actuellement desservis épisodiquement en régime facultatif depuis Capdenac. La ligne entre dans Villefranche de Rouergue, repasse l’Aveyron par un nouveau pont en maçonnerie de pierres jaunes. Voici une photo de celui-ci avec son bel appareillage de pierres jaunes:

Le pont sur l'Aveyron à l'entrée de Villefranche de Rouergue - 04 mai 2008

Juste avant ce pont l'on rencontre le disque annonçant et protégeant la gare de Villefranche. Dans l'autre sens, en direction de Tessonières l'on y trouve le disque protégeant l'embranchement céréalier.

En palier depuis depuis le pont, la ligne s’infléchie de nouveau en sens inverse pour rester parallèle à l’Aveyron en s’insérant entre la rivière et la route départementale D922. A l’amorce d’une nouvelle courbe elle rentre en gare de Villefranche de Rouergue, entrée marquée par un passage à niveau. Le BV située à l’autre extrémité de la gare est implanté au km 273,1 (compté depuis Coutras). Situé à niveau à l’entrée coté Tessonières le plan des voies se trouve en tranchée coté Capdenac et la D922 domine le site.

2.8 Villefranche de Rouergue

Le site de la gare de Villefranche de Rouergue tel qu’on le découvre depuis la D922 en arrivant à Villefranche par la route venant de Laguépie par les crêtes, un jour assez gris du mois de Mars.

La vue sur le site de la gare en arrivant à Villefranche de Rouergue - 7 mars 2008

L’important BV vu du même endroit un jour de janvier beaucoup plus ensoleillé. En arrière plan l’on aperçoit le clocher de l’église Notre Dame, monument phare de la ville :

L'imposant BV de Villefranche de Rouergue dans le soleil - 27 janvier 2008

A suivre.

Bonne fin de soirée.

Pierre

Edité le 23/05/2008 pour mise en place des titres et précision sur l'embranchement céréalier et la signalisation aux abords de Villefranche. Nouvelle photo sur du pont à l'entrée de Villefranche

[XTof_vl]

Et bien oui, à suivre avec plaisir!

[Rockandrail]

On admire la voie délicieusement patinée à l'avant plan.

[POMidi]

Bonsoir,

Nous voici donc arrivé à Villefranche de Rouergue ancienne capitale de la province de ... Rouergue. Seule ville importante entre Tessonières et Capdenac elle mérite que l’on s’y attarde. En sus des installations proprement dites nous étudierons 3 points :

• sa situation géographique par rapport à notre ligne
• les considérations démographiques et de dessertes
• le point de vue touristique

2.8.1 Les installations

Mais regardons du coté des installations ferroviaires :

• 2 voies principales desservies par un quai situé dans le prolongement du BV ainsi qur par un quai central desservant les 2 voies.
• une voie de service à entrée aux extrémités
• une voie en impasse embranchée sur la présente, coté Capdenac, desservant 2 halles ou entrepôts.
• 4 voies en impasse embranchées coté Tessonières desservant la halle et les débords.

Du point de vue des bâtiments l’on recense :

• l'important BV
• le château d’eau situé au bout du quai après le BV
• un petit abri parapluie installé sur le quai central
• les 2 entrepôts cotés opposé au BV
• la halle : elle fut très importante mais détruite par un incendie il y a quelques années. Il est clair que cela représente une verrue pour une ville touristique, mais cela permet à la municipalité de revendiquer le terrain pour y construire un parking, obérant définitivement la possibilité d’une desserte marchandise pour la ville.
  Les installations des voies de débord rappellent que Villefranche a été terminus des wagons porte-auto provenant d’Amsterdam par le « Najac Express ».
• un bâtiment de service situé entre le BV et la halle, un peu en retrait, qui a tout d’une ancienne remise

Voici une vue du BV pris à f = 17 mm pour en avoir l’intégralité, toujours par un franc soleil :

Le BV de Villefranche de Rouergue vu coté quai par un jour de grand soleil - 27 janvier 2008

Et voici la pauvre halle marchandises ou du moins ce qui en reste. Noter quand même ses dimensions imposantes qui en disent long sur le trafic passé.

La halle incendiée de Villefranche de Rouergue - 27 janvier 2008

Et une vue des installations marchandises avec les 2 voies le long du quai haut et de la halle, les débords, et sur la gauche la voie desservant les 2 entrepôts.

Vue de la gare de Villefranche Coté Tessonières montrant les installations marchandises - 7 mars 2008

Au niveau des installations de sécurité les équipements sont différents aux 2 extrémités de la gare :

• coté Capdenac la sortie de gare est contrôlé par le seul sémaphore lumineux du BM.
• coté Tessonières les installations sont plus complexes : les signaux sont commandés par des serrures placées sous un abri. Les 2 voies principales, la voie de service et la sortie du pinceau des voies de débord, se regroupent en 2 faisceaux de voies contrôlés chacun par un carré. La voie qui dessert les débords est elle contrôlée par un carré violet.

La photo ci-dessous montre la disposition de l’entrée de gare coté Tessonières :

Vue de l'entrée coté Tessonières de la gare de Villefranche. A l'arrière plan Villefranche sous le franc soleil de ce 27 janvier 2008

Tandis que celle-ci montre le poste en plein air :

Le poste de Villefranche coté Tessonières. Au second plan le PN - 27 janvier 2008

A suivre

Bonne fin de soirée.

Pierre

[XTof_vl]

Un poste en plain air, c'est pas par ici que nous verrions cela... Allez, peut-être dans dix ans, avec le réchauffement climatique!

[POMidi]

Bonsoir,

Par sa taille la gare de Villefranche de Rouergue mérite que l’on s’y attarde : avec Lexos, ancienne gare de bifurcation, c’est la plus importante gare intermédiaire de la ligne par ses installations, la différence étant que dans le cas de Villefranche c’est la taille de la ville desservie qui justifie ces installations.

Le BV est imposant : voici sa façade coté ville. Difficile à saisir en entier du fait du manque de recul et de ces p…… de bagnoles. Voilà ce que cela donne en se mettant de biais et en très grand angle
(f = 17 mm) :

Le BV de Villefranche de Rouergue coté ville par grand soleil - 27 janvier 2008

A la suite du BV, en bout de quai, contre les immeubles qui clôturent l’espace occupé par la gare l’on trouve un château d’eau, miraculeusement préservé bien qu’un peu taggué à la base. Et oui ! même dans la paisible et rurale Aveyron, l’on trouve ce genre de vandales qui s’attaquent systématiquement au bien public et notamment au chemin de fer !

D’abord une vue de la sortie coté Capdenac, avec vue sur l’extrémité nord du BV, le quai, le passage aménagé pour la traversée de voies et le château d’eau. L’on voit que les immeubles sont proches et l’on devine l’étroit passage dans lequel s’engage les 2 voies principales :

La sortie coté Capdenac de la gare de Villefranche avec le château d'eau au bout du quai.

Vu de l’autre coté depuis la place de la gare

Gros plan sur le château d'eau de Villefranche de Rouergue - 27 janvier 2008

L’originalité de la gare de Villefranche de Rouergue réside dans la sortie vers Capdenac. En effet celle-ci se situe dans une zone où le relief se redresse et où la route principale coupe la voie perpendiculairement pour se diriger vers le centre ville. Ce passage supérieur sur le voie ferrée est encadrée d’habitations qui enserrent la tranchée dans laquelle s’engage la voie ferrée. Le résultat en est que dès la sortie de la gare la ligne se faufile dans une sorte de « faille » haute et étroite et qui donne bien la tonalité du changement de géographie que la ligne va affronter. Voici ce que l’on voit du quai principal :

La sortie en direction de Capdenac de la gare de Villefranche de Rouergue - 27 janvier 2008

Et inversement du pont de la route, l’on voit ceci:

Le passage supérieur de la départementale donne vue sur la gare de Villefranche à travers la tranchée

A suivre.

Bonne fin de soirée.

Pierre

[POMidi]

Il est temps pour nous de faire un peu de géographie.

2.8.2 Géographie

Villefranche de Rouergue, sous-préfecture de l’Aveyron, se situe au débouché des gorges du haut cours de l’Aveyron, qui lui ont permis de se frayer un chemin au travers des plateaux du Ségala Aveyronnais. Villefranche est en fait situé sur une faille qui sépare 2 pays complètement différents : les hautes terres froides des Ségalas à l’est et des plateaux calcaires à l’ouest, moins élevées (ne dépassant pas 450 m) et s’abaissant vers l’ouest.

Obliquant brutalement vers le sud alors qu’elle suivait un tracé est-ouest depuis sa source, l’Aveyron s’engouffre dans cette faille. Villefranche est en fait blottie entre la courbe de l’Aveyron au sud, le rebord du causse au nord et l’entrée des gorges à l’est.

Pour notre ligne de Tessonières à Capdenac, Villefranche de Rouergue est synonyme de changement. En effet l’on peut diviser la ligne en 3 parties grossièrement équivalentes, bien sûr liées à la topographie :

• de Tessonières à Lexos la ligne quitte la vallée du Tarn pour rejoindre celle de l’Aveyron en se glissant dans des vallons puis dans un tunnel de faîte pour traverser le causse de Cahuzac (également appelé causse de la Vère).
• de Lexos à Villefranche de Rouergue la ligne suit fidèlement l’Aveyron, que ce soit dans les zones de larges vallées de Lexos à Laguépie et de Montiels à Villefranche ou au contraire dans les gorges entre Laguépie à Montiels.
• de Villefranche de Rouergue à Capdenac la ligne quitte la vallée de l’Aveyron pour rejoindre celle du lot. Pour cela elle devra se hisser sur le causse de Villeneuve d’Aveyron en remontant le cours de l’Alzou puis de l’Algouse et enfin franchir un tunnel de faîte. Ensuite elle doit encore traverser le plateau et surtout descendre vers Capdenac en empruntant la très étroite vallée de Diège, l’on peut même parler des gorges de la Diège.

Villefranche de Rouergue marque donc une rupture dans le tracé de la ligne. Cette rupture se ressent aussi au niveau du tracé en plan. Il faut se rendre compte que dans les gorges de l’Aveyron, malgré ou grâce à un tracé spectaculaire, le profil en long est favorable et le profil en plan est bon à l’exception de la zone de la gare de Najac. L’on ne peut que louer le travail des anciens qui malgré les difficultés du relief, dans une zone sauvage, avaient su concevoir et construire une plateforme de qualité. La 3ème partie de la ligne présente un profil en long beaucoup plus rude et des courbes plus serrées notamment dans la descente sur Capdenac par la vallée de la Diège. L’on est dans le cadre d’une véritable ligne de montagne bien que dans cette section les rampes ne dépassent pas
11 ‰.

La sortie de la gare de Villefranche au travers d’une étroite tranchée urbaine (qui sert malheureusement de dépôt d’ordure aux riverains) annonce un changement important dans la topographie de la ligne.

La sortie en tranchée de la gare de Villefranche de Rouergue en direction de Capdenac

Si l’on suit le prolongement naturel de la ligne jusqu’à Figeac, l’on a en quelque sorte un 4ème tiers cher à Marius, où l’on passe de la vallée du Lot à celle de son affluent le Célé par 2 tunnels successifs.

Notons qu’en ce qui concerne les routes desservant aujourd’hui Villefranche de Rouergue, les 3 principales vers Caussade, Rodez et Figeac se croisent un peu au nord de la ville au niveau de la zone d’activité du Fayrou. Contrairement à la voie ferrée, elles sont tracées par les plateaux. Notez que la route vers le nord se dirige vers Figeac évitant le détour par Capdenac.

A suivre.

Bonne nuit.

Pierre