Bonsoir,
Pour répondre à Rodolphe je crois que le mieux serait que je reprenne le fil, en le chapitrant, une fois que celui sera arrivé à son terme.
Pour continuer notre découverte, intéressons nous aux données démographiques et économiques de Villefranche de Rouergue ainsi qu’à sa desserte ferroviaire.
Deux motifs essentiels à cela :
- Villefranche de Rouergue a rang de sous-préfecture de l’Aveyron. C’est la seule sous-préfecture desservie par la ligne Toulouse-Figeac, en dehors de ces 2 extrémités.
- Villefranche de Rouergue est la 2ème ville en nombre d’habitants sur cette ligne après Gaillac, et avant Figeac également sous-préfecture, mais du Lot.
2.8.3 DémographieCette ville requiert donc une importance particulière pour la ligne.
Pour la démographie, en tenant compte en sus des communes mitoyennes c'est-à-dire qui ont une continuité urbaine avec la ville centre, l’on recensait en 2005 pour les principales unités urbaines entre Toulouse (exclu) et Figeac :
- Gaillac = 15 060 ha.
(Gaillac : 12 100 ha + Brens 1962 ha + Senouillac 997 ha)
- Villefranche de Rouergue = 12 400 ha
(Villefranche : 12 100 ha + St. Remy (qui abrite la zone d’activité du Farrou) 300 ha)
- Figeac : 9 963 ha
- Rabastens + Couffouleux: 6 717 ha (situées sur la section de Toulouse à Tessonières)
- St. Sulpice sur Tarn : 6 402 ha (située sur la section de Toulouse à Tessonières)
- Capdenac = 5 594 ha
(Capdenac gare (Aveyron) : 4 600 ha + Capdenac le haut (Lot) : 994 ha)
L’on constate donc que Villefranche de Rouergue est, non seulement la 2ème unité urbaine entre Toulouse et Figeac, mais aussi la plus importante, et de loin, pour la section de ligne Tessonières-Capdenac-Figeac.
Ce poids de Villefranche est important pour la ligne : la ville est de loin la meilleure source de voyageurs potentiels le long du parcours.
A l’inverse, pour Villefranche la ligne est le seul lien non routier. Mais l’indigence de la desserte n’encourage pas à en faire un argument. Sur le site de la mairie, l’on parle à la rubrique « accès » des routes menant à l’A20 et à l’A75, aucunement de la voie ferrée.
Pour clore ce chapitre, un petit coup d’œil sur l’Aveyron à la traversée de Villefranche par une après-midi très ensoleillée de janvier. Elle sépare le quartier de la gare de la bastide historique. Elle a aussi donné son nom au département et fait un long bout de chemin avec notre ligne de Tessonières à Capdenac :
L'Aveyron à la traversée de Villefranche de Rouergue - 27 janvier 2008
2.8.4 EconomieVillefranche de Rouergue est un centre économique local dont les commerces et marchés attirent la population des 30 km alentours. De nos jours cela se concrétise notamment par la présence de 2 importants hypermarchés.
Cependant l’emploi industriel représente 24 % contre 15,5 % en moyenne en Midi-Pyrénées. Deux secteurs principaux sont représentés :
- La mécanique avec une grosse implantation, Lisi aerospace (visserie aéronautique : plus de 600 personnes.
Villefranche fait aujourd’hui partie de la « Mécanic Vallée » : située sur un espace géographique s’étendant de Rodez à Tulle, en passant par Villefranche-de-Rouergue, Decazeville, Figeac, St Céré et Brive, elle est constituée d’un ensemble d’entreprises de mécanique de précision et de travail des métaux pour les secteurs de l’automobile, l’aéronautique, la fonderie et la machine-outil. - Le bois et l’ameublement avec l’entreprise Castes (menuiserie industrielle avec 120 emplois).
2.8.5 DesserteContrairement à ce que clame le site de la mairie, Villefranche de Rouergue est une ville enclavée : loin de la préfecture Rodez (environ 50 mn en voiture), très loin de Toulouse la métropole régionale (avec détour par Caussade pour rejoindre l’A20), loin de Cahors et de l’Autoroute A20 vers Paris. Encore ne s’agit là que des dessertes routières, les seules mises en avant sur le site de la ville. L’enclavement a au moins un avantage, il protège le commerce local, non concurrencé par la métropole Toulousaine.
En ce qui concerne le ferroviaire il faut se contenter des 6 AR / jours de semaine, 4 le Week-end, de l’axe Toulouse-Capdenac-Figeac-Aurillac, complété par quelques dessertes en bus Villefranche-Capdenac.
Il n’y a plus de Toulouse-Capdenac-Brive et donc de dessertes Villefranche-Brive donnant la correspondance vers Paris. D’autre part comme il n’y a plus de trains de jour Rodez-Paris, gagner Paris en Train impose un double changement à Capdenac et à Brive (où à aller à Capdenac en
voiture !).
Depuis la suppression du train de nuit Carmaux-Paris, il faut également aller chercher le train de nuit Rodez-Paris (subsistant pour combien de temps ?) à Capdenac. Pourtant la clientèle potentielle était là: Villefranche représentait bien le « gros arrêt » sur cette section pour le train de nuit. Je persiste et signe à dire que pour le Tarn nord et l’Aveyron, ce train était le seul moyen commode et économique pour être aux réunions ou congrès à Paris à 9 h 00.
Monsieur Martin Malvy président de la région Midi-Pyrénées a été maire de Figeac jusqu’en 2001. Comme il est très au fait des questions ferroviaires, il connait donc bien le dossier Toulouse-Figeac. L’on attend donc de lui qu’il fasse d’avantage pression sur RFF et la SNCF pour la sauvegarde et le développement de cette ligne qui mérite mieux. En dehors de la desserte Toulouse-Tessonières qui est de type péri-urbain il conviendrait en priorité :
- de rétablir le train de nuit et le Rodez-Paris direct
- de développer et améliorer la desserte interurbaine Toulouse-Figeac-Aurillac-Clermont
- pour tenir compte de la croissance de l’habitat des pendulaires entre Gaillac et Vindrac ainsi que de la carence de la desserte de la vallée de l’Aveyron : créer des circulations partielles Toulouse-Villefranche, sans arrêts entre Toulouse et Gaillac et desservant ensuite toutes les gares et haltes entre Gaillac et Villefranche. Cela sous entend la réouverture des haltes de Cahuzac, Donnazac et Monteils mais aussi d’étudier l'éventuelle création de nouvelles haltes à Mauriac et Itzac sur le causse de Cahuzac.
- en ce qui concerne le Nord de Villefranche: remplacement des bus Villefranche-Capdenac par des trains Villefranche-Figeac avec rétablissement des haltes de Villeneuve d'Aveyron et Naussac ainsi que création de dessertes accélérées Villefranche-Brive pour y correspondance pour Paris desservant Capdenac avec raccord d'une tranche Rodez, Figeac, Martel
Bien évidement pour ce faire il faut :
- régénérer la voie, en triste état par endroit : c’est prévu en 2010 par le « plan rail » de Midi-Pyrénées (c’est la région qui paye pour refaire les lignes que la SNCF, donc l’état, a laissé tomber depuis les années 1980 (Cf. LVDR N° 3146 du 12/03/2008).
- installer une signalisation automatique type BAPR. Nous verrons dans la suite de ce reportage un exemple de l’archaïsme et de la contre-productivité des installations existantes.
Photo : la gare de Villefranche et la ville derrière mériterait bien une desserte plus dense et de meilleure qualité. Les installations le permettraient sans trop de travaux, hors l’installation d’une signalisation plus performante et moins couteuse à l’usage, donc rentable.
La gare de Villefranche de Rouergue coté Capdenac avec la ville en toile de fond - 27 janvier 2008
Quand à la desserte marchandises elle est devenue embryonnaire. Depuis la suppression du train régulier Rodez-Capdenac-Toulouse un embranchement céréalier situé en aval de Villefranche coté Tessonières et desservi épisodiquement par une marche Facultative Capdenac-Villefranche et retour tracée en matinée.
A suivre.
Bonne nuit.
Edité le 16/3/2008 pour rajouts sur le chapitre "Desserte"
le 23/5/2008 unification et numérotation des titresPierre