Petite Histoire de la DRG électrique

Les photographies, les récits, tout ce qui concerne le chemin de fer ancien.

Re: Petite Histoire de la DRG électrique

Messagepar Rockandrail
10 Fév 2013, 16:04

2-13-9) 1951 – E 244 22 – Cinquième prototype en 20 kV 50 Hz

A l’instigation des autorités d’occupation françaises, l’administration des chemins de fer du sud-ouest de l’Allemagne passa commande en 1946 d’une nouvelle machine prototype à destination des lignes du Höllental et des trois lacs.
Pour sa construction, l’on récupéra dans le parc du dépôt de Bâle certaines parties de la E 44 005 endommagée des suites de la guerre et radiée depuis 1943. Le maître d’œuvre désigné pour la construction fut AEG, qui se chargea également de l’équipement électrique.

Réceptionnée le 21 novembre 1950, la machine fut mise en service et rattachée au dépôt de Fribourg le 10 janvier 1951. Etant comme la E 244 21 une machine équipées de moteurs alternatifs à excitation série, elle fut numérotée à la suite E 244 22. La nouvelle locomotive tenait compte des progrès techniques réalisés depuis la mise en service de la E 244 21, notamment pour ses moteurs de traction et les contacteurs à cames mobiles expérimentés sur la série E 94.
Le système de freinage rhéostatique permettait à la machine d’abaisser et de maintenir sa vitesse à 40 km/h en descente de 55,5‰.

Les résultats d’exploitation de la machine menèrent la SNCF à mettre en construction ses locomotives 50 Hz à moteurs directs sur la base de la même conception, suivie par d’autres administrations de chemins de fer.

Comme ses ainées, la locomotive fut retirée du service le 21 mai 1960 lors de la mise en exploitation des lignes du Höllental et des Trois Lacs sous 15 kV 16 2/3 Hz. Elle fut alors transformée en locomotive E 44 standard 15 kV 16 Hz 2/3 et renumérotée E 44 189 à la suite des autres machines de la série. Ses moteurs d’origine furent transférés sur la nouvelle locomotive bi-fréquences de la DB E 344 01.



Tension et fréquence d’alimentation : 20 kV, 50 Hz
Puissance horaire : 2600 kW à 75 km/h
Puissance continue : 2460 kW à 78,5 km/h
Puissance spécifique : 30,9 kW/t
Disposition d’essieux : Bo’Bo’
Entrainement : moteurs suspendus par le nez
Longueur hors tampons : 15290 mm
Empattement total : 98000 mm
Poids en ordre de marche : 84,0t
Masse adhérente : 84,0t
Vitesse maximale : 80 km/h
Constructeur : AEG
Equipementier électrique : AEG
Moteurs : 4 moteurs tandem alternatifs à excitation série
Nombre total construit : 1
Numérotation DRG : E 244 22
Première mise en service : 1951 sur la base de la E 44 005
Dernière radiation : 1960 – transformée en E 44 189











Je vous invite également à regarder ce petit clip au commentaire délicieusement pompier:


http://www.apmfs.fr/pic/d.donnat/congres50Hzannecy.avi
Observateur désabusé
Prince Héréditaire du Bruxelbourg et Saroulmapoul délocalisé

La Principauté s'oppose fermement à l'annexion du Koikilenkoutt. Vive le Koikilenkoutt libre
Avatar de l’utilisateur
Rockandrail
Vertueux Du Goulag
 
Messages: 18621
Âge: 72
Enregistré le: 13 Déc 2007, 23:55
Localisation: Royan

Re: Petite Histoire de la DRG électrique

Messagepar Rockandrail
18 Fév 2013, 15:20

Après la saga des E 44, reprenons la chronologie:

2-14) 1932 – E 04

Lors de l’ouverture de la ligne électrifiée reliant Augsbourg à Stuttgart, la DRG envisagea d’y déplacer les locomotives de série E 17 qui arpentaient alors l’Allemagne centrale. Ces locomotives 1’Do1’ se trouvaient en effet être surpuissantes pour le service de plaine auquel elles étaient affectées.

Pour les remplacer en plaine, la DRG passa commande auprès de AEG de dix locomotives 1’Co1’. Leur cahier des charges prévoyait une capacité de traction de 400t en service de trains rapides et de 300t en service de trains omnibus sur la ligne Leipzig-Dessau-Magdebourg, et de 600t en service de trains rapides entre Leipzig et Magdebourg via Halle (Saale).
La solution retenue par AEG pour leur construction fut des plus économiques : reprendre le châssis des E 17 et enlever un essieu et sa motorisation sans repositionner les autres. Cela conféra aux machines E 04 leur singulière apparence dissymétrique.


Huit premières machines, numérotées E 04 01 à E 04 08 et rattachées au dépôt de Leipzig Ouest furent mises en service entre la fin 1932 et la mi-1933. La première à prendre son service fut la E 04 01, le 2 décembre 1932. En échange, douze locomotives E 17 furent déplacées en Allemagne du sud.

Les deux dernières machines, E 04 09 et 10, furent mises en service en mai et juin 1933 au dépôt de Munich Hbf et intégrèrent un programme d’essais. Parmi les tests de vitesse effectués, l’on notera que la E 04 09 atteignit en date du 28 juin 1933 la vitesse de 151,5 km/h au crochet d’un train de 309t.

A la suite de ces essais, la vitesse maximale des machines initialement fixée à 110 km/h fut portée pour les E 04 09 et E 04 10 à 130 km/h par la modification des rapports d’engrenages. Les moteurs de traction avaient d’ailleurs dès le début été développés pour permettre une vitesse supérieure à 110 km/h.
Les essais à vitesse supérieure à 130 km/h montrèrent en outre que certaines opérations manuelles effectuées par les mécaniciens (comme le fonctionnement des essuie-glaces !) devaient être automatisées. Les résultats de ces essais serviront de base aux améliorations apportées aux futures séries E 18 et E 19.

A la fin du programme d’essais, les E 04 09 et E 04 10 rejoignirent à leur tour le dépôt de Leipzig Ouest au début de l’année 1934.

*****


En 1933, la DRG commanda 11 machines supplémentaires aptes aux 130 km/h afin de desservir la ligne Augsbourg-Nuremberg. Le dépôt de Munich abrita les E 04 11 à 19 et 21. La E 04 20 fut attribuée à Leipzig Ouest. Deux E 04 supplémentaires, immatriculées E 04 22 et 23 furent encore construites et livrées à la fin de 1935 pour remplacer trois locomotives E 17 que le dépôt de Munich Hbf avait cédé à Stuttgart en octobre 1934.

La mise en service des premières E 18 entraina une valse de réaffectations des machines E 04 : la E 04 20 de Leipzig Ouest fut transférée à Nuremberg en janvier 1936. Aux mois de septembre et octobre de la même année, Leipzig Ouest céda encore les E 04 01 à 04 au dépôt de Magdebourg Hbf. Ce dernier dépôt recevra encore la E 04 06 en janvier 1938.

Lors de l’ouverture du service électrifié sur la ligne Augsbourg-Nuremberg à l’été 1935, les E 04 13, 17, 18, 19 et 21 du dépôt de Munich furent transférées au dépôt de Nuremberg. Les E 04 14 à 16 rejoignirent le dépôt d’Augsbourg. La E 04 13 quitta Nuremberg et la E 04 16 quitta Augsbourg en juillet 1938.
En 1940/41, après que les E 04 11 et 22 eurent été transférées au dépôt de Treuchtlingen et les E 04 19 et 20 au dépôt de Bamberg, les dépôts de Halle (Saale) et Leipzig Ouest échangèrent certaines de leur E 18 contre des E 04. Les E 18 furent transférées en Allemagne du sud. Leipzig Ouest reçut les E 04 13 à 15, Magdebourg reçut la E 04 11 et Halle, un an plus tard, les E 04 12 et 16.

Fin 1944, les locomotives E 04 étaient réparties comme suit :

Leipzig Ouest : 8 machines (E 04 05, 07, 08, 09, 10, 13, 14 et 15)
Magdebourg Hbf : 6 machines (E 04 01, 02, 03, 04, 06 et 11)
Halle : 2 machines (E 04 12 et 16)
Nuremberg Hbf : 5 machines (E 04 17, 18, 21, 22 et 23)
Bamberg : 2 machines (E 04 19 et 20)

*****


En prévision de l’électrification de la ligne Munich-Berlin, la DRG examina au milieu des années trente plusieurs solutions pour la mise en place d’un service exceptionnel de trains rapides. Une locomotive 1’Co1’ dérivée des E 04 fut construite pour développer 2500 kW de puissance à 160 km/h en réversibilité et se révéla être moins coûteuse en exploitation en comparaison avec les autorails rapides électriques et diesels. Le projet fut abandonné en raison du déclenchement de la deuxième guerre mondiale.

A d’autres fins d’essais de trains en réversibilité à la demande de la Direction Centrale de la Reichsbahn de l’époque, AEG équipa début 1939 la E 04 23 des équipements de conduite motorisés des E 18, du système Indusi, de pantographes et de distribution de sable à commande électropneumatique.
Un renforcement du système de freinage à air comprimé permit d’augmenter de 91% la puissance de freinage. L’installation du répartiteur de freinage présent sur les E 18 permit de partager et d’augmenter la puissance de freinage suivant le sens de marche à raison de 47,5% sur l’essieu avant et de 78% sur l’essieu arrière.

A la suite de ces transformations, la E 04 23 fut acheminée en juillet 1939 au dépôt de Nuremberg Hbf en échange de la E 04 16 qui rejoignit Munich. Un train composé de 5 voitures à la livrée bleue (B4ü28, C4ü28 et Pw4ük transformé en voiture pilote) fut mis en essais en réversibilité au crochet de la E 04 23 entre Munich et Nuremberg puis fut mis en service jusqu’à la fin de la guerre entre Bamberg et Treuchtlingen.

*****


A la fin de la guerre, 14 des 23 locomotives E 04 étaient hors d’usage, principalement du fait des bombardements. Parmi les machines stationnées en Allemagne du sud, cela concernait les E 04 17 à 21.
La locomotive E 04 23 et son train en réversibilité furent également bombardés et finirent la guerre entreposés au sein de la RBD d’Erfurt.
Après leur réparation en 1946/47, les locomotives E 04 17 à 22 d’Allemagne du sud stationnèrent au dépôt de Nuremberg Hbf. Elles furent échangées contre des E 52 et déplacées au dépôt de Munich Hbf. Celui-ci manquait en effet de locomotives pour trains rapide du fait du retrait des machines E 16 en cours de modernisation.
Les E 04 de Munich conservèrent cette affectation jusqu’au printemps de l’année 1968 où, après avoir été renumérotées 104 017 à 104 022 le premier janvier, elles furent déplacées au dépôt d’Osnabrück.

Au cours des années 50, les machines ont desservi les lignes au départ de Munich à destination de Nuremberg, Ratisbonne et Stuttgart. Au cours des années 60, le service se concentra presque exclusivement sur la desserte Munich – Ratisbonne.
Après le déplacement à Osnabrück, le service se concentra sur des trains rapides, express et omnibus vers Rheine, Essen et Münster.

En 1955, le kilométrage mensuel moyen des six E 04 de la DB s’établissait à 12882 km par machine. En 1967, le kilométrage avait été réduit à 7550 km par machine bien que certaines d’entre elles en effectuent encore 10.500.

En 1980, seules deux des six machines DB étaient encore en service pour des trains spéciaux : les 104 018 et 104 022. Cette dernière fut radiée le 30 juillet 1981. Après une casse moteur, la 104 018 fut mise hors service le 22 octobre 1981 et servit de réserve de pièces détachées pour les E 18.

La 104 020 a été préservée comme locomotive musée par la DB.

+-+-+-+-+-+-+-+-+-+


Après la fin de la deuxième guerre mondiale, le gros des locomotives E 04 se trouvait, avec 17 exemplaires , sur le territoire de la zone d’occupation soviétique. Dix d’entre elles étaient moyennement à très endommagées. Les plus touchées étaient les E 04 04 et 13. Elles furent radiées et ferraillées dès 1946.

Les autres machines furent expédiées en URSS. Après leur retour en 1952, les machines E 04 01 à 03, E 04 05 à 12, E 04 14 à 16 et E 04 23 furent intégrées à la DR. Douze d’entre elles furent restaurées jusqu’à la fin de l’année 1957. La première à reprendre du service fut, le 30 avril 1956, la E 04 03 et la dernière, le 6 juillet 1957, la E 04 06.
Les machines en service étaient stationnées aux dépôts de Halle (Saale) P et Köthen. La poursuite du développement de l’électrification amena en janvier 1957 le déplacement depuis Köthen des E 04 07, 08, 09 et 10 vers le dépôt de Magdebourg Hbf et celui de la E 04 16 vers le dépôt de Halle (Saale) P.

A l’été 1958, le dépôt de Halle céda à son tour des machines au dépôt de Leipzig Hbf Ouest : les E 04 01 à 03, 15, 16 et 23.

A la fin de l’année 1960, les locomotives E 04 est-allemandes se répartissaient comme suit :

Leipzig Hbf Ouest : 5 machines (E 04 01, 02, 03, 15 et 16)
Magdebourg Hbf : 7 machines (E 04 06, 07, 08, 09, 10, 11 et 14)
Halle (Saale) P : 1 machine (E 04 23)

La E 04 11 avait rejoint Magdebourg plus tard que les autres, sa remise en état s’étant achevée le 30 juillet 1959.
Une dernière machine fut encore restaurée : la E 04 05. Elle fut remise en service le 1er septembre 1961 au dépôt de Leipzig HbF Ouest.

A partir de l’année 1961, toutes les machines, à l’exception des E 04 01 et 23, furent peu à peu déplacées au dépôt de Magdebourg-Buckau. Quelques-unes séjournèrent temporairement au dépôt de Dessau de 1965 à 1967.
La E 04 12 qui servait de réserve de pièces détachées fut ferraillée en 1967.

A partir de janvier 1968, les quatorze locomotives E 04 encore en service à la DR étaient attachées au dépôt de Magdebourg-Buckau pour le service et à celui de Leipzig Hbf Ouest pour leur entretien.

*****


La numérotation électronique fut appliquée le 1er juillet 1970. Les locomotives E 04 formèrent alors la série 204. Il en restait douze en service en 1973 à Leipzig, Dessau et Magdebourg. Les 204 008 et 009 avaient été retirées du service en décembre 1972.

Les mises hors service massives débutèrent en 1974 avec la 204 016. Huit machines supplémentaires avaient quitté le service à l’horaire d’été 1976 ; la plupart en raison de pannes de moteurs.
Les trois dernières locomotives, 204 005, 007 et 015, en service à Magdebourg, furent radiées en janvier 1977. Quelques unes d’entre elles ont encore servi de postes de transformation statiques pour les freins de voie ou le chauffage des aiguilles.

A l’exception de la ligne Zwickau (Sachs) – Karl-Marx-Stadt (Chemnitz) – Dresde, les E04/204 ont desservi toutes les lignes électrifiées d’Allemagne de l’Est. La mise en service progressive des E 11/211 les relégua petit à petit au service de voyageurs omnibus, postal ou au transport express des marchandises.

Au cours de la deuxième moitié des années 1960, elles parcouraient encore des distances respectables (16.280 à 19.392 km/mois). La moyenne s’abaissa à 13.000 km/machine/mois en 1969 puis à 8800 km entre 1973 et 1976.
Les deux machines à détenir la plus longue distance parcourue furent la 204 007 avec 2.652.019 km et la 204 010 avec 2.537.581 km.

*****


La E 04 23 remise en marche le 30 mars 1957 ré-effectua à partir de 1958/59 des tests de marche en réversibilité. Elle fut mise en service de ce type entre janvier 1960 et mars 1966 entre Halle (Saale) et Leipzig Hbf, avec pour dépôt d’attache celui de Halle (Saale) P. Le service en réversibilité fut à nouveau interrompu à la fin de l’année 1966.

La 204 001, retirée du service le 28 avril 1976, a été restaurée et préservée comme locomotive musée par le musée des transports de Dresde.


E 04 01 à E 04 08

Tension et fréquence d’alimentation : 15 kV, 16 2/3 Hz
Puissance horaire : 2190 kW à 84 km/h
Puissance continue : 2010 kW à 87 km/h
Puissance spécifique : 23,8 kW/t
Disposition d’essieux : 1’Co1’
Entrainement : transmission élastique Kleinow
Longueur hors tampons : 15120 mm
Empattement total : 11600 mm
Poids en ordre de marche : 92,0t
Masse adhérente : 61,4t
Vitesse maximale : 110 km/h
Constructeur : AEG
Equipementier électrique : AEG
Moteurs : 3 moteurs alternatifs à excitation série
Nombre total construit : 8
Numérotation DRG : E 04 01 à E 04 08
Première mise en service : 1933
Dernière radiation : 1977 (E 04 01 préservée)


E 04 09 à E 04 23

Tension et fréquence d’alimentation : 15 kV, 16 2/3 Hz
Puissance horaire : 2190 kW à 98 km/h
Puissance continue : 2010 kW à 102,5 km/h
Puissance spécifique : 23,8 kW/t
Disposition d’essieux : 1’Co1’
Entrainement : transmission élastique Kleinow
Longueur hors tampons : 15120 mm
Empattement total : 11600 mm
Poids en ordre de marche : 92,0t
Masse adhérente : 61,4t
Vitesse maximale : 130 km/h
Constructeur : AEG
Equipementier électrique : AEG
Moteurs : 3 moteurs alternatifs à excitation série
Nombre total construit : 15
Numérotation DRG : E 04 09 à E 04 23
Première mise en service : 1934
Dernière radiation : 1981 (E 04 20 préservée)























La locomotive E 04 a été reproduite à plusieurs échelles par plusieurs constructeurs. Entre autres :


E 04 11 Piko51003 DR musée.jpg
Modèle Piko H0 51003 de la locomotive E 04 11 en livrée de la DR



Observateur désabusé
Prince Héréditaire du Bruxelbourg et Saroulmapoul délocalisé

La Principauté s'oppose fermement à l'annexion du Koikilenkoutt. Vive le Koikilenkoutt libre
Avatar de l’utilisateur
Rockandrail
Vertueux Du Goulag
 
Messages: 18621
Âge: 72
Enregistré le: 13 Déc 2007, 23:55
Localisation: Royan

Re: Petite Histoire de la DRG électrique

Messagepar tyrphon
18 Fév 2013, 19:06

Et boum, voila SuperTyrphon!

Leipzig 1974
Jean-Pierre "Tyrphon" Dumont
Plutôt bobo que gros beauf,
plutôt pigeon que charognard.
http://tyrphon-trains.fr/.
Avatar de l’utilisateur
tyrphon
Bavard
 
Messages: 2148
Âge: 81
Enregistré le: 14 Jan 2008, 17:25
Localisation: Rueil-Malmaison

Re: Petite Histoire de la DRG électrique

Messagepar Rockandrail
18 Fév 2013, 19:18

Merci Jean-Pierre. La halle de Leipzig Hbf est vraiment extraordinaire.
Observateur désabusé
Prince Héréditaire du Bruxelbourg et Saroulmapoul délocalisé

La Principauté s'oppose fermement à l'annexion du Koikilenkoutt. Vive le Koikilenkoutt libre
Avatar de l’utilisateur
Rockandrail
Vertueux Du Goulag
 
Messages: 18621
Âge: 72
Enregistré le: 13 Déc 2007, 23:55
Localisation: Royan

Re: Petite Histoire de la DRG électrique

Messagepar Rockandrail
23 Fév 2013, 16:54

2-15) 1933 – E 05 et E 051

En réponse à l’appel d’offre de la DRG qui devait mener aux locomotives E 04, SSW avait proposé une locomotive 1’Co1’ équipée de moteurs suspendus par le nez. Afin d’effectuer des comparaisons entre la transmission élastique et les moteurs suspendus par le nez, la DRG passa commande de trois de ces machines. Les parties mécaniques en furent livrées par Henschel.
Extérieurement, les machines se distinguaient des E 04 par la disposition symétrique des trois essieux moteurs.

Le programme de performances correspondait à celui des machines E 04. Les trois locomotives furent livrées en 1933 et numérotées E 05 001, E 05 002 et E 05 103 en liaison avec leur vitesse maximale.
La mise en service de ces trois machines mit un terme au programme de recherche de la DRG concernant l'utilisation de moteurs suspendus par le nez pour les locomotives aptes à dépasser les 100 km/h.

Bien que l’inscription en courbes de la E 05 103 fût meilleure que celle des deux autres, les performances globales des machines ne tenaient pas la comparaison avec celles des E 04 et leur utilisation au-delà des 100 km/h ne fut jamais satisfaisante.

Les trois locomotives stationnèrent au dépôt de Leipzig Hbf Ouest jusqu’en 1946. Leur service principal consistait la plupart du temps à effectuer des remplacements de E 04 en panne ou d’autorails électriques ET 25, ET 31 et ET 41.

*****


Les trois locomotives furent expédiées en URSS en 1946. Les E 05 002 et 103 firent retour à la DR en 1952/53.
La E 05 002 resta garée dans le parc des rebuts de la DR de 1953 à sa radiation le 9 mars 1962.
Remise en état en 1959, la E 05 103 retourna au dépôt de Leipzig Hbf Ouest puis fut transférée pour l’horaire d’été 1960 au dépôt de Magdebourg Hbf.
Principalement utilisée en service voyageurs, la locomotive se révéla être fragile et fut bien souvent garée sans usage ou comme locomotive de réserve.

Son unicité rendait également son entretien peu économique. De ce fait, la machine se retrouva rebutée dès 1964/65 comme machine transformateur statique pour le chauffage des aiguilles de la gare de Halle. Son transformateur ayant été endommagé en 1967, la machine fut ferraillée en 1968.

E 05 001 et E 05 002

Tension et fréquence d’alimentation : 15 kV, 16 2/3 Hz
Puissance horaire : 2160 kW à 97 km/h
Puissance continue : 1785 kW à 110 km/h
Puissance spécifique : 24,3 kW/t
Disposition d’essieux : 1’Co1’
Entrainement : moteurs suspendus par le nez
Longueur hors tampons : 15400 mm
Empattement total : 11400 mm
Poids en ordre de marche : 89,0t
Masse adhérente : 59,2t
Vitesse maximale : 110 km/h
Constructeur : Henschel
Equipementier électrique : SSW
Moteurs : 3 moteurs alternatifs à excitation série
Nombre total construit : 2
Numérotation DRG : E 05 001 et E 05 002
Première mise en service : 1933
Dernière radiation : 1962


E 05 103

Tension et fréquence d’alimentation : 15 kV, 16 2/3 Hz
Puissance horaire : 2160 kW à 111 km/h
Puissance continue : 1785 kW à 126 km/h
Puissance spécifique : 24,0 kW/t
Disposition d’essieux : 1’Co1’
Entrainement : moteurs suspendus par le nez
Longueur hors tampons : 15400 mm
Empattement total : 11400 mm
Poids en ordre de marche : 90,0t
Masse adhérente : 59,4t
Vitesse maximale : 130 km/h
Constructeur : Henschel
Equipementier électrique : SSW
Moteurs : 3 moteurs alternatifs à excitation série
Nombre total construit : 1
Numérotation DRG : E 05 103
Première mise en service : 1933
Dernière radiation : 1968











La machine a été reproduite à l’échelle H0 il y a longtemps par TRIX:


E 05 TRIX-Express.jpg
Modèle TRIX de la locomotive E 05 002 en livrée Blau-Grau de la DRG
Observateur désabusé
Prince Héréditaire du Bruxelbourg et Saroulmapoul délocalisé

La Principauté s'oppose fermement à l'annexion du Koikilenkoutt. Vive le Koikilenkoutt libre
Avatar de l’utilisateur
Rockandrail
Vertueux Du Goulag
 
Messages: 18621
Âge: 72
Enregistré le: 13 Déc 2007, 23:55
Localisation: Royan

Re: Petite Histoire de la DRG électrique

Messagepar POMidi
24 Fév 2013, 16:52

A le foisonnement technique de l'époque : sous une caisse de même apparence deux mécaniques totalement différentes, une qui fait ses preuves et l'autre non.

Depuis il est établi que la suspension par le nez ne convient pas aux vitesses élevées mais il me semble que la limite se situe vers 120 km/h et que de nombreuses automotrices de type banlieue en étaient équipées.

Toujours aussi passionnante cette étude.

Amicalement.

Pierre d'en bas.

Envoyé depuis mon GT-I9100 avec Tapatalk
Grand commandeur de la banane jaune
Avatar de l’utilisateur
POMidi
Vaporiste De Gare
 
Messages: 5643
Âge: 68
Enregistré le: 14 Déc 2007, 11:52
Localisation: Midi-Pyrénées

Re: Petite Histoire de la DRG électrique

Messagepar Rockandrail
26 Fév 2013, 14:40

2-16) 1933 – E 93

La commande des premières locomotives électriques Co’Co’ de la série 93, « petits crocodiles allemands », eut lieu au pic de la crise économique, dans un contexte de baisse significative du trafic. La DRG cependant, avec le développement de cette locomotive, anticipait une reprise du trafic et souhaitait être prête à y faire face.

La raison principale de la commande des deux premières locomotives de la série, le 14 mars 1932, était cependant la desserte de la ligne nouvellement électrifiées reliant Augsbourg à Stuttgart et dont le parcours englobait la fameuse rampe de Geislingen (« Geislinger Steige »), célèbre pour sa longueur.

L’on sortait à cette époque des essais effectués avec les locomotives prototypes de la série E 44 dont la structure largement soudée et très allégée laissait espérer que l’on pût obtenir les performances d’une lourde locomotive rivetée à huit essieux comme la E 95 avec une machine soudées à six essieux.
L’usage de moteurs suspendus par le nez, dont la technologie commençait à bien être maîtrisée promettait également une économie des coûts de fabrication d’environ 50% par rapport à une locomotive C’C’ entrainée par bielles.

Le cahier des charges des machines prévoyait la traction de trains de 1600t à 50 km/h en rampe de 10‰ et de 720t à 40 km/h en rampe de 22,5‰. Les machines devaient de plus pouvoir emprunter les bosses de triage d’une courbure au diamètre de 200 m

La vitesse maximale fut établie à 65 km/h pour les quatre premières machines de la série, E 93 01 à E 93 04, puis élevée à 70 km/h pour les machines E 93 05 à E 93 18.

*****


La E 93 01 fut livrée le 14 juillet 1933, suivie par la E 93 02 le 26 août 1933. Les deux locomotives furent affectées au dépôt de Kornwestheim.
La E 93 02 fut mise à l’essai de manière intensive entre le 26 novembre et le 5 décembre 1933. Afin d’effectuer des comparaisons en marche, la locomotive E 95 06 fut déplacée du réseau de Silésie sur la rampe de Geislingen.
Les livraisons des E 93 se poursuivirent avec les 03 et 04 à l’automne 1935, puis les 05 à 13 en 1937. Les nouvelles machines furent partagées entre les dépôts de Kornwestheim et Ulm.

Enfin, cinq machines supplémentaires furent livrées entre février et mai 1939 : E 93 14 à 18. Confiées à la direction de Halle, elles rejoignirent les dépôts de Halle (Saale) et Leipzig-Wahren. Les E 93 14 à 17 y séjournèrent à peine et furent transférées aussitôt au dépôt de Rosenheim qui avait besoin de locomotives de plus grande puissance à la suite de l’annexion de l’Autriche.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, le dépôt de Rosenheim fut approvisionné par de nouvelles locomotives, plus puissantes, formant la série E 94. De ce fait, les E 93 14 à 17 furent à nouveau déplacées pour rejoindre la Direction de Stuttgart. Elles stationnèrent à Geislingen où se trouvait déjà depuis 1940 la E 93 18.

*****


Les locomotives rendirent satisfaction. Leur comportement en marche était bon et l’usure redoutée des boudins de roues demeura dans des limites acceptables. Le cabrage des bogies au démarrage ne posait pas de problème particulier et les chocs transmis à la superstructure par les moteurs suspendus par le nez étaient de faible intensité. En résumé, les machines étaient une réussite technique.

A la fin de la deuxième guerre mondiale, les 18 machines se trouvaient sur le territoire de la Direction de la Reichsbahn de Stuttgart. Plusieurs d’entre elles avaient subi des dommages de guerre plus ou moins importants. Incendiée en mars 1945, la 93 06 avait été radiée mais se trouvait encore en 1950 garée parmi les rebuts du groupe E4. Trop endommagée, la 93 12 avait subit le même sort. Mais au final, toutes les E 93 étaient présentes et furent intégrées à la DB.

A partir du mois de septembre 1958, l’ensemble des machines était affecté au dépôt de Kornwestheim. Elles reçurent la numérotation EDV en 1968 pour former alors la série 193.
L’arrivée massive de locomotives de construction plus récente et le début du déclin du trafic de marchandises à la DB déclencha la séquence de radiation à partir de 1976. Les machines furent radiées comme suit :

1976 : 193 010 ;
1977 : 193 001, 005, 007, 009, 015 et 017 ;
1980 : 193 011

A l’été 1981, le dépôt de Kornwestheim mettait encore en service neuf machines du lundi au vendredi et six le dimanche. A la fin de la même année, le trafic fut réduit à six machines les jours de semaine uniquement.
A l’horaire d’été 1984, les 194 (ex E 94 de la DRG) prirent en charge le service de pousse sur la rampe de Geislingen et les 140 (ex E 40 de la DB) le reste du service. Conséquemment, les 193 004, 006, 008, 012, 014 et 016 furent mises à l’arrêt le 3 juin 1984.
La 193 004 participa encore à une exposition à Stuttgart fin mai 1984. Dans ce même cadre, la 193 006 assura encore un train spécial. Ces deux dernières machines furent radiées le 31 janvier 1985.

La 193 007 a été restaurée en locomotive musée fonctionnelle de la DB au dépôt de Kornwestheim. La 193 012 a été préservée comme locomotive monument par une association privée à Lünen.

Tension et fréquence d’alimentation : 15 kV, 16 2/3 Hz
Puissance horaire : 2502 kW à 57 km/h
Puissance continue : 2214 kW à 62 km/h
Puissance spécifique : 21 ,3 kW/t
Disposition d’essieux : Co’Co’
Entrainement : moteurs suspendus par le nez
Longueur hors tampons : 17700 mm
Empattement total : 12800 mm
Poids en ordre de marche : 117,2t
Masse adhérente : 117,2t
Vitesse maximale : 65 km/h (70 km/h à partir de la E 93 05)
Constructeur : AEG
Equipementier électrique : ARG
Moteurs : 6 moteurs alternatifs à excitation série
Nombre total construit : 18
Numérotation DRG : E 93 01 à E 93 18
Première mise en service : 1933
Dernière radiation : 1985

















Les machines ont été reproduites à plusieurs échelles :


E 93 18 Piko H0 51093.jpg
Modèle Piko H0 51093 de la locomotive E 93 18 en livrée Blau-Grau de la DRG









Sur cette dernière photo, le modèle n'est pas difforme. Il est posé sur le flanc pour la photo et les bogies pendouillent. A l'échelle N, ce modèle est l'un des plus puissants en traction. Avec les six essieux moteurs et quatre bandages, la machine grimpait allégrement une rampe de 5% en courbe de rayon 195 mm au crochet de 10 wagons. C'était du minitrix pré-Märklin.
Observateur désabusé
Prince Héréditaire du Bruxelbourg et Saroulmapoul délocalisé

La Principauté s'oppose fermement à l'annexion du Koikilenkoutt. Vive le Koikilenkoutt libre
Avatar de l’utilisateur
Rockandrail
Vertueux Du Goulag
 
Messages: 18621
Âge: 72
Enregistré le: 13 Déc 2007, 23:55
Localisation: Royan

Re: Petite Histoire de la DRG électrique

Messagepar Rockandrail
08 Mar 2013, 16:29

2-17) 1935 – E 18

Afin de pouvoir tracter des trains rapides lourds dans une plage de vitesse supérieure aux 100 km/h qui étaient devenus la norme dans les années trente du vingtième siècle, la DRG passa commande en 1933 auprès de AEG d’une locomotive à la distribution d’essieux 1’Do1’ dont les parties mécaniques seraient basées sur celles des locomotives E 17 et dont l’équipement électrique découlerait de celui des E 04.

Ces deux types de machines avaient en effet répondu aux attentes : la E 04 09 avait notamment atteint au cours d’essais la vitesse de 151,6 km/h.
Afin de permettre aux machinistes une surveillance optimale de la voie et des signaux aux vitesses élevées qui étaient attendues, les machines allaient devoir être équipées de commutateurs motorisés.
Dans le même esprit, une attention toute spéciale était requise pour le système de freinage.

Le cahier des charges prévoyait de tracter des trains rapides de 700t à 140 km/h sur le plat.

*****


Livrée le 11 mai 1935, la E 18 01 se voyait immédiatement soumise à une extensive campagne d’essais. La machine devait notamment être poussée à 10% au delà de la vitesse maximale de 150 km/h que mentionnait son cahier technique.
Le 7 juillet 1935, à hauteur de Nannhofen sur la ligne reliant Munich à Stuttgart, la 18 01 amenait un train de 392t à 120 km/h départ arrêté en l’espace de 129 secondes sur une très légère descente (460 :1). Au même endroit et dans les mêmes conditions, les 165 km/h étaient atteints en 243 secondes sur une distance totale de 7 km. L’accélération moyenne avait été de 0,188 m/s2 jusqu’à 120 km/h avec une puissance au démarrage de 4413 kW (6000 cv).

Au cours d’autres essais, la rampe Geislingen – Amstetten (Geislinger Steige – 1 :44 - 22‰) fut parcourue à la vitesse de 72 km/h avec une puissance développée de 3070 kW et la rampe Ulm – Jungingen (1 :70 - 14‰) fut enlevée à 110 km/h avec une puissance maximale de 4220 kW. Sur cette même rampe, la E 18 07 enleva un train de 792,7t à la vitesse moyenne de 88,7 km/h, une puissance continue de 2160 kW et une puissance maximale de 4530 kW.

En conclusion, les machines E 18 répondaient à toutes les attentes.

Au vu des performances constatées, la locomotive E 18 22 fut présentée lors de l’exposition universelle de Paris en 1937. Elle était alors la plus puissante des locomotives électriques à châssis monobloc et fut récompensée de trois grands prix : construction générale et performances globales, ergonomie du poste de conduite et moteurs de traction. Elle reçut en plus un diplôme d’honneur pour le rapport « qualité-masse-coût de fabrication » de son cadre principal soudé.

*****


En service normal, les machines tractaient des trains de 935t à 140 km/ sur le plat, de 990t à 100 km/h en rampe de 5‰, de 600t à 100 km/h en rampe de 5‰ et de 360t à 75km/h en rampe de 20‰.

A l’issue des essais, la E 18 01 rejoignit le 26 juillet 1935 le dépôt de Munich Hbf. Elle y fut suivie la même année par la 18 03 (le 18 octobre) puis la 18 02 (le 7 novembre). Cette dernière effectua d’abord un très bref passage par le dépôt de Stuttgart-Rosenstein. Ce dernier dépôt accueillit la E 18 04 en décembre.

Avec ces quatre machines, le début de l’année 1936 vit la mise en service régulier des E 18 sur la ligne Munich – Stuttgart.
La DRG allait commander un total de 92 locomotives de série E 18 jusqu’en 1939. En raison du déclenchement de la guerre, seules 53 machines seront finalement construites.

Des essais de stators bobinés en aluminium avaient eu lieu dès octobre 1937 sur la E 18 37. Ils ne furent pas poursuivis en raison d’un trop fort échauffement. A la suite de cela, les machines E 18 n’allaient plus recevoir de « matériaux indigènes » et leur construction ne serait pas poursuivie en temps de guerre. La dernière machine mise en service sera la E 18 053 livrée au dépôt de Stuttgart le 8 janvier 1940. (à partir de la 45ème machine livrée, comme il était alors prévu de dépasser les cent unités, la numérotation des E 18 fut portée à trois chiffres. L’on passa donc de la E 18 44 à la E 18 045).

*****


La marche en ligne droite des locomotives n’appelait aucune critique. Il n’en était pas de même de l’inscription en courbe, très dépendante de la masse et de la vitesse des trains tractés. Le frottement entre les ressorts en hélice et les plaques de compression de l’entrainement entravait le jeu latéral des essieux moteurs. De ce fait l’inscription en courbe était saccadée.
Cette faiblesse fut globalement palliée par le bon entretien (graissage) apporté par le personnel de conduite et par un réglage précis des arbres creux permettant le jeu latéral. Les changements de dépôts d’attache des machines se sont ainsi toujours révélés gênants et sources de problèmes car les machines devaient littéralement être « apprivoisées » par les personnels d’exploitation.

Au cours des années 1952 et 1953, la DB cherchera par l’utilisation de leviers Beugniot à inclure les essieux centraux des machines dans le processus mécanique d’inscription en courbe. Les essais réalisés sur la locomotive E 18 30 ne furent cependant pas couronnés de succès. A défaut, toutes les E 18 de la DB furent équipées d’un système de graissage des boudins « De Limon ».

Enfin, l’on constata une amélioration inattendue de l’inscription en courbe des machines lorsqu’elles furent équipées de blocs de suspensions paraboliques en caoutchouc.

*****


Jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale, les locomotives E 18 effectuèrent principalement leur service sur les lignes reliant Munich à Stuttgart, Nuremberg à Leipzig via Saalfeld (Saale) et, en Autriche, Salzbourg à Attnang-Puchheim. On trouvait également des E 18 en service sur les liaisons Leipzig – Magdebourg via Halle (Saale) et Dessau, et Breslau (aujourd'hui Wroclaw) – Görlitz. La majorité des Machines était hébergée par des dépôts d’Allemagne du Sud.

Le dépôt de Hirschberg de l’époque reçut huit locomotives E 18 en 1936. Les dépôts de Leipzig Ouest et Halle (Saale) en reçurent onze au total. Pour le service de trains rapides entre Nuremberg et Saalfeld (Saale), des E 18 furent attribuées au dépôt de Saalfeld (Saale) au printemps 1939.

Au début de l’année 1940, les 53 locomotives E 18 de la DRG/DRB étaient réparties comme suit :

Munich Hbf : 13 machines (E 18 01, 02, 05 à 09, 18 à 23)
Nuremberg Hbf : 7 machines (E 18 24, 36 à 40, 047)
Stuttgart : 5 machines (E 18 03, 04, 32, 35 et 053)
Augsbourg : 4 machines (E 18 30, 33, 051 et 052)
Ratisbonne : 2 machines (E 18 049 et 050)
Hirschberg : 8 machines (E 18 10 à 17)
Leipzig Hbf Ouest : 7 machines (E 18 25 à 29, 31 et 34)
Halle (Saale) : 2 machines (E 18 42 et 43)
Saalfeld (Saale) : 5 machines (E 18 41, 44, 045, 046 et 048)

En 1942, les machines d’Augsbourg et de Saalfeld (Saale) furent déplacées à Munich et Nuremberg. En 1943/44, contre des locomotives de série E 04, les dépôts de Leipzig Hbf Ouest et Halle (Saale) cédèrent 5 locomotives E 18 dont 3 à Ratisbonne, une à Nuremberg et une à Stuttgart. En 1944, la E 18 046 fut transférée au dépôt de Salzbourg (Autriche) où elle rejoignit la E 18 42 de Nuremberg qui y effectuait du service aux côtés des E 182 locales.
Début mars 1945, les E 18 10 à 14, 16 et 17 du dépôt de Hirschberg furent transférées en Bavière où, partiellement endommagées, elles rejoignirent les dépôts de Munich Hbf et Nuremberg Hbf.

*****


A la fin de la guerre en 1945, seules 24 des 53 locomotives E 18 de la DRG étaient encore en état de marche. 23 étaient garées endommagées, dont deux – les E 18 03 et 07 – suffisamment sévèrement que pour justifier leur radiation qui intervint entre la fin de 1945 et le début de 1946.
A la suite des bombardements du 22 novembre 1943 sur Stuttgart et des 9 et 10 mars 1943 sur Munich, les E 18 04, 09, 23, 33, 052 avaient déjà été radiées, de même que la E 18 15 à la suite d’un accident.

A l’ouest, au sein de ce qui allait former la DB, demeuraient 36 exemplaires de locomotives E 18 dont 16 en état de marche. A l’est, au sein de ce qui allait former la DR, on en comptait 9 dont 3 en état de marche.
En Autriche après la capitulation demeuraient la E 18 42, future 1118.01 des ÖBB et la E 18 046, future 1018.101 des ÖBB. Cette dernière allait être électriquement restaurée avec des éléments provenant de la E 18 206 autrichienne radiée. Les deux machines allemandes intégrées aux ÖBB allaient encore être transformées à la fin des années soixante. Elles reçurent sur leurs parois frontales deux grandes fenêtres aux joints en caoutchouc et les grilles de ventilation basses furent enlevées. A la place, on installa deux bouches de ventilation à la place de fenêtres de la salle des machines. La 1018.101 fut radiée en 1980 ; la 1118.01 le fut quant-à elle en 1985 à la suite d’une panne de moteurs.

Le DB récupéra en 1953 les E 18 24, 28, 34, 44 et 048 revenues d’URSS en Allemagne de l’Est en échange de pièces détachées de locomotives à vapeur.

Comme il restait de nombreux éléments destinés à la construction des E 18 dans les ateliers des constructeurs AEG et Krupp, la DB fit procéder à la construction de deux locomotives supplémentaires. Numérotées E 18 054 et E 18 055, elles furent respectivement livrées au dépôt de Munich Hbf le 27 janvier et le 6 avril 1955.

Les E 18 de la DB restèrent constamment affectées au sud de l’Allemagne. A la fin de l’année 1957, elles étaient réparties comme suit :

Munich Hbf : 14 locomotives (E 18 02, 06, 08, 14, 16, 17, 20, 21, 22, 30, 045, 054 et 055)
Stuttgart : 13 locomotives (E 18 03, 10, 11, 12, 24, 28, 32, 34, 35, 41, 048, 050 et 053)
Nuremberg Hbf : 8 locomotives (E 18 13, 29, 36, 37, 38, 39, 44 et 047)
Ratisbonne : 6 locomotives (E 18 05, 25, 26, 27, 049 et 051)

Le dépôt d’Augsbourg avait perdu ses E 18 dès l’année 1950. Celui de Stuttgart allait suivre en 1958. Avec la mise en service des nouvelles E 101, le dépôt de Munich Hbf allait à son tour, entre 1962 et 1966, se séparer de ses E 18 au profit de celui de Freilassing.

Au premier janvier 1968, 41 locomotives E 18 étaient encore en service. Elles prirent alors la numérotation EDV pour former la série 118. Pour l’horaire d’été 1974, l’ensemble des machines fut concentré au dépôt de Würzburg. Elles ne le quitteront plus jusqu’à leur radiation.

Le domaine d’activité des E 18/118 incluait quasiment l’ensemble des lignes électrifiées du sud de l’Allemagne. On les voyait à Passau, Kufstein, Ludwigstadt, Kassel et Stuttgart ainsi qu’au départ de Salzbourg en Autriche. A partir du milieu des années cinquante, elles circulèrent également vers Mühlacker et Heidelberg puis jusqu’à Ludwigshafen.

Le plus long trajet effectué par une E 18 fut mis à l’horaire de 1965 avec la liaison Vienne – Würzburg. A partir de 1970, elles allaient jusqu’à Innsbruck. Leur prolongation de service jusqu’au Brenner fut un temps envisagée mais non effectuée à cause de leurs problèmes récurrents d’inscription en courbe.

Jusqu’au milieu des années soixante, certaines E 18 on tracté des trains spéciaux à destination de Cologne et de Hanovre. La plus longue distance quotidienne qu’elles aient eu à parcourir fut à la même époque de 968 km sur la ligne Munich – Stuttgart.

Les E 18/118 effectuèrent du service intensif jusqu’à la fin de l’horaire d’hiver 1982/83, concentrées sur la fin à la traction de trois paires de trains rapides entre Munich et Ratisbonne.
A l’horaire d’été qui s’ensuivit, le dépôt de Würzburg n’aligna plus que 11 locomotives en service régulier. Les autres 118 étaient en grande partie déjà en attente ou sur le chemin de la réforme aux ateliers de Kassel.

La fin fut alors très rapide, précipitée par l’arrivée massives des nouvelles locomotives de série 111 au dépôt de Munich 1. Les 118 de la DB quittèrent définitivement le service à l’été 1984. Une dernière paire de trains circula encore au crochet d’une 118 le 3 juin 1984 dont le rapide D985.
Neuf machines furent maintenues en état de marche afin de pouvoir participer à diverses cérémonies d’adieu. Au cours d’un tel événement, le dépôt de Würzburg présenta au public les 21 et 22 juillet 1984 les 118 et 144 dont il disposait encore.

Les radiations des E 18 de la DB eurent lieu dans l’ordre suivant :

18 octobre 1976 : 118 018
27 octobre 1977 : 118 011 et 017
26 octobre 1978 : 118 038
29 mai 1981 : 118 021 et 049
24 juin 1982 : 118 027 et 036
31 août 1983 : 118 006, 026, 028 et 037
30 novembre 1983 : 118 005, 014, 022, 025, 034, 035 et 055
29 février 1984 : 118 008, 010, 013, 016, 024, 029, 030, 032, 041, 044, 045 et 050
31 juillet 1984 : 118 002, 003, 012, 020, 039, 047, 048, 051, 053 et 054.

La DB a préservé en état de marche comme locomotives musées les 118 002, 003, 008, 047 et 054. La 118 008 a été restaurée dans sa livrée Blau-Grau DRG d’origine, renumérotée E 18 08. Elle a aussi retrouvé ses lanternes d’origine.

*****


En zone d’occupation soviétique, les E 18 24, 28, 34, 44 et 048 furent expédiées en URSS en 1946. Elles firent retour à la DR en 1952/53. Restées en Allemagne car trop endommagées, les E 18 04, 19, 23, 40 et 43 demeurèrent garées à Velten près de Berlin de 1945 à 1953.

La DR procéda à la remise en état des E 18 19, 31 et 43 à partir de pièces prélevées sur les E 18 04, 23 et 40 radiées. Les trois machines furent remises en service au dépôt de Leipzig Hbf Ouest en commençant par la E 18 31 en mai 1958, puis le E 18 19 en août 1959 et la E 18 43 en janvier 1961 mais en reprenant le numéro E 18 40.
La E 18 31 ne resta guère à Leipzig et rejoignit dès le 11 juillet 1958 le dépôt de Halle (Saale) P où elle participa notamment à des travaux de recherche.
En service régulier, les E 18 de la DR desservaient les lignes électrifiées au départ de Leipzig vers Halle (Saale), Magdebourg, Dessau, Zwickau (Sachs) et Reichenbach (Vogtl). Le service fut étendu jusqu’à Erfurt en 1967 puis à la ligne Riesa – Dresde en 1970.

En 1966, la DR prépara deux locomotives E 18 pour le service à 180 km/h afin de prendre la relève des deux locomotives à vapeur expérimentales 18 201 et 18 314. Pour ce faire, le dépôt de Leipzig Hbf Ouest transféra en octobre 1966 les E 18 19 et 40 au dépôt de Halle (Saale) P. La transformation porta principalement sur le renouvellement des roues motrices, des axes creux et de la transmission élastique. Malgré des modifications apportées aux boîtes d’engrenages et aux conduites de refroidissement, l’interchangeabilité des moteurs de traction avec ceux des locomotives E 04 fut maintenue.
L’on renonça à installer des freins supplémentaires. Une distance de freinage plus longue fut simplement prise en compte lors des essais à 180 km/h. Afin de simplifier la tâche des mécaniciens au démarrage et à l’accélération des machines, la conduite fut équipée de relais pas à pas. Ceux-ci contrôlaient le courant des moteurs de sorte que l’on puisse mener la machine à la limite de son adhérence sans déclencher le relai de surcharge. Leur plage d’action pouvait en plus être réglée sélectivement.

La E 18 19 se trouva prête en juin 1969 et la E 18 40 en août. Au cours d’un essai réalisé le 29 août 1969, la E 18 40 fut gravement endommagée suite à une collision. Elle fut radiée le 15 mai 1972 et ferraillée en avril 1973. Entre-temps, l’on réutilisa certains de ses équipements afin de transformer en remplacement la E 18 31.
Renumérotées 218 019 et 218 031 le 1er juillet 1970, les deux machines ont effectué du service de trains rapides et participé à des essais jusqu’en 1978, attachées au dépôt de Halle (Saale) P. La 218 031 a ensuite été préparée pour devenir locomotive musée.

*****


Quelques mots à propos des livrées post DRG de ces machines :

A la DB, à partir de 1949, les E 18 avaient une toiture gris-argent et une caisse vert « Chromoxyd ». Quelques unes ont porté la livrée vert-olive de l’US-Army, notamment la E 18 20.
La E 18 35 fut la première d’entre elles à porter en 1952 la livrée bleue des locomotives de vitesse de la DB. A l’exception de la E 18 28, toutes les E 18 de la DB en service portèrent cette livrée.
En 1975 enfin, trois locomotives, les 118 013, 028 et 049, reçurent une livrée bicolore turquoise et beige.

A la DR, les machines avaient lors de leur remise en service un toit noir, des caisses vertes, et le châssis et les roues noirs. Vers le milieu des années soixante, les châssis et les roues furent peints en rouge.

Tension et fréquence d’alimentation : 15 kV, 16 2/3 Hz
Puissance horaire : 3040 kW à 117 km/h
Puissance continue : 2840 kW à 122 km/h
Puissance spécifique : 28,0 kW/t
Disposition d’essieux : 1’Do1’
Entrainement : Transmission élastique Kleinow
Longueur hors tampons : 16920 mm
Empattement total : 12800 mm
Poids en ordre de marche : 108,5t
Masse adhérente : 78,1t
Vitesse maximale : 150 km/h (E 18 19, 31 et 40 portées à 180 km/h en 1969)
Constructeur : AEG
Equipementier électrique : AEG
Moteurs : 4 moteurs alternatifs à excitation série
Nombre total construit : 55
Numérotation DRG : E 18 01 à E 18 055
Première mise en service : 1935
Dernière radiation : 1984


























La E 18 en modèle :











Observateur désabusé
Prince Héréditaire du Bruxelbourg et Saroulmapoul délocalisé

La Principauté s'oppose fermement à l'annexion du Koikilenkoutt. Vive le Koikilenkoutt libre
Avatar de l’utilisateur
Rockandrail
Vertueux Du Goulag
 
Messages: 18621
Âge: 72
Enregistré le: 13 Déc 2007, 23:55
Localisation: Royan

Re: Petite Histoire de la DRG électrique

Messagepar gib
09 Mar 2013, 11:48

Tu peux nous en dire un peu plus sur la livrée turquoise et beige, Pierre ? Est-ce propre à la période IV ?
Il est dit parfois que toutes les guerres ne sont que des guerres de religion. Alors dites-moi le nom de ce Dieu qui les autorise à tuer l'amour (Apologue d'Alegranza)
autre activité
Avatar de l’utilisateur
gib
Votre Dévoué Gib
 
Messages: 4438
Âge: 72
Enregistré le: 17 Déc 2007, 16:25
Localisation: Fessenheim

Re: Petite Histoire de la DRG électrique

Messagepar POMidi
09 Mar 2013, 12:24

Je suis frappé par l'aspect très moderne de ces machines, dont le design n'est pas sans rappeler celles des 2D2 Etat.

Par leur longévité aussi et par le fait que dans les années 50 la DB ait récupéré les éléments restants pour en construire d'autres. Même si se sont des critères économiques qui ont du faire prendre ce choix, cela indique quand même que cette série donnait satisfaction.

Tout autre chose: nous ne pouvons que remarquer le nombre de machines électriques anciennes préservées en état de marche, tant en Allemagne qu'en Autriche, et qui roulent sans restriction sur le réseau national. Comme quoi c'est possible sans que cela soit considérer comme un risque inconsidéré pour le sécurité des circulations. A mettre en parallèle avec les rares sorties de notre CC 6570 nationale, bridée à 100 km/h, avec des restrictions dissuasives. Différence entre un pays de culture technique et un pays de culture bureaucratique ?

Merci en tout cas, Pierre pour cette nouvelle évocation qui nous en apprends tant sur une histoire de la traction électrique parallèle à la notre mais différente.

Pierre, mais d'en bas.
Grand commandeur de la banane jaune
Avatar de l’utilisateur
POMidi
Vaporiste De Gare
 
Messages: 5643
Âge: 68
Enregistré le: 14 Déc 2007, 11:52
Localisation: Midi-Pyrénées

PrécédenteSuivante

Retourner vers Histoire ferroviaire

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 1 invité