Petite histoire de la DRG

Les photographies, les récits, tout ce qui concerne le chemin de fer ancien.

Re: Petite histoire de la DRG

Messagepar POMidi
05 Fév 2008, 20:54

De plus en plus impressionnant :cool: :cool: :cool:

Un travail Kolosal.

Le secrétaire général de Muniste.com est un modèle pour les travailleurs. :D

Amicalement.

Pierre
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Re: Petite histoire de la DRG

Messagepar Rockandrail
05 Fév 2008, 22:58

Merci! Mais pas trop le moral pour poursuivre actuellement. :cry:
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Re: Petite histoire de la DRG

Messagepar XTof_vl
05 Fév 2008, 23:00

Avec le fichier que je suis en train de préparer, cela te donnera de quoi de booster!
L'Attila du train Ho
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Voyou!


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Re: Petite histoire de la DRG

Messagepar Rockandrail
09 Fév 2008, 00:12

H36


1-1-7) La série 19


1-1-7-1) Les locomotives de série 19 d’origine saxonne

1-1-7-1-1) Série 190 : anciennement sä. XX HV


L’une des rares locomotives de type « 141 » allemandes

Alors que les XVIII H (BR 180) sont encore en construction, le Directeurs des Constructions des Chemins de Fer de Saxe soumet la proposition de développer une locomotive de catégorie 1’D1’h4v équipée des roues motrices d’un diamètre de 1905 mm. Il s’agit là d’une première tentative en Europe de développer un locomotive qui concilie les performances nécessaires aux services de plaine et de montagne.

Dès 1917, la Fabrique Saxonne de Locomotives reçoit une commande pour cinq locomotives de la série XX HV. Les premières machines sortent d’usine le 8 mars 1918.
La livraison de cette machine n’est pas seulement un événement en Allemagne. Dans l’Europe entière, elle attire l’attention du public averti car elle est à ce moment la plus grosse des locomotives de vitesse à avoir été construite.
Pour marquer l’événement, on a même bouleversé le numéro de fabrication. Les cinq premières machines auraient normalement dû être livrées par les ateliers sous les numéros 3976 à 3980. A la place, le numéro 3976 sera attribué à une XI HT et la première des XX HV recevra le numéro 4000.
De ce fait, elle porte un numéro supérieur aux quatre machines qui l’ont suivie dans l’ordre de la construction. Comme la DRG intégrait les machines en suivant l’ordre numérique croissant, cette machine, première de la série, portera le numéro 19 005.

Le cahier des charges demandait de pouvoir tracter une charge de 630t à 100 km/h en plaine, et de 495t à 50 km/h sur une rampe de 10‰. Ces prévisions seront dépassées : la machine pourra tracter 585t dans ces conditions. Attelée à 275t (sept voitures de grande ligne), elle grimpera la rampe de Tharandt à 40 km/h. Sur la ligne difficile reliant Dresde à Hof par Reichenbach, les machines répondent exactement aux attentes que l’on avaient mises en elles.
Par contre, les essais en plaine entre Dresde et Berlin révèlent une consommation de charbon très élevée, supérieure à celle des XVIII H.

Les troisièmes et quatrièmes séries de construction de quatre machines chacune, livrées en 1922 et 1923 seront directement immatriculées à la DRG, sans recevoir de numéro saxon.
Grâce à ces machines, la demande urgente de locomotives de vitesse lourdes sur les réseaux de Hesse et du Württemberg est comblée.
Les quatre machines de 1922 vont au dépôt de Stuttgart – Rosenstein ; celles de 1923 vont à Francfort sur le Main 1, où elles sont regroupées avec les prussiennes P10 elle aussi nouvellement livrées.

Cette région n’était cependant pas le meilleur choix pour mettre en avant leurs performances. Sur les fortes rampes, elles sont surclassées par les P10, de masse supérieure ; sur les lignes à grande vitesse, elles sont défavorisées par leur consommation.

De ce fait et dès 1925, les huit machines de Saxe retournent aux dépôts de Dresde et de Reichenbach.
Le caractère de la ligne de Dresde à Hof, avec ses changements de pente fréquents, offre un équilibre parfait entre puissance requise et consommation de charbon. C’est là que les « Sachsenstolz » (les « fières saxonnes ») comme elles seront surnommées donnent leur pleine mesure.

Les raisons de la surconsommation à grande vitesse tenait aux caractéristiques mêmes des locomotives : comme la Prusse et la Saxe ne disposaient que de ponts tournants de 20m, les plus longues des machines devaient rester en deçà de ces cotes. Avec un entraxe de 19182 mm, on avait atteint la limite des possibilités d’exploitation. Cette contrainte avait eu pour résultat un réduction de la taille des groupes cylindres. La section des échappements à basse pression était trop petite et générait une perte de charge trop importante entre les cylindres à haute et basse pression. Pour compenser cela, il fallait pousser la machine, avec pour résultante la surconsommation.

Lors de la création de la DRG en 1920, il fallut prendre des décisions concernant le sort réservé aux machines construites par les anciens états peu avant leur disparition, comme la S101 et la XX HV. A la tête des commissions d’évaluation, on trouvait le Comité de Recherche sur les Locomotives de Grunewald, anciennement décideur pour les chemins de fer de Prusse. La préférence avérée de ce comité pour les locomotives à deux cylindres, à vapeur surchauffée et simple expansion (toujours l’héritage de Garbe), n’allait pas dans le sens d’une poursuite de la construction des XX HV.
On en resta donc là. Les 23 machines finalement construites furent définitivement affectées aux dépôts de Dresde et de Reichenbach d’où elles assurèrent, jusqu’au milieu des années 30, les trajets reliant Leipzig à Ratisbonne et vers Nuremberg et Bayreuth.

Les machines épargnées par la deuxième guerre mondiale allèrent dès 1945 au Raw de Zwickau afin d’y subir une modernisation : de nouveaux blocs cylindres, des roues aux rayons renforcés, de nouvelles bielles.
Les machines reprirent du service pour dix ans à Reichenbach. Trop abîmées par la guerre, les machines 19 011, 19 020 et 19 021 furent radiées en 1951. Les 19 015, 19 017 et 19 022 servirent de locomotives de freinage à Halle ; les 19 015 et 19 022 subirent ensuite une reconstruction de base. Finalement, la 19 017, remise dans son état d’origine à la DRG, rejoignit le musée des transports de Dresde en 1973.

Catégorie : 1’D1’h4v
Distribution : S46.17
Diamètre des roues motrices : 1905 mm
Vitesse maxi : 120km/h
Fabricant : Hartmann
Première mise en service : 1918
Tender : sä.2’2T31 avec 7t de charbon
Nombre total construit : 23
Nombre intégré à la DRG : 23
Numérotation : 19 001 à 19 023
Dates de réforme : 1951 à 1973

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Re: Petite histoire de la DRG

Messagepar Rockandrail
09 Fév 2008, 00:14

H37


Avec la série 19, nous sommes arrivés au bout de notre exploration des locomotives de vitesse des anciens états allemands intégrées à la DRG. Pour clore ce chapitre en beauté, je vous propose le tableau récapitulatif suivant :



Le total intégré s’élève donc à 1435 locomotives. Cependant, si l’on analyse ce nombre d’un peu plus près, on se rend compte que seules les machines de catégorie 2’C et 2’C1’ sont suffisamment récentes et puissantes pour prétendre être encore au niveau du service attendu à partir de 1919. Le total de ces machines n’est plus que de 767. C’est peu pour desservir 55000 km de lignes.

Dans le contexte historique très défavorable que nous allons nous attacher à rappeler, le chapitre suivant va nous emmener dans l’aventure de la construction des machines de vitesse unifiées, machines de légende, machines de records, machines de prouesse technique. Machines de propagande aussi lorsque l’Allemagne sombrera dans la période la plus noire de son histoire.
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Re: Petite histoire de la DRG

Messagepar Rockandrail
09 Fév 2008, 18:30

H38


1-2) Les locomotives unifiées

Introduction : le contexte historique

La fin de la première guerre mondiale


Le 8 août 1918 au soir, après que l’offensive menée pas les Français sous les ordres de Debeney et par les Anglais sous les ordres de Rawlinson a définitivement rompu le front de la guerre en faveur des alliés, le General Feldmarschal von Hindenburg commandant en chef des armées Allemandes quitte le bureau de l’empereur Guillaume II. Ils viennent d’échanger les mots suivants :

Hindenburg : « Je n’ai plus d’espoir de trouver un expédient stratégique susceptible de retourner la situation à notre avantage. La conduite des opérations ne peut être désormais qu’un jeu de hasard. Le destin du peuple Allemand est, à mes yeux, un enjeu trop important pour être risqué sur un coup de dés. Il faut arrêter la guerre. »

Guillaume II : « Je vois qu’il faut faire le bilan. Nous avons atteint la limite de nos possibilités, la guerre doit être arrêtée. »

Le 14 septembre 1918, à Spa, en Belgique occupée, se tient le Conseil Impérial devant l’empereur Guillaume II et son fils aîné, le Kronprinz. L’ordre du jour en est l’approbation par le Chancelier et les principaux ministres de la note suivante : « Le gouvernement d’Empire est prêt à prendre part immédiatement à des pourparlers en pays neutre dès qu’on pourra y procéder ». Le 16 octobre, le prince Max de Bade est chargé de mener les négociations d’un armistice et se voit proposer la fonction de Chancelier du Reich, qu’il accepte.

L’ordre du jour est d’arrêter la guerre le plus vite possible dans les moins mauvaises conditions. Il n’est pas envisagé de modifier le statut et la gouvernance de l’Allemagne. Les événements vont pourtant en décider autrement en se précipitant.

Le général Pétain et Clemenceau sont confiants dans leurs capacités à une victoire maintenant rapide. Une offensive engageant pas moins de 40 divisions est planifiée pour le 15 novembre.
Le 24 octobre, Wilson qui a pour objectif le démantèlement des empires d’Europe, rappelle que les alliés « ne sauraient traiter avec ceux qui jusqu’à présent ont été les maîtres de la politique allemande : les Nations du monde ne se fient pas et ne peuvent se fier à ceux-ci. »

La conclusion est sans appel : « S’il doit traiter avec les maîtres militaires et les autocrates monarchiques de l’Allemagne, ou s’il y a des chances qu’il ait à traiter avec eux plus tard au sujet des obligations internationales de l’empire allemand, le gouvernement des Etats-Unis doit exiger non des négociations de paix, mais une reddition. Il n’y a aucun avantage à ne pas le dire. »

Pour les partis de la gauche révolutionnaire allemande, le signe est donné : les Etats-Unis soutiendront – au moins implicitement – un renversement du régime en place.

Le 24 octobre la Hongrie proclame sa séparation de l’empire autrichien. Le 30 octobre, la République est proclamée à Budapest.

A Berlin, Max de Bade, dont la popularité est bonne et qui pourrait jouer un grand rôle modérateur, est cloué au lit par la grippe espagnole. Celle-ci, partie de Paris a gagné l’Allemagne et fait des ravages. Bien que le Reichstag lui renouvelle sa confiance le même jour à une écrasante majorité, la gauche sociale démocrate incluse, la voie est libre pour l’insurrection.

Luddendorf, qui a pris connaissance de la note de Wilson, enjoint l’empereur de continuer la lutte. Mais celui-ci a déjà pris sa décision. Luddendorf démissionne. Les deux hommes ne se reverront plus.

Le samedi 2 novembre, au comité central des partis démocratiques, Emil Barth, vieux syndicaliste dur est monté à la tribune. « Camarades, le temps de l’action est enfin venu…C’est nous, camarades, qui devons être les porteurs de la paix ! »

Il y a dans la salle Karl Liebknecht, chef des « Spartakistes », qui réincarnent le mouvement de révolte de Spartacus ; il y a Müller et Daumig, leaders syndicalistes plus modérés ; Haase, Lebedour et Dittmann, meneurs des « indépendants », c’est-à-dire l’aile extrémiste du parti social démocrate que représentent au parlement les modérés Ebert et Scheidemann. Ces trois là travaillent au corps depuis 1917 les marins de Kiel en appelant à la mutinerie.

Liebknecht parle à son tour : « il faut un putsch, une vraie révolution, avec grève générale, sabotages, exécutions des militaires, refus du service ! »

Il est proposé de commencer la Révolution le 4 novembre. C’est trop tôt. Tout le monde n’est pas prêt. On passe au vote. Ce sera pour le 10 novembre.
Dès le 2, cependant, la révolte éclate à Kiel. Rapidement, la police et les troupes en place prennent fait et cause pour les émeutiers. La propagation est rapide.

Pendant ce temps, les pourparlers ont commencé dans la clairière de Rethondes. L’Allemagne n’a plus guère d’illusions : les conditions seront dures.

Guillaume II est toujours à Spa. Au matin du 9 novembre, Max de Bade rédige le texte annonçant l’abdication de l’Empereur. C’est le dernier espoir d’éviter la guerre civile. L’insurrection a gagné Berlin. La grève générale est déclarée. L’état major assure que la troupe ne lèvera pas les armes contre l’Empereur mais qu’elle n’ira pas au combat contre le peuple pour le maintenir.

A 14H15, Guillaume II paraphe le document suivant :

« Pour éviter l’effusion de sang, Sa Majesté est prête à abdiquer comme empereur allemand, non comme roi de Prusse »

Dans l’après-midi, à Berlin, Max de Bade s’efface au profit de Friedrich Ebert qui prête serment de Chancelier, encore sur la constitution impériale. Le palais impérial est envahi.
Scheidemann, leader des Sociaux Démocrates se précipite au Reichstag d’où il proclame la République à la foule. Ce faisant, il prend de court les factions les plus extrémistes et sauve l’autorité de l’assemblée. Dans la nuit, Ebert parvient à former un gouvernement.

Dimanche 10 novembre à 6 heure du matin, à Mouland, les gardes frontière Hollandais voient arriver un étrange convoi : c’est Guillaume II et sa suite qui partent pour l’exil.
Le 11 novembre à 11 heures sonne la fin des combats signée dans la voiture salon 2419 D des CIWL.
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Re: Petite histoire de la DRG

Messagepar Rockandrail
09 Fév 2008, 18:43

H39


Les lendemains immédiats de l’armistice


En moins de trois mois, le deuxième Reich, proclamé à Versailles en janvier 1871, s’est effondré et avec lui, toute l’organisation politique de l’Allemagne impériale.

Une nouvelle ère commence : le 6 février 1919, l’Assemblée Nationale se réunit afin de doter l’Allemagne d’une constitution Républicaine. Le 11, Friedrich Ebert est élu Président de la République. Le 18, les couleurs impériales sont abolies au profit du drapeau noir, rouge et jaune encore en usage de nos jours.

Dès le 20 juin, cependant, le premier gouvernement démocratique dirigé par Philipp Scheidemann tombe suite aux premiers désaccords engendrés par la future tenue du congrès de Versailles devant mener à la rédaction du traité de paix.

Celui-ci est signé le 28 juin. Son entrée en application sera cependant repoussée jusqu’au 10 janvier 1920 car les différends entre anciens alliés quant à ses modalités d’application vont vite se faire sentir.

Le 11 août 1919, enfin, l’adoption de la Constitution de la République Allemande est officiellement proclamée dans le théâtre national de Weimar. C’est de là que tirera son nom de "République de Weimar" la période de l’Histoire Allemande qui va de la fin de la première guerre mondiale à l’avènement du Nazisme.


Le traité de Versailles



Le traité de Versailles de 1919 annonce la création de la Société des Nations et détermine les conditions de la paix entre l'Allemagne et les Alliés de la Première Guerre mondiale.
Élaboré au cours de la conférence de Paris, le traité est signé le 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, annulation emblématique de la proclamation de l’Unité Allemande effectuée au même endroit 50 ans auparavant, et promulgué le 10 janvier 1920. L'Allemagne, qui n'est pas représentée au cours de la conférence, se voit privée de ses colonies et d'une partie de ses droits militaires, amputée de certains territoires et astreinte à de lourdes sanctions économiques.

Les acteurs principaux de cet acte historique sont Lloyd George, Premier ministre britannique, Vittorio Orlando, Président du Conseil italien, Georges Clemenceau, son homologue français et Woodrow Wilson, le président des États-Unis.

Sur de nombreux points, les positions de ces hommes divergent. Le président américain veut mettre en place une nouvelle politique internationale dont il a exposé les principes directeurs dans ses Quatorze points comme suit :


1. Négociations de paix publiques.
2. Liberté de navigation maritime.
3. Liberté de commerce international.
4. Limitation concertée des armements.
5. Règlement impartial des questions coloniales.
6. Évacuation de la Russie.
7. Évacuation et restauration de la Belgique.
8. Retour de l'Alsace-Lorraine à la France.
9. Rectifications des frontières italiennes selon les limites des nationalités.
10. Indépendance des peuples de l'Empire austro-hongrois.
11. Évacuation de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro.
12. Limitation de la souveraineté ottomane aux seules régions turques.
13. Création d'un État polonais avec libre accès à la mer.
14. Création de la Société des nations

Pour lui, la nouvelle diplomatie doit être fondée sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et sur la collaboration entre États. Il dispose d'un grand prestige et d'un poids politique considérable car ses troupes ont grandement contribué à la victoire finale des alliés. Il cherche à ménager l'Allemagne pour éviter qu'un esprit revanchard ne s'y développe.

Les responsables anglais tiennent aussi à laisser à l'Allemagne une certaine puissance. Fidèles à leur théorie d'équilibre entre les puissances, ils tiennent à empêcher la France d'acquérir une hégémonie en Europe continentale. Clemenceau, au contraire, cherche à imposer de lourdes indemnités pour limiter la puissance économique et politique de l'Allemagne, et pour financer la reconstruction de la France. Au final, le traité est un compromis qui ne satisfait personne.

Le traité a pour bases les principes suivants :

L’Allemagne endosse la responsabilité morale du conflit et doit en conséquence régler des dommages de guerre.
Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes est reconnu ;
Afin éviter de futurs conflits, une instance internationale chargée de les régler sera créée (la SDN).

Les principales dispositions du traité sont :

d'un point de vue territorial :

Le retour de l'Alsace et de la Lorraine à la France.
L’attribution des cantons d'Eupen et de Malmédy à la Belgique, ainsi que la Vennbahn.
L’attribution d'une partie du Schleswig-Holstein, qui comporte une population danoise, au Danemark, qui pourtant n'a pas combattu.
L’attribution de la Posnanie et de la Prusse occidentale au nouvel État polonais, ainsi qu'un couloir rejoignant la mer Baltique.
La perte de son Empire colonial qui sera partagé entre la Belgique, la France, le Japon et le Royaume-Uni, sous mandat de la Société des Nations.

Pour protéger la France, la Sarre est placée sous administration internationale et la rive gauche du Rhin, plus Coblence, Mayence et Cologne, sont démilitarisées.
La Haute Silésie et la ville de Dantzig sont placées sous tutelle provisoire des alliés.
L’Anschluss - l'union avec l'Autriche - est interdite.

d'un point de vue militaire :

L’Allemagne est désarmée et ne peut se réarmer.
Elle doit livrer 5 000 canons, 25 000 avions, ses quelques blindés et toute sa flotte (qui se sabordera dans la baie écossaise de Scapa Flow).
La Rhénanie est complètement démilitarisée.
L’armée sera limitée à un effectif de 100 000 hommes et le service militaire est aboli
Elle n'a plus droit aux chars, à l'artillerie et à l'aviation militaire.

Suite aux dommages causés pendant toute la durée de la guerre dans le Nord de la France et en Belgique - et étant considérée comme la responsable de la guerre - l'Allemagne devra payer de fortes réparations à ces deux pays.
Une commission ultérieure a, en 1921, fixé le montant des réparations financières à 132 milliards de marks or, ce qui est une somme réellement élevée.

D’un point de vue strictement économique, la somme des réparations est pleinement justifiée. La totalité des combats s’est déroulée sur les sols Français et Belge. Le nord et l’est de la France sont ravagés, à tel point que dans la région de Verdun, des villages ont entièrement disparu, qui ne seront jamais reconstruits.

Néanmoins, avec une telle somme, l'Allemagne n'avait réellement aucune chance de sortir de la crise économique et politique qui la secoue après guerre. L’Allemagne a perdu la guerre économiquement et non militairement. Elle est asphyxiée plus que vaincue. La dureté des conditions sera ressentie comme une humiliation.

Si les Anglais auront des positions modérées quant aux échéances à payer pour les réparations, la France sera d’une intransigeance constante. De ce point de vue, et sans ôter en rien la responsabilité de la machine impériale de guerre Allemande dans le déclenchement du conflit, le refus de prendre en compte la réalité nouvelle que représentaient les Républicains sociaux démocrates, eux-mêmes attaqués sur leur gauche par les tenants de la révolution bolchevique, et sur leur droite par les revanchards conduits initialement par Luddendorf, fut, à mon avis, une erreur politique grave.

Le montant des réparations et le Traité de Versailles jouèrent un rôle relativement important dans le sentiment de rancœur allemand et participèrent à l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler — qui refusa toujours violemment la responsabilité de la guerre 1914-18 à l'Allemagne et dénonça le payement des réparations à l'« ennemi héréditaire du peuple allemand : la France » par le gouvernement allemand de l'époque.

Plusieurs sanctions commerciales et des livraisons en nature complètent ce volet économique :

L'Allemagne perd la propriété de tous ses brevets. Les fleuves Rhin, Oder, Elbe sont internationalisés et l'Allemagne doit admettre les marchandises en provenance d'Alsace-Lorraine et de Posnanie sans droits de douane. En outre, le pays doit livrer aux Alliés du matériel et des produits agricoles.
A noter également la création d'un système de protection des minorités dans les Etats nouvellement créés comme la Tchécoslovaquie et la Pologne.

L'État polonais est recréé par regroupement de morceaux venant des empires russe, austro-hongrois et allemand. Ses nouveaux territoires possédaient parfois de fortes minorités germanophones et le Corridor de Dantzig qui lui donne accès à la mer est bien étroit, mais sépare l'Allemagne de la Prusse orientale.

Ainsi, l'Allemagne se voit amputée de 15% de son territoire et de 10% de sa population, mais ce qui scandalise le plus les Allemands, c'est la création du couloir de Dantzig. Cette étroite bande de terre attribuée aux Polonais brise l'unité allemande en séparant la Prusse orientale du reste de la patrie. Ils vivent ce traité, qualifié de «Diktat», comme une humiliation terrible, qui, bien loin d'apaiser les tensions, nourrira un profond désir de revanche attisé par les discours des militaires et des politiques. Le «Diktat» de Versailles deviendra ainsi un des thèmes majeurs du discours hitlérien.
Dès sa signature, ce traité est remis en cause. Les plénipotentiaires allemands ont été appelés uniquement pour signer et n'ont rien pu négocier. Le Sénat américain refusera de le ratifier et donc empêchera les États-Unis d'entrer à la SDN.
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Re: Petite histoire de la DRG

Messagepar Rockandrail
09 Fév 2008, 18:45

H40


L’inflation et l’occupation de la Rhur

Le 4 janvier 1923, la dernière des conférences de Paris tentant de trouver un terrain d’entente sur le montant final et les échéances de réparation échoue, à nouveau devant l’intransigeance française. Entre-temps, l’Allemagne, par la voix de son gouvernement, a déclaré suspendre tout paiement.

En réponse, le 11 janvier, les troupes franco-belges occupent la Ruhr et mettent un embargo sur le charbon à destination de l’Allemagne intérieure. Emeutes, débuts de famine, manifestations violentes ont lieu dans toute l’Allemagne. La résistance passive en zone occupée amène au déplacement forcé de 150.000 personnes sur la rive droite du Rhin.

Le 27 janvier, Munich est placée en état d’alerte : ce jour là se tient la première journée nationale du parti NSDAP dont la parole est de plus en plus écoutée. Surtout celle de son leader, Adolf Hitler.
Le 8 novembre 1923, dans les sous sols de la brasserie Keller, Hitler proclame la « Révolution Nationale » et déclare ne plus reconnaître le gouvernement fédéral ni celui du Land de Bavière. Le lendemain, il marche accompagné de Luddendorf vers l’hôtel de ville de Munich. Mais la présence de l’ancien chef d’Etat Major des armées impériales ne suffit pas à emporter la police et l’armée qui restent fidèles à la République. Hitler et les putschistes sont arrêtés. Les sanctions seront assez bénignes. Mais pour un temps, la situation politique est rétablie.

L’inflation

L’embargo sur le commerce extérieur, le blocage des frontières et l’asphyxie de l’économie provoquent une gigantesque crise de dévaluation du mark. Voici en effet l’évolution du cours de la monnaie en 1923 par rapport au dollar :

03.01. 7 525 Mark
31.01. 41 000 Mark
05.03. 22 767 Mark
02.05. 31 700 Mark
22.05. 53 000 Mark
01.06. 74 750 Mark
13.06. 100 000 Mark
21.06. 131 000 Mark
09.07. 180 000 Mark
20.07. 284 000 Mark
25.07. 600 000 Mark
14.08. 3 000 000 Mark
28.08. 6 300 000 Mark
06.09. 33 200 000 Mark
13.09. 92 400 000 Mark
20.09. 182 000 000 Mark
01.10. 242 000 000 Mark
08.10. 838 000 000 Mark
12.10. 4 000 000 000 Mark
19.10. 12 000 000 000 Mark
26.10. 65 000 000 000 Mark
01.11. 130 000 000 000 Mark
11.11. 631 000 000 000 Mark
20.11. 4 200 000 000 000 Mark

A la suite du putsch manqué, le président Ebert nomme Hjalmar Schacht ministre des finances. Celui-ci en quelques jours rétablit la confiance des marchés et fonde le nouveau Reichsmark : 1 nouveau mark or étant échangé contre 1000 milliards d’anciens marks. Schacht deviendra ministre des finances d’Hitler et sera le seul acquitté du procès de Nuremberg.
Cette inflation a marqué durablement les esprits allemands : la politique continue du mark fort à la fin du 20è siècle et, de nos jours, le soutien sans faille de l’Allemagne à l’Euro fort sont encore à chercher dans le souvenir de cette époque.
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Re: Petite histoire de la DRG

Messagepar Rockandrail
09 Fév 2008, 18:46

H41


Référence bibliographiques :

A tous ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances de cette époque clé de l’Histoire contemporaine, je recommande la lecture des cinq ouvrages suivants :

De Patrick de Gmeline : « Le 11 novembre 1918 » - Presses de la Cité 1998

De Werner Beumelburg, traduit de l’allemand par L. Koetz : « La guerre de 14-18 racontée par un Allemand » - Editions Bartillat 1998

De René Rémond : « Notre siècle » de 1918 à 1991, troisième tome de l’ « Histoire de France » dirigée par Jean Favier. – Fayard 1991

De Joseph Rovan : « Histoire de l’Allemagne » - Seuil 1994 -1998

De François Fetjö : « Requiem pour un empire défunt – Histoire de la destruction de l’Autriche-Hongrie » - Edima/Lieu commun 1988 et 1992

Et pour remonter aux origines politiques de l’antagonisme franco-allemand :

De François Roth : « La guerre de 70 » - Fayard 1990
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Re: Petite histoire de la DRG

Messagepar Rockandrail
09 Fév 2008, 18:49

H42


Les chemins de fer dans la tourmente


Malgré le trouble de la période, malgré les crises financières, politiques, sociales, les ingénieurs travaillent. Nous l’avons vu, un immense travail de recensement des moyens ferroviaires est effectué, l’électrification démarre, de nouvelles lignes sont construites, d’anciennes sont fermées. La DRG est un moment sur le point d’être privatisée par manque de capitaux. Les prix des transports, indépendamment de l’inflation, ont considérablement augmenté. Mais l’histoire ferroviaire poursuit son chemin.

En 1925, la situation est apaisée. La République de Weimar a trouvé ses marques. La Rhur a été évacuée. Stresemann en Allemagne, Briand en France ont une vision humaniste et pragmatique des relations que doivent entretenir les deux pays pour parvenir à une paix durable. Le parti National Socialiste a été réduit au silence. En un mot, ça aurait pu marcher.
La disparition brutale de Stresemann d’une part et l’arrivée en Europe de la crise de « 29 » ruineront ces espérances. Mais pour l’instant, l’heure est à la reprise et à l’unification.

Contrairement aux locomotives des anciens Etats qui s’étaient vues sériées et numérotées à la DRG en fonction de la distribution de leurs essieux, les locomotives unifiées voient leurs numéros incrémentés au fur et à mesure de leur conception. Nous adopterons donc pour cette deuxième partie consacrée aux locomotives de vitesse construites directement pour la DRG, l’ordre chronologique de leur première mise en service.

Le premier février 1925, le sigle DRG est utilisé pour la première fois pour qualifier des chemins de fer. Le 3 juillet, Julius Dorpmüller devient le premier directeur général de la DRG. Le 6 novembre, la première locomotive unifiée est mise en service, simultanément avec l'ouverture d'une ligne directe reliant Cologne à Constantinople.
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