Suite au dernier échange que nous avons eu, Bernard et moi, je me suis dit qu'il serait sans doute temps que je vous donne quelques tuyaux (percés) sur la façon dont j'opère pour résoudre et sélectionner les problèmes que je vous inflige chaque semaine.
Rien de bien mystérieux à vrai dire, mais je ne m'amuse pas à faire des schémas à chaque fois : j'ai certes développé une méthode efficace pour les "dessiner" sur écran mais il me faut tout de même une bonne dizaine de minutes pour dessiner une solution de 8 à 10 coups. Et quand j'examine de nombreux problèmes, c'est rédhibitoire. Alors j'ai développé ma propre notation, une sorte de codage sur une ligne qui s'écrit très vite sur papier et encore mieux sur PC avec un traitement de texte qui permet de corriger, revenir en arrière, changer une option, etc. etc.
Pour vous donner une idée de cette notation le mieux est de vous donner une solution complète pour un problème simple, par exemple à 3 ouagons :
ACB
0 -
AC
1B -
AB2C - ABC
3Explications :
- Chaque groupe représente une étape dont le rang est indiqué par un nombre en exposant/indice (j'utilise des indices mais ici cela ne semble pas possible, donc je l'ai mis en exposant, ce qui revient au même). Ce nombre est en fait un "séparateur" et c'est ainsi que je l'appellerai par la suite pour simplifier les choses. Et il sépare quoi ? Les deux voies du triage.
- Point (très) important et déroutant quand on n'a pas l'habitude : les deux voies sont symétriques et a priori rien ne les distingue, sauf... que la loco de manoeuvre se trouve sur l'une ou l'autre mais jamais sur les deux en même temps. Donc la convention est : la voie à gauche (ou devant) le séparateur est toujours celle sur laquelle se trouve la loco. On se place en quelque sorte du point de vue du conducteur de la loco. La conséquence principale (et déroutante) est que d'une étape à l'autre les deux voies sont à chaque fois inversées !
Dites-vous qu'on s'y fait très bien. Et cela présente divers avantages. Le premier est qu'il n'y a pas besoin d'un symbole quelconque pour représenter la loco : elle est toujours et systématiquement tout à gauche, en tête de chaque groupe. Les ouagons rouges sont ceux qui vont rester attelés à la loco et être déplacés pour parvenir à l'étape suivante. Ce n'est pas une indication indispensable, mais elle aide beaucoup à "lire" et comprendre la solution. En fait on pourrait décrire une solution complète uniquement avec les ouagons rouges. L'exemple donné plus haut deviendrait alors :
ACB
0 - AC
1 - A
2 - AB
3Encore plus obscur

mais tout y est !

L'étape 0 est ici le point de départ et donne la rame de départ complète. Inutile de dire que je ne me sers pas souvent de cette dernière notation ultra-compacte, mais à l'occasion elle peut être utile pour comparer deux solutions, ou les solutions à deux problèmes voisins. Par exemple pour discerner des règles de simplification, ou trouver un motif récurrent pour un certain type de problèmes, etc.
Pour en revenir à la notation complète illustrée plus haut, le passage d'une étape à la suivante consiste en fait à inverser les deux segments de rame en noir de part et d'autre du séparateur. Ainsi, pour prendre un exemple un peu plus complexe :
ABCFG
5DE donnera ABCDE
6FG
où FG (à gauche du séparateur
5) est échangé avec DE à droite de ce séparateur. Facile, non ?
Bien sûr avec des problèmes plus complexes les solutions sont plus longues et plus complexes elles aussi à déchiffrer, mais avec un peu d'habitude, comme je le dis plus haut, on s'y fait assez vite et on arrive à "lire" ou à "voir" des règles et des schémas simplificateurs.
Le seul inconvénient de cette notation est qu'elle n'a plus grand chose à voir avec les trains : cela devient de la théorie pure, des manoeuvres abstraites. Presque cubiques pourrait-on dire. De là à se prendre pour le Picasso du triage...
bw
[S'il y a des questions dans la salle je peux développer certains aspects car là je n'ai fait qu'effleurer le sujet !]