1955, l’année du record de vitesse SNCFAlors que JEP développait sa gamme 00, une petite firme proposait quelques jouets de ferblanterie, sous la forme d’un modeste autorail jouet à clé, l’Alger Tombouctou, bientôt suivi d’une locomotive à vapeur mécanique 020 s’inspirant plus que vaguement de la Pacific Etat carénée, mais à la caisse déjà moulée en plastique, remorquant une voiture de la Compagnie des Wagons Lits encore en tôle lithographiée…
Cependant JOUEF, contraction du Jouet Français, allait bientôt se spécialiser exclusivement dans le moulage plastique, permettant une large diffusion de modèles bons marchés, solides et s’inspirant de plus en plus fidèlement de la réalité, à l’image des BB 9003 – 9004.
Et la réalité pour les chemins de fer français de cette époque, c’était d’explorer les capacités et d’établir si possible un nouveau record de vitesse en traction électrique, symbole de la reconstruction et du renouveau de l’après guerre. La SNCF venait de terminer l’électrification de la section Paris – Lyon en 1950 qui avait d’ailleurs inspiré la 2D2 9100 JEP en H0.
Cependant, la conception de ces locomotives, avec bogies porteurs était ancienne, reprenant des principes datant des années 30. D’ailleurs, soucieuse de moderniser son parc, la SNCF avait commandé entre 1952 et 1954 quatre locomotives prototypes, les 9001 – 9002, et 9003 – 9004 afin d’expérimenter le type BB à adhérence totale en complément des récentes CC 7100.
Une aubaine pour JOUEF qui proposa en 1954 une BB 9003, s’inscrivant pleinement dans la modernité, tant par le sujet reproduit que par la technique utilisée, le moulage plastique permettant à moindre coût de restituer très correctement le prototype réel.
Le 21 janvier 1954, la CC 7121 roulait à 243 km/h entre Beaune et Dijon. L’année suivante, deux motrices pulvérisèrent ce record éphémère. A cette date en effet, la SNCF lança une campagne afin de dépasser la barre symbolique des 300 km/h sur rail.
Le 28 mars 1955, la CC 7107 atteint la vitesse de 331 km/h sur la ligne des Landes, entre Bordeaux et Dax. Le lendemain, ce record était égalé par la BB 9004, roulant sur la même ligne.
Pas de chance pour JOUEF, qui dut reprendre en urgence le moule de sa toute nouvelle création afin de profiter du formidable retentissement mondial du nouveau record. La BB 9003 devient 9004.
Mais coup de chance pour JOUEF, qui disposait maintenant d’une machine mondialement connue, proposée à un prix imbattable grâce à la maîtrise du moulage plastique. Et JOUEF allait communiquer en ce sens, le catalogue et les coffrets firent largement référence à ce record.
Téléchargez le catalogue JOUEF 1955…Au début des années 60, la messe était dite, le moulage plastique triomphait des méthodes de fabrications ancestrales mises en œuvre jusqu’alors par JEP.
A titre d’exemple, la gare JOUEF complète, de belle facture, à l’échelle et évoquant parfaitement une architecture réelle coûtait alors 1500 F ; la gare JEP concurrente, en contre plaqué assemblé à la main, était proposée quant à elle à 2265 F, bien trop cher pour un bâtiment grossier.
Au début des années 60, JEP conserve le même slogan, mais 10 ans sont passés ! La vénérable firme tenta bien de réagir, mais la gamme plastique proposée était décevante, la qualité médiocre et coût encore élevé ne permirent pas à JEP d’opérer son redressement, d’autant qu’Hornby venait de se lancer avec succès dans l’aventure du H0.
JEP stoppa la fabrication de ses trains en 1963 laissant JOUEF effectuer avec succès sa métamorphose, du jouet de grande diffusion aux modèles destinés aux amateurs adultes.