Le parc de départ de la DRG
Les chemins de fer du Reich commandèrent dès l’unification en 1920, 92 locomotives électriques et 3 automotrices pour le réseau S-Bahn de Berlin. Jusqu’à la fin de l’année 1921, le parc de locomotive s’accrût de 113 unités de pas moins de 20 séries différentes. Au cours des seules années vingt, la DRG commandera environ trois cents locomotives électriques dont la conception de certaines remontait encore aux compagnies royales. On doit la première approche d’un programme d’unification pour la commande des locomotives électriques à W. Wechmann. Des éléments essentiels de la composition des machines comme les commutateurs principaux, les pantographes, les appareils de mesure, devaient être unifiés.
La première liste des chemins de fer allemands unifiés comportait les types de locomotives suivants :
- Des machines 2’C2’ pour le trafic express lourd des voyageurs en plaine (E 06)
- Des machines 1’Do1’ pour ce même service sur parcours vallonné (E 16)
- Des machines 2’BB2’ pour le trafic omnibus lourd sur parcours vallonné (E 52)
- Des machines (1B) (B1) pour le service omnibus mais aussi marchandises léger (E 77)
- Des machines 1’C1’ pour le service omnibus léger sur parcours vallonné (E 32)
- Des machines C’C’ pour le trafic marchandises lourd en montagne (E 91)
- Des machines 1’C pour le service de manœuvre (E 60)
- Des machines 1’D2’ pour le service de pousse sur les lignes de montagne (E 79)
138 locomotives couvrant l’ensemble de ces types étaient commandées en 1922. A l’exception de la E 06, toutes ces machines devaient présenter un type d’entrainement nouveau. La plupart des machines, malgré des vitesses d’exploitation différentes, étaient mues par des moteurs fixés au cadre principal transmettant leur mouvement aux roues par des grandes roues ou des pignons à ressort via un ou plusieurs faux essieux et des bielles d’accouplement. A partir des E 77 et E 91, les bielles de transfert en diagonale furent remplacées par des bielles horizontales de conception Winterthur. Aucune de ces premières machines n’avait de moteur suspendu par le nez : les E 927 ainsi équipées venaient tout juste d’être livrées et l’on n’avait pas encore suffisamment confiance dans cette disposition.
Les E 77 et E 91 avaient été construites sur une base similaire afin de permettre l’échange de pièces détachées. Elles différaient cependant par leurs moteurs et transmissions. Parallèlement, les moteurs et transmissions des E 52 et E 91 étaient identiques.
Les deux dernières locomotives de l’ensemble de ce premier programme de livraisons de machines à la DRG à avoir été en service furent deux machines de triage de la série E 60 : les E 60 03 et E 60 12 qui demeurèrent comme 160 003 et 160 012 en service à la DB jusqu’en 1981.
Parmi cet ensemble de machines, les séries E 16 se distinguaient par le fait qu’elles furent les seules locomotives électriques allemandes à être équipées d’un système d’entrainement Büchli. Dernière d’entre elles en service, la 116 009 fut radiée par la DB en 1979 et reprise par un acquéreur privé. La E 16 07 se trouve au Deutsches Museum de Munich depuis 1974.
Une autre de ces machines mérite d’être mentionnée : il s’agit de la lourde E52. La fourniture de ces 35 locomotives 2’BB2’ intervint sans qu’il y eut aucun essai préalable ni construction de prototype. L’on se basa sur les résultats d’exploitation du moteur déjà installé sur des machines en service industriel en Suède, moteur que l’on installa en double sur les machines E 52.
Longues de 17.210 mm et lourdes de 140t, les E 52 furent les plus longues locomotives électriques de la DRG à châssis monobloc et les plus puissantes des locomotives électriques allemandes. Radiée en 1979, la dernière d’entre elles, E 52 34, fut préservée par la DB. Elle est exposée restaurée dans son état d’origine de l’administration de Bavière comme EP 5 21534.
La commande initiale de 138 locomotives se révéla rapidement insuffisante et la DRG passa commande le 20 août 1924 de deux E 06, dix E 32, Dix-neuf E 77 et quatre E 91 supplémentaires.
Pour le trafic des marchandises lourd en montagne, la DRG fit appel à AEG qui présenta entre 1924 et 1926 plusieurs projets de machines, toujours à cette époque avec entrainement par bielles. Sur recommandation du fournisseur, le choix se porta sur six machines doubles 1’Co + Co1’ à moteurs suspendus par le nez formant la série E 95. D’une longueur de 20.900 mm – alors la plus longue des locomotives électriques allemandes – la machine prouva que les moteurs suspendus par le nez étaient adaptés au service lourd à basse vitesse. La E 95 02 fut aussi la première des locomotives allemandes à être équipée de freins rhéostatiques qu’elle testa pour la future E 919.
La machine est exposée depuis 1977 au musée des transports de Dresde. Parmi les autres machines commandées par la DRG jusqu’en 1928, ont été encore préservées les E 32 27, E 60 10, E 77 10 et E 91 99.