3.8.2 Une autre façon de découvrir CapdenacNous voici donc à Capdenac ! Mais lequel ? Comme tout le monde le sait, il n’y a pas de Calais (merci Coluche), il y a par contre 2 Capdenac !
En effet il y a deux communes de Capdenac :
- Capdenac le Haut, qui est dans le Lot
- Capdenac-Gare qui est dans l’Aveyron
C’est de Capdenac le Haut, qu’au début des années 80 j’ai découvert pour la 1ère fois, le site qui nous intéresse, celui de Capdenac-Gare. C’était à l’occasion du mariage d’un couple d’amis. Faisant le déplacement avec un ami, déjà photographe ferroviaire, nous avons obtenu de ces dames de faire le détour au retour par Capdenac. Manque de chance, le temps était très brumeux et nous n’avons pas fait de photos. Dommage car à l’époque la section Capdenac-Figeac était à double voie, la ligne de Cahors encore en état, et les tôles de la signalisation mécanique régnaient sur la zone. Alors voici ce que cela donne de nos jours : Capdenac Gare vu de Capdenac le Haut, ou la meilleure façon de découvrir « Capde »
Le panorama sur Capdenac-Gare depuis Capdenac le Haut - 1er mai 2005
La gare de Capdenac vue depuis le belvédère de Capdenac le haut. Le TER en provenance de Figeac assuré par une UM de 2 X 73500 vient de franchir le pont du Lot et entre en gare. 1er mai 2005. L’on distingue :
- Au 1er plan le pont Eiffel sur le Lot, suivi sur la droite du chantier de l’équipement.
- Ensuite :
- A droite les 5 voies voyageurs avec la marquise et le BV sur la droite.
- Après le BV, tout à fait à droite, se trouve la halle marchandises suivie des débords équipés d’un portique de manutention
- A gauche le faisceau marchandises.
- Au fond sur la droite le départ de la ligne de Tessonières par une courbe prononcée.
- Au milieu le dépôt. L’on aperçoit le petit grill subsistant et sur la gauche le bâtiment blanc moderne de l’établissement traction. Derrière le grill, au niveau des peupliers se situait la rotonde, et derrière, fermant le triangle, le raccordement direct Rodez-Tessonières.
- A gauche la sortie du faisceau marchandises où se trouver une bosse pour le triage par gravité et le départ de la ligne de Rodez qui, dans sa 1ère partie, longe le Lot. Sur le bord gauche de ce faisceau la zone inoccupée accueillait un autre pinceau de voie ainsi qu’un autre bâtiment disparu de nos jours.
En voici un autre aperçu, pris sous un autre angle :
Vue panoramique des installations de Capdenac-Gare depuis Capdenac le Haut - 1er mai 2005
On y distingue les 2 X 73500 qui viennent d’entrer sous la halle, rejoignant une 3ème X 73500 stationné à quai; la rame ainsi forcée à 3 caisses, repartira en direction de Toulouse. A droite au 1er plan les voies de l'équipement.
Et maintenant la même chose à l'envers !

Capdenac le haut vu de Capdenac-Gare. Dommage il fait beaucoup moins beau, même franchement pluvieux. Le TER N° 871206 Toulouse-Clermont Ferrand, assuré par le X 72583, quitte la gare de Capdenac. Il va franchir le pont du Lot pui s'engagera dans le souterrain de Capdenac, tunnel rectiligne de 552 m de long qui permet à la voie ferrée de franchir l'éperon sur lequel est bâti Capdenac le Haut. Malgré le gris, cette vue montre bien la situation de nid d'aigle de l'ancienne forteresse.
Le TER Toulouse-Clermont Ferrand 871206 quitte Capdenac - 7 mars 2008
3.8.3 Situation géographique et histoireDes deux Capdenac, le premier, le plus ancien, et de loin, est Capdenac le Haut. Cet ancien site Gaulois, le dernier à résister à l’envahisseur (et oui ce n’était pas en Bretagne, Goscinny devait être Breton pour avoir situé les irréductibles Gaulois en Armorique) est situé en rive droite du Lot sur une colline enserrée dans un méandre du Lot. Et d’ailleurs Capdenac le Haut est une commune du département du Lot
Le site est daté des environs de 3 500 avant notre ère. Une représentation d’une déesse de la fécondité datée d’environ 5 000 ans y a été découverte. Le site de Capdenac serait selon certains celui d’Uxellodunum, mais cela a été contesté et cette ascendance a été officiellement retirée à Capdenac en 2001, au profit du village, également Lotois, de Veyrac. Les spécialistes locaux contestent cette thèse arguant de la meilleure ressemblance du site avec les descriptions qui nous en sont parvenues.
L’importance d’Uxellodunum date de la conquête de la Gaulle par Jules César. Un an après la reddition de Vercingétorix, d’irréductibles chefs Gaulois et quelques milliers de leurs hommes, poursuivis par le légat Caninius, se réfugient dans cette place forte de la tribu des Cadurques. Leur résistance, malgré la capture des deux chefs fut héroïque, et c’est Jules César en personne qui vint tenir le siège. Celui-ci n’obtint leurs reddition qu’en réussissant à détourner par des sapes, l’eau du puits qui alimentait la place forte. Pour marquer son autorité il fit couper les mains à tous les combattants défaits. Les études faites aux alentours de 1820 par Jacques-Joseph Champollion, le frère ainé de Jean-François, le déchiffreur des hiéroglyphes, avait consacré Capdenac comme étant Uxellodunum. A l’appui de cette thèse l’existence d’une fontaine asséchée sur le site, des traces de galeries d’assèchement et de nombreux vestiges de matériel de siège romain. De nombreux vestiges sont visibles dans un petit musée sur place, dont la visite est gratuite.
Les romains transformèrent Uxellodunum en forteresse et construisirent une nouvelle fontaine fortifiée, à laquelle on accède aujourd’hui par un escalier de 130 marches. Oubliée pendant la « pax romana » la forteresse tomba aux mains des Wisigoths aux alentours de l’an 500 qui la baptisèrent « Caput denasci » (forteresse abandonnée) La citée subit ensuite les vicissitudes de l’histoire : pillée par les Sarrasins, assiégée par Pépin le Bref. Résidence des chevaliers de Capdenac puis des hospitaliers et des templiers elle fut assiégée deux fois pendant par le sinistre Simon de Monfort durant la croisade des Albigeois. Pendant la guerre de cent ans Capdenac résista farouchement aux Anglais lors de plusieurs sièges. Puis ce furent les guerres de religions qui mirent à l’épreuve la petite forteresse. Longtemps aux mains des protestants elle servit de résidence à Sully après la mort d’Henri IV.
De part sa situation géographique, au fil de l’histoire Capdenac a été situé dans le province du Quercy ou dans celle du Rouergue Aujourd’hui, ce village médiéval coquettement restauré, organisé autour de son château, offre un intérêt touristique indéniable. En sus de son patrimoine il offre une vue panoramique sur la vallée du Lot et son single. La commune, qui s’étale dans tout le méandre du lot compte 994 habitants au recensement de 2005. Bien qu’étant dans le lot, la continuité avec la commune de Capdenac-Gare est certaine.
Voici un peu aperçu avec la tour médiévale :
La tour carrée de Capdenac le Haut - 1er mai 2005
Sur la commune se trouve un ouvrage remarquable, le canal de 110 m de long suivi d’un tunnel de 60 m creusé dans la roche. Mis en service vers 1870 il permettait au départ de Capdenac-Port de couper le single du Lot à son endroit le plus étroit permettant aux bateliers de gagner un temps précieux. Quatre des nombreux singles du Lot avaient ainsi été aménagés, le plus important étant celui de Luzech. La navigation sur le Lot a cessé en 1914 et la rivière a été déclassée en 1926.
En dessous dans la plaine située en rive gauche d’un large méandre du Lot au niveau de son confluent avec la Diège, se situe Capdenac-Gare. Nous sommes rive gauche du Lot et donc Capdenac-Gare est une commune de l’Aveyron. Le développement du site s’est fait dans la seconde moitié du 19ème siècle suite au développement du chemin de fer. Capdenac-Gare est une ville née du chemin de fer, comme Tergnier ou Chalindrey. En fait au départ, la commune où sont situées les installations ferroviaires était celle de Saint-Julien d'Empare, comme nous l’avons signalé dans notre approche en descendant la vallée de la Diège. Devant le développement de Capdenac, le 16 juin 1891 le chef lieu de la commune de Saint-Julien d'Empare a été déplacé à Capdenac. Le 6 mars 1922 Capdenac-Gare devient chef lieu de canton au lieu et place d’Asprières
Tout débute en 1853 avec la concession à la compagnie du Grand-Central de la ligne dite de
« Montauban au Lot », ouverte le 30 août 1858 par la compagnie du Paris-Orléans (P.O.) qui a pris la suite du Grand-Central suite à la faillite de celui-ci en 1857. La ligne est amorcée à Tinsou, lieu d’embarquement du charbon de Decazeville arrivé par le Lot. Cet embarcadère était situé au niveau de l’ancienne butte de triage donc au départ de l’actuelle ligne de Rodez, elle rejoint Montauban via Lexos. En 1860 la ligne est prolongée jusqu’à Rodez.
Le 10 novembre 1862 c’est l’inauguration de la ligne de Brive à Capdenac qui franchit le Lot à la sortie de Capdenac par un pont métallique construit par Gustave Eiffel. Cette ouverture marque l'aboutissement de la construction de la ligne de la « Dordogne au Lot » reliant Périgueux à Capdenac via Brive-la-Gaillarde et permettant un parcours Paris - Toulouse via Limoges, Périgueux, Brive-la-Gaillarde, Capdenac et Lexos. Cet ensemble de lignes est repris par la compagnie du Paris-Orléans (P.O.) suite à la faillite du Grand Central, la première société concessionnaire, en 1857. Ce premier itinéraire Paris-Toulouse, fort long et tortueux (parcouru en 21 h) sera raccourci en trois étapes :
- le 1er avril 1884, ouverture de la ligne Cahors-Montauban
- en 1875 de Limoges - Brive-la-Gaillarde via Nexon et St-Yrieix qui est aussi une ligne très tortueuse et dotée de fortes déclivités mais qui évite le détour par Périgueux.
- en 1891, est ouverte la liaison Brive-Cahors
- enfin en 1893, seulement, est ouverte la ligne directe de Limoges-Brive la gaillarde par Uzerche, achevant l’itinéraire Paris-Toulouse direct que nous connaissons aujourd’hui. Doit-on en conclure que de tout temps desservir Toulouse n’a pas été une priorité ?
Entre temps :
- le 14 juillet 1986 est ouverte la ligne de Cahors à Capdenac prolongeant celle de Monsempron-Libos à Cahors inaugurée le 30 décembre 1869. Cette ligne de la vallée du Lot mettait ainsi en relation directe le bassin de Decazeville avec Bordeaux via Agen. Elle sera fatale à la navigation sur le Lot.
- la ligne de Figeac à Aurillac, composante de la ligne du Lot à Arvant est mise en service elle aussi en 1886.
Avant l’arrivée du chemin de fer le site de Capdenac abritait seulement quelques hameaux isolés. Afin de loger ses employés la compagnie du Paris-Orléans fit construire des bâtiments rapidement appelés « les Casernes ». En 1866 il y a déjà près de 3000 habitants à Saint-Julien d'Empare. Cette même année Monsieur Raynal est nommé gérant du buffet de la gare et Monsieur Roquelaure sera son cuisinier ; cela marque les débuts de l’entreprise de conserves alimentaires « Raynal et Roquelaure » acteur majeur de l’économie locale de nos jours.
La population actuelle de Capdenac-Gare est de 4 600 habitants. Le total de l’unité urbaine est donc de 5 594 ha, ce qui en fait la 6ème entité urbaine de la ligne Toulouse-Figeac (Toulouse exclue). Au niveau urbanisme l’on retrouve l’origine « cité ouvrière » de Capdenac dans le tissu urbain du centre-ville, accolé au sud de la gare, organisé selon un plan quadrillé. Comme partout ailleurs, l'urbanisation plus récente, qui c’est faite vers le sud et vers l'est suivant les possibilités topographiques, est, principalement constituée de lotissements allant jusqu'aux coteaux fermant le bord sud de la plaine alluviale. Capdenac-Gare a rejoint en janvier 2007 la Communauté de Communes de Figeac-Cajarc qui regroupe à ce jour 33 communes.
A suivre pour la visite détaillée des installations ....
Pierre