Bonjour,
Un jour, je ne me souviens plus bien quand exactement (année 74/75 ???) en milieu de matinée, le chef des études vint à ma place, me fixa et me dit : "tu rentres chez toi, tu mets une cravate et une veste, et tu passes à la télé pour parler d’un jeune dessinateur industriel" (sur que, par rapport à mes Tee-shirts/Jeans, ça change). Il me semble que c’était à la Porte de Versailles ou peut-être au CNIT, dans une émission animée par un certain Jean Thévenot, en direct vers 14h30. La SNCF avait un stand et il y avait une maquette échelle 1 d’une voiture Corail. J’ai souvenir de m’être présenté, puis avoir été dirigé vers le salon de maquillage où on m’a tamponné la tronche avec de la poudre. Puis, on m’a fait asseoir sur le plateau : l’animateur m’a présenté et j’ai du "bafouiller" mon parcours de lycéen jusqu’à une planche à dessins d’un bureau d’études de la SNCF. Le tout n’a pas du excéder deux minutes. Seule ma belle-mère m’a vu à la téloche….
Au « relations publiques », on reçoit des tas de demandes de renseignements techniques mais aussi des courriers adressés par des gens de toutes espèces, des plus sérieux aux plus illuminés ! Souvent ces courriers étaient adressés à la SNCF ce qui fait qu’elles transitaient par le "Service Général" puis étaient dispatchées vers les services compétents. Quand elles arrivaient jusqu’à moi, je lisais la cascade des commentaires hiérarchiques : en général, il était inscrit « MI 3 pour réponse» (mon service), mais il y avait parfois aussi une annotation « faire une réponse gentille » : en clair, c’est un peu barge, mais il faut répondre. Parmi les plus étonnantes je me souviens de :
- une femme, se faisant appeler Zigou, demandait à la SNCF deux voitures Corail mises à sa disposition en gare de La Roche-sur-Yon pour les recouvrir de coquillages, spécialité dans laquelle elle prétendait exceller.
- un type, au nom simple du style Gérard Lambert, mais en attente d’un nouveau patronyme à rallonge et à particules, nous avait adressé un courrier, écrit à l’encre violette et à la calligraphie régulière, par lequel il nous expliquait vouloir mettre en place toute une structure pour le nettoyage des WC des trains Corail et l’approvisionnement en papier-toilettes. Il y en avait recto-verso et le gars nous donnait son adresse "poste restante à Paris-Austerlitz". Je crois qu’il n’était pas sérieux…..
- un adolescent qui voulait affubler les motrices TGV d’ailerons, de tubes néon, de peintures fluo et de tout un tas d’autres bidules. Ce TGV redessiné suivant ses plans, portrait le non de "TGV Ventoriak". Surement fortement influencé par une BD japonaise….
- Un autre avait inventé un train qui ne s’arrête jamais ! Ce train roulait sur une voie dédiée et, sur une voie parallèle, un autre train roulait à la même vitesse, embarquait les voyageurs désireux descendre à la prochaine gare, car celui-là était omnibus. Fumeux !
Et tant d’autres ; mais tous ont effectivement reçu "une réponse gentille".
La mode des pin’s a même touché les polytechniciens cheminots : je leur en avait donc dessiné un représentant une section transversale de rail, coupée verticalement en jaune et rouge, of course.
En fin d’année, les secrétariats des dirigeants reçoivent en nombre suffisant des cartes de vœux pour les besoins du service. En principe, ces cartes sont définies pour tous les secteurs de l’Entreprise. Celle pour 1988 en surprend plus d’un. A la Direction du Matériel, elle fait l’unanimité : elle est de trop bon gout pour des techniciens. Une fois de plus, j’ai sorti dare-dare une feuille de Canson et les pinceaux…..
La carte de vœux de la SNCF pour 1988. A l’intérieur c’est encore mieux.
A la demande de Roger Forray (notre Directeur) j’ai proposé cette gouache. projet illico retenu : 1000 cartes de vœux ont été imprimées pour les besoins de la Direction du Matériel.
Le 18 Mai 1990, la rame 325 du TGV Atlantique roule à 515,3 km/h. Deux ou trois jours après l’événement, François Lacôte me dit qu’il souhait offrir un cadeau à toutes les personnes qui ont contribué à ce record. Comme il n’a pas d’idée, il compte sur moi. Attendu que j’avais un beau-frère collectionneur de télécartes, je lui propose d’en faire éditer une et, pour qu’elle ait valeur de collection, il faudra qu’elle soit numérotée. L’idée lui convient et me voilà en charge du projet. J’ai contacté France Télécom qui a d’emblée été à l’écoute sauf que mon interlocutrice me dit que la numérotation des télécartes est suspendue, fatigués d’être assaillis par les collectionneurs. Je retourne Voir F. Lacôte en lui disant que tout baigne, mais pas de numérotation possible. En réaction, il me répond : "vous m’avez convaincu de l’importance de l’aspect objet de collection, débrouillez-vous". J’y suis retourné au flanc en disant que "nos patrons se connaissaient et qu’ils étaient tous les deux des X et qu’il valait mieux s’entendre entre nous plutôt que de plier sous leurs influences". Ça a marché et nous avons fait réaliser 1000 télécartes numérotées. Les 10 premiers numéros sont partis à la présidence et à la D.G. de la SNCF et les autres ont équitablement été réparties : les n° impairs au Matériel en référence au n°impair de la rame (325) et les n° pairs à l’Equipement en référence au n° pair du PK où le record a été établi (166). Cette opération a couté 50 000 FF en unités, 25 000 FF en procédés de fabrication, 5 000FF pour la numérotation et 1 000 FF pour les petites pochettes plastique dans laquelle elle est conservée. Le prix unitaire de la carte est donc de 81,00 FF. J’ai cherché sur le net : je ne suis peut-être pas doué , mais je n’en ai pas trouvé trace et encore moins de sa cote actuelle.
La télécarte du record du TGV. J’en avais conçu les visuels recto et verso. En rouge, la courbe de vitesse avec la signature du ministre Michel Delebarre, la dédicaces de François Lacôte et la signature des deux dirigeants des essais.
A+
2B.