Paname a écrit:fondunorvégien43 a écrit:Concernant le salaire proposé pour le poste de mécanicien, perso, si j'étais candidat je préfèrerais que mon salaire d'embauche ne soit pas sur la place publique.
typiquement français comme réaction
Impeccable, c'est justement mon cas, je suis français, et heureux d'être typique.
Sauf à dire que le "tabou" sur "ce qu'on gagne" n'est pas spécifiquement français, au sens de : "caractéristique" d'un peuple.
En effet, on explique souvent qu'il serait un "héritage" de la culture "chrétienne" et spécialement "catholique" du pays, laquelle voit dans la possession d'argent une sorte de "mauvaise chose" opposée à la la "richesse de l’âme" et à la noblesse de l'esprit. Avec pour explication, bien entendu, que l’avarice compte parmi les 7 péchés capitaux...(raison qui a fait aussi condamner le prêt avec intérêt, favorisant ainsi la fortune de ceux dont la religion ne l'écartait pas et qui leur vaut, encore aujourd'hui, d'être persécutés parce qu'ils seraient tous "riches"...Suivez mon regard

De sorte que c'est une attitude quand même assez bien répandue au delà de nos frontières immédiates et même lointaines (on ne peut pas être champion de tout!)..
Mais, pour la France, en particulier, il faut aussi ajouter qu'elle est longtemps restée une terre où les paysans étaient plus nombreux qu'ailleurs, et forcément plus dispersés sur un territoire lui même plus vaste qu'aucun autre pays d'Europe. Ce qui a ainsi amené aux funestes épisodes des "chauffeurs de paturons" qui, aux alentours de la Révolution, écumaient les campagnes à la recherche d'économies à voler.
La discrétion sur sa fortune était alors une façon d'échapper à leur tortures devant la cheminée, devenant par la suite un moyen de ne pas éveiller les jalousies ou la curiosité d'un fisc qui découvrait les beautés de l'impôt sur le revenu après s'être longtemps cantonné à la taxation des simples marchandises.
Et, il faut dire aussi que la "réforme" née de l'opposition aux dogmes du catholicisme romain "n'a pas pris" de place autant qu'ailleurs , dans notre pays, pour les raisons historiques que l'on sait.
Or, dans les pays de tradition protestante, avec en tête les États-Unis d'Amérique, le rapport à l'argent s'est développé de façon inverse qu'en France (ou en Italie ou en Espagne) : y afficher "ce qu'on gagne" et "ce qu'on a" ne vous fait pas forcément voir comme un "malhonnête" qui s'est (peut-être) enrichi indument, et avouer qu'on ne gagne pas beaucoup n'engendre pas forcément la "honte" de n'avoir pas "réussi" aussi bien que les autres
Bien sur, cette "explication sociologique" n'a plus la même force aujourd'hui, avec le déclin des religiosités. Mais ce qui a forgé le sentiment de toute une population prend toujours beaucoup de temps pour disparaître.
Et puis après tout, il y a des exceptions de chaque côté de l'océan : un ancien président étasunien s'est toujours montré d'une discrétion de violette sur l'état des ses finances
