Il y a bien longtemps, encore à l'époque des trains jouets en tôle et même avant la création du HO, il y avait des trains fonctionnant en courant continu, lesquels prenaient le courant par les roues uniquement, un pôle sur un rail et l'autre pôle sur l'autre rail. Et il y avait des trains fonctionnant en courant alternatif prenant une alternance du courant par les rails porteurs et l'autre alternance par un frotteur ou une roulette en contact avec un troisième rail central.
C'est de là que viennent les expressions "deux rails - trois rails".
Petit à petit, avec l'apparition grand public du HO au milieu des années 50, la majorité des constructeurs a adopté la traction à courant continu sur des voies à deux rails, comme dans la réalité. Un constructeur principalement - Märklin pour le citer- a conservé l'alimentation en courant alternatif et, pour des questions de plus grand réalisme, a tronçonné le rail central en plots fixés dans les traverses. Entre nous, nous appelons cela des "picots".
De nos jour, on peut donc pratiquement affirmer que "deux rail" désigne le système adopté par l'ensemble des constructeurs à l'exception de Märklin, et que "trois rails" désigne le système Märklin. Notons que les deux systèmes sont incompatibles entre eux. Il s'agit donc d'un choix sans retour sauf à revendre son matériel moteur (le matériel tracté étant lui adaptable aux deux systèmes).
Préalablement à l'arrivée du numérique, le système "trois rails" alternatif présentait l'avantage de pouvoir très simplement installer des déviations et des boucles de retournement, car les deux rails porteurs étant à la même alternance, il n'y avait pas à gérer les inversions de courant qu'exige le continu.
Le numérique a remis les pendules à l'heure car ces opérations sont maintenant aisément gérées par des modules commandés par les centrales.
Pour qui n'est pas strictement intéressé par les trains allemands et nord-européens, le système "deux rails" est aujourd'hui largement plus ouvert car il autorise la circulation de matériels provenant de l'ensemble des constructeurs et offre un système de voies conforme au modèle. Le système Märklin (dont je suis adepte) conserve certains attraits (solidité inégalée du matériel, simplicité d'usage des centrales numériques, prise de courant sans faille) mais ne permet pas de pratiquer un modélisme "strict" puisque, quels que puissent être les soins apportés à la pose et à la patine des voies, l'alignement de "picots" au milieu des traverses ne correspondra jamais à une situation réelle.
Cette situation donne lieu à des débats enflammés et récurrents entre tenants des deux systèmes, qui rendent les discussions des Byzantins à propos du sexe des anges totalement désuètes.
En tout cas, à deux ou trois rails, bienvenue dans le monde du petit train!