Attelages HO (1)L’attelage est l’élément sans doute le plus important du matériel roulant mis à part un bon roulement. Surtout lorsqu’on pratique une exploitation active avec de multiples manœuvres en tous genres. C’est donc un point qui mérite une attention toute particulière d’autant plus que le matériel moderne, grâce à la généralisation du système à élongation et des boîtiers d’attelage normalisés NEM 362, laisse le libre choix du système d’attelage proprement dit. C’est un progrès considérable mais d’un autre côté également un problème car exercer cette liberté n’est pas toujours évident : quel type d’attelage choisir ? Les paragraphes qui suivent sont donc un résumé de mon expérience avec divers systèmes que j’ai eu l’occasion d’essayer et, pour certains, d’utiliser pendant de longues périodes. Je dois toutefois m’excuser auprès des partisans du Zéro, du N, du Z et des échelles autres que le HO : je ne peux (et ne veux) parler que de ce que je connais… Mais certaines remarques faites ici pour le HO restent tout à fait valables aux autres échelles et pourront donc sans doute servir à mieux choisir un système d’attelage adapté aux besoins de chacun pour son échelle préférée.
Un petit préambule technique est toutefois nécessaire pour expliquer ce qu’est exactement le système à élongation. Il s’agit d’un mécanisme qui permet à deux véhicules qui en sont pourvus de rester aussi rapprochés que possible en alignement (c’est-à-dire sur les lignes droites) tout en permettant au point de fixation de l’attelage de s’avancer dans les courbes de façon à ce que les deux véhicules s’écartent l’un de l’autre pour que les tampons ne se gênent pas. Un ressort de rappel ramène l’attelage vers sa position courte centrale à la sortie des courbes. Les allemands parlent de Kurzkupplung ce qui se retrouve dans l’appellation KK qu’on donne parfois à ce type d’attelage. Notons ici que l’un des éléments essentiels pour que le système fonctionne correctement est que les deux timons d’attelage des véhicules attelés forment une barre rigide par l’intermédiaire de leur couplage.
Le système est décrit de façon détaillée dans la norme NEM 352 (Dispositifs d’attelage court). Pourquoi parle-t-on alors si souvent plutôt de la norme NEM 362 pour l’attelage court, surtout dans les catalogues des fabricants ? L’attelage court n’est-il pas son objet ? La réponse à cette dernière question est : non. La norme NEM 362 n’a rien à voir avec l’attelage court (ou à élongation) et concerne uniquement le boîtier de fixation de la tête d’attelage. La meilleure preuve est qu’on trouve ce boîtier NEM 362 sur du matériel roulant qui n’est pas pourvu d’un système d’attelage à élongation (en particulier les locomotives).
Boîtier NEM 362
Le boîtier NEM 362, universellement adopté de nos jours (même par les britanniques !) permet simplement de choisir sa tête d’attelage parmi plusieurs modèles existant selon ses goûts ou ses besoins ou même selon les circonstances. Six modèles parmi les plus courants et parmi ceux que j’ai longuement étudiés sont illustrés côte à côte ci-après. Ces têtes d’attelages, toutes compatibles NEM 362, sont :
1 – à boucle standard selon la norme NEM 360
2 – Roco court 2 universel
3 – Roco court 1 à éperon
4 – Märklin court
5 – Fleischmann Profi
6 – Kadee, modèle n°17 ou 18
En dehors du modèle 1, tous les autres (modèles 2 à 6) permettent le prédételage et la circulation avec tampons rapprochés voire jointifs.
Six modèles d’attelages compatibles NEM 362
Attelage 1 : standard à boucleC’est l’attelage de loin le plus répandu et celui qui équipe la plupart du matériel roulant H0 neuf, tel que sorti de sa boîte. Dans la plupart des cas il est conforme à la norme NEM 360, c’est-à-dire que, quel que soit le fabricant ou la marque, les wagons ou les voitures pourront être directement attelés entre eux, même si on peut observer des différences de détail (formes, dimensions, etc.) d’un fabricant à l’autre.
Son principal avantage est donc qu’il ne coûte rien puisque le matériel roulant neuf en est le plus souvent équipé d’origine. C’est aussi à peu près le seul. Il n’est pas toujours très fiable (décrochages intempestifs par exemple), il ne permet pas le prédételage, et surtout il est long, créant une distance importante, inesthétique et irréaliste entre deux voitures ou wagons comme le montre la photo suivante.
Cette distance importante est toutefois nécessaire car cet attelage, par sa nature même, est flexible et ne permet donc pas un fonctionnement correct du mécanisme d’élongation qui nécessite un attelage rigide entre les véhicules ainsi qu’il l’a déjà été mentionné plus haut. Nous retrouverons d’ailleurs ce même problème avec les attelages Kadee.
Attelage 2 : Roco-2 universelS’il porte le n° 2, c’est parce que historiquement il a été conçu et commercialisé quelques années après le Roco-1 dont il sera question plus loin. Son sobriquet (non officiel) de « Goldorak » vient de sa taille généreuse et de son aspect plutôt laid, presque menaçant. Vivement déconseillé pour ceux qui attachent beaucoup d’importance à l’esthétique de leur matériel roulant !
Il a pourtant certains atouts, tels que sa grande fiabilité et la douceur de son fonctionnement, en particulier pour atteler une rame ou des wagons isolés. C’est, selon mon expérience, l’un des rares types d’attelage permettant à une loco de venir se placer en tête de rame (voyageurs ou marchandises) et de s’accrocher sans faire bouger celle-ci d’un millimètre. Certes, cela nécessite un peu de doigté et n’est pas toujours facile à effectuer, mais avec ce type d’attelage, c’est possible. Je n’y suis presque jamais arrivé avec les autres types (le modèle Märklin faisant exception).
L’attelage Roco-2 dit « Goldorak »
Il s’agit, selon la terminologie même de la firme Roco, d’un attelage « universel », c’est-à-dire qu’il est compatible avec l’attelage à boucle standard. En pratique c’est effectivement le cas, mais la fiabilité de cette liaison n’est pas ce qui se fait de mieux… Notons que cet attelage est également compatible avec l’attelage Märklin court ainsi qu’on le verra plus loin.
Attelage 3 : Roco-1 à éperonCe modèle est chronologiquement bien plus ancien (de 15 ans environ) que le Roco-2 universel décrit précédemment. N’ayant toutefois jamais disparu du catalogue Roco et ayant survécu dans l’ombre du « Goldorak » pendant de nombreuses années, il conserve ses adeptes, notamment dans les clubs en raison de son excellente fiabilité, de son apparence relativement discrète (même si l’éperon en question est un peu trop proéminent à l’avant des trains) et surtout de son fonctionnement souple, tant à l’accrochage qu’au dételage. A ce titre c’est un modèle de choix pour celle ou celui qui effectue beaucoup de manœuvres sur son réseau.
Son principal défaut est sans doute son absence totale de compatibilité avec l’attelage standard à boucle. C’est surtout gênant lorsque l’on veut utiliser d’anciennes locomotives dont l’attelage à boucle est difficilement remplaçable.
Un autre défaut, mais qu’on peut souvent rectifier sans trop d’effort, est la nécessité d’ajuster de façon précise tous les attelages (et en particulier les boîtiers de fixation NEM 362) à la bonne hauteur faute de quoi on sera souvent confronté à des dételages intempestifs. La fiabilité de l’attelage Roco à éperon est à ce prix (et la position verticale du boîtier NEM 362 a beau être normalisée il est surprenant de constater les variations de hauteur qu’on peut mesurer d’un wagon à l’autre selon la marque).
Attelage 4 : Märklin courtSi vous êtes märkliniste, c’est à coup sûr celui que vous utilisez. Mon conseil dans ce cas : continuez à l’utiliser sans état d’âme… à moins de rencontrer des problèmes ce qui serait tout de même fort étonnant. Car il est excellent : robuste, fiable et souple d’emploi.
C’est à vrai dire un modèle d’attelage tout aussi gros et presque aussi laid que le « Goldorak » de Roco décrit plus haut. Mais il est également tout aussi fiable et doux dans son fonctionnement. Il a toutefois un défaut par rapport au Roco-2, surtout quand on l’utilise sur du matériel roulant autre que Märklin : il possède un mécanisme un peu trop haut qui, dans les courbes au rayon trop petit (inférieur à 50 cm environ), vient butter contre les tampons et entraîne parfois le déraillement d’un wagon ou d’un bogie.
L’un de ses gros avantages est sa compatibilité étroite avec l’attelage Roco-2, comme le montre la photo ci-dessous, ainsi qu’avec l’attelage à boucle standard NEM 360. La combinaison Märklin/Roco-2 permet même l’emploi du prédételage sans problème.
(A suivre)