1-12) BR 9917 – ex wü. Ts 4Nous l’avons déjà évoqué : le 29 décembre 1891, les chemins de fer royaux du Wurtemberg mettaient en service leur première ligne à voie étroite, en l’occurrence à l’écartement métrique, entre Nagold et Altensteig. La ligne n’avait été armée que pour supporter 7,5t par essieu. C’est pourquoi, malgré de nombreuses courbes serrées, le type de machine retenu pour son exploitation avait été doté de quatre essieux accouplés, seul compromis permettant la répartition de la charge par essieu tout en garantissant une adhérence suffisante.
Les compromis nécessaires à l’inscription en courbes serrées n’avaient à cette époque déjà plus de secrets pour les chemins de fer du Wurtemberg, dont le réseau était majoritairement en profil de collines et de moyenne montagne. L’ingénieur renommé, architecte ferroviaire et alors Directeur Général de la construction des machines au Wurtemberg, Adolf Klose, avait mis au point un système d’entrainement articulé qui portait son nom.
Brillamment conçu, le système était cependant fragile et, en utilisation quotidienne, demandait un entretien constant.
Dans les grandes lignes, son principe était le suivant : le premier et le quatrième essieu étaient réglables radialement et leur jeu était contrôlé par le jeu latéral du troisième essieu. Le deuxième essieu, moteur, était quant-à lui dépourvu de jeu latéral et fixé au cadre. Lors de l’inscription en courbe, le déplacement radial des essieux extérieurs entrainait un raccourcissement des bielles d’accouplement du côté intérieur du virage et une élongation de celles-ci du côté extérieur du virage.
Le mécanisme Klose fonctionnait donc de la manière suivante : lors de l’inscription en courbe, le troisième essieu par son jeu latéral déplace un levier transversal au cadre (semblable à un fléau de balance) qui transmet le décalage à appliquer aux essieux d’extrémité via un jeu de bielles réglables désolidarisées du châssis. Disposé en parallélogramme, cet ensemble agit à son tour via un levier sur une tête de bielle réglable, dite « tête différentielle », qui ajuste la longueur des bielles d’accouplement reliant ce dispositif aux essieux d’extrémité. La bielle d’accouplement qui relie les deuxième et troisième essieux est par contre de longueur fixe et non ajustable. Par conséquent, les manetons de manivelle des roues du troisième essieu devaient être très longs afin de compenser le déplacement latéral des paliers de bielles. Les manetons des essieux d’extrémité étaient sphériques.
La locomotive disposait d'un entrainement interne. La disposition en oblique des cylindres permettait à la bielle motrice de se frayer un chemin par-dessous le mécanisme d’ajustement. Les guides de crosse étaient fixés au dessus des tiges de piston, les tiroirs plats étaient directement fixés sur les faces intérieures des tôles du châssis.
L’ensemble du mécanisme d’entrainement réglable était accessible depuis l‘extérieur, pour d’évidentes raisons de service. Des évidements avaient été pratiqués dans les tôles du cadre à cet effet. Malgré tout, les locomotives coûtaient très cher en entretien.
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La fabrique de machines d’Esslingen livra deux locomotives en 1891, sorties d’usine sous les numéros 2434 et 2435. Les chemins de fer du Wurtemberg les classèrent comme type Ts 4. Elles furent immatriculées 1 et 2 et baptisées « ALTENSTEIG » et « BERNECK ». Une troisième machine fut livrée en 1899, Esslingen 3067, Ts 4 numéro 3 « EBHAUSEN ».
Dans leur aspect d’origine, les machines possédaient une cheminée pare-étincelles à « tête d’oignon » typique du Wurtemberg. Les soupapes de sureté étaient disposées dans l’abri, au dessus du foyer. La DRG les déplaça sur le corps cylindrique derrière la cheminée qui perdit son « oignon ».
Malgré leur empattement de 4000 mm, les machines négociaient des courbes de 40 m de rayon sans le moindre à-coup. Elles effectuèrent du service à plein régime durant deux décennies. A l’issue de cette période cependant, les signe d’usure d’aggravèrent rapidement, conduisant à de fréquents retraits du service.
La DRG intégra toutefois les trois locomotives dans sa série 99 et les numérota 99 171 à 99 173. La mise en service en 1927 des machines beaucoup plus modernes de type Ts 5 (voir sujet ultérieur) rendit les Ts 4 inutiles. Elles furent toutes radiées en 1931. Durant tout leur service, les machines restèrent attachées au dépôt de Freudenstadt.
Catégorie : Dn2
Distribution : K 44.8
Diamètre des roues motrices : 900 mm
Longueur hors tampons : 8130 mm
Empattement : 4000 mm
Poids total en service : 29,8t
Vitesse maxi : 30 km/h
Fabricant : Esslingen
Première mise en service : 1891
Tender : 0,75t de charbon
Nombre total construit : 3
Nombre intégré à la DRG : 3
Numérotation : 99 171 à 99 173
Dates de réforme : 1931
Wü. Ts 4 numéro 2 « BERNECK » (Esslingen 2435/1891) – future BR 99 172