Allez, zou ! on remonte un peu le sujet, même s'il ne semble intéresser personne...
Rames automotricesManœuvres et rames automotrices, ces deux notions paraissent incompatibles, et pourtant… Certes, si on ne dispose que d’une seule rame, il est difficile de lui faire jouer un autre rôle que celui de simple navette, monotone et sans grand intérêt. Mais avec deux ou trois courtes rames les possibilités de combinaisons augmentent exponentiellement. La seule condition nécessaire est celle du couplage en UM (unités multiples), grandement facilitée par le numérique et certaines centrales telles que l’Intellibox.
Pour illustrer mon propos j’utiliserai les rames automotrices norvégiennes à deux caisses dont je dispose. Ces trois rames, chacune portant une livrée différente et donc facilement reconnaissables, sont illustrées sur la photo ci-après. Elles sont toutes trois pourvues de décodeurs DCC dont les paramètres ont été ajustés pour donner une fonctionnement homogène. Elles sont en outre équipées d’attelages Profi de Fleischmann (ou attelages Fox) à chaque extrémité.
Si le simple couplage ou découplage de rames peut sembler plutôt restrictif comme manœuvre, l’intérêt est surtout dans les raisons de ces couplages, en d’autres mots l’organisation des différents trains. A titre d’exemple relativement simple prenons un petit réseau de banlieue en Y avec 4 gares A, B, C et D comme celui représenté par le schéma suivant.
Sur ce schéma la gare C est une bifurcation où les lignes venant de A et de B se rejoignent pour continuer vers D. On peut bien sûr exploiter ce réseau avec deux services totalement distincts, l’un desservant A-D, l’autre desservant B-D. Cela risque de devenir assez vite monotone. Alors on peut varier le jeu en effectuant ces services séparément aux heures de pointe tandis qu’en heures creuses les trains venant de A et de B seraient combinés en un seul train pour parcourir la section C-D.
C’est déjà nettement plus intéressant avec deux rames qui arrivent presque en même temps et sur la même voie à la gare C. Bien sûr l’horaire doit préciser lequel des deux trains doit arriver en premier, ne serait-ce que pour des questions d’organisation, de roulement du matériel tout autant que du personnel… Si la rame à placer en tête est en retard, l’autre devra alors l’attendre à l’entrée de la gare, ce qui peut ajouter encore plus de piment au jeu. C’est sans doute ce genre de situation qu’illustre la photo suivante où la rame de droite, venant de A, doit attendre la rame venant de B, sur la gauche.
Une fois la rame B arrivée et arrêtée à quai (ne pas oublier de l’avancer le long de ce quai) la rame A peut enfin entrer elle aussi en gare et venir se placer derrière la rame A, marquant pour des raisons de sécurité, un bref arrêt à quelques mètres de cette rame B avant de les franchir pour réaliser le couplage (voir la photo suivante).
J’ai jusqu’ici laissé l'aspect électrique de côté. Il faut bien voir qu’en analogique, pour que ce genre de manœuvre soit réalisable, la voie en C doit être divisée en deux sections isolées permettant une évolution indépendante de chacune des deux rames jusqu’au couplage, les deux sections étant ensuite reliées électriquement afin que les deux rames puissent circuler ensemble.
En DCC il n’y a aucun souci à ce niveau-là, chaque rame étant pilotée indépendamment. Par contre, une fois le couplage mécanique effectué, il faut également procéder au couplage électronique, c’est-à-dire constituer une UM si la centrale le permet. L’écran de l’Intellibox II, illustré ci-dessous, donne une idée de la méthode à employer sur cette centrale (cet écran montre comment la rame d’adresse 6911 est « ajoutée » en UM à la rame 6904). C’est d’ailleurs ce même écran qui servira plus tard pour défaire le couplage (voir la fonction « Découpler une loco » sur la droite de l’écran).
A la pointe du soir on effectuera l’opération inverse, le train venant de D étant formé de deux rames en UM qui seront découplées en C, l’une partant vers A et l’autre, quelques instants plus tard, vers B.
Cet exemple n’est pas seulement valable pour un réseau de banlieue. Pendant plusieurs années le service Valence – Grenoble –Annecy/Genève était exploité exactement comme décrit ci-dessus, avec couplage/découplage en gare d’Aix-les-Bains. Et on pourrait facilement trouver bien d’autres exemples.
Et pour ceux qui croiraient que jouer aux manœuvres avec des rames automotrices s’arrête là, il faut préciser que cet exposé n’est qu’une introduction : les possibilités et les combinaisons augmentent exponentiellement si on dispose de plus de deux rames.
Tout en se limitant à notre petit réseau en Y avec ses 4 gares, on peut imaginer la circulation combinée de trains plus complexes. Par exemple celui illustré par le schéma en fin d’exposé :
1. Un premier train arrive de B (une rame R1 à deux caisses) à destination de D.
2. Un deuxième train arrive de A, composé de deux rames R2 et R3 de deux caisses chacune.
3. La rame R2, à destination de D, est couplée à la rame R1 déjà en gare.
4. La rame R3, effectuant un service de A à B, est dételée de R2. Elle repartira en sens inverse, vers B, alors que les deux autres continueront vers D.
Il ne devrait pas vous être difficile d’imaginer la séquence et les combinaisons de rames pour le service retour… Ajoutez une branche et une ou deux gares à notre réseau de départ et le nombre de combinaisons possibles explose.
En conclusion les rames automotrices, loin d’être les parents pauvres de l’exploitation et des manœuvres, ont un potentiel de variations considérable. On doit donc plutôt les voir comme de vilains petits canards style Andersen, pleins de promesses.
bw