3.8.7 Les trafics3.8.7.1 Le trafic marchandisesIl faut avoir notion que Capdenac était le point clé pour le transport du charbon de Decazeville vers les centres d’utilisation. Decazeville était relié à la ligne Capdenac-Rodez par une antenne embranchée en gare de Viviez. La particularité du site est qu’il s’agissait d’une mine exploitée à ciel ouvert : la seule « découverte » de l’hexagone à ma connaissance (celle de Carmaux, éphémère, viendra sur le tard). Depuis cette antenne a été déposée suite à l’arrêt de l’exploitation charbonnière.
A ce trafic lourd s’ajoutait la desserte de la zone avec notamment jusqu’à récemment des trains de produits pétroliers pour Rodez et un bon trafic à destination des EP d’organisations agricoles de la zone de Rodez. Inutile de préciser que la dernière réforme du fret a ruiné tous ces trafics. Un document d’étude sur les transports en région Auvergne (le Mémento
«
Les transports en Auvergne ») montre clairement que le trafic ferroviaire dans le massif central, déjà marginal, s’est effondré à compter de 2005. Persistent juste le trafic des carrières de Bagnac sur la ligne d’Aurillac et du trafic céréalier pour la zone de Rodez. En marches facultatives circulent également quelques dessertes pour l’embranchement céréalier de Villefranche de Rouergue. Les trains sont acheminés vers Brive via St. Denis près Martel. En dehors de trafics ponctuels de ballast il n’y a plus de trains marchandises réguliers vers Toulouse via Tessonnières.
Aperçu du trafic marchandises subsistant : photographié depuis la cour de débord sur le vaste faisceau le locotracteur de manœuvre et 2 wagons céréaliers.
Le faisceau marchandises de Capdenac vu depuis la cour de débord - 7 mars 2008
Vu dans l’autre sens en direction du dépôt, les voies en courbe du faisceau où stationne au 1er plan une rame de céréaliers. Au 1er plan la bascule sise sur la voie de débord.
Le même faisceau vu en regardant vers le coté Rodez - 7 mars 2008
A cette occasion je voudrais que l’on torde le cou à une idée reçue : cette région ce n’est pas le désert ! La vallée du Lot, du Célé, de la Cère et le Ruthénois sont des régions regroupant des petites villes dynamiques. Du trafic il y en a. Pour le comprendre il suffit d’emprunter la RN 140 qui relie Brive (donc l’autoroute A20) à Figeac, Capdenac, Decazeville et Rodez. Et bien des camions sur cette nationale il y en a une belle quantité ! Et je ne parle pas de la desserte locale et du camion du maçon du coin ; je parle bien des semi-remorques de transporteurs nationaux longue distance. Si seulement 5 % du trafic assuré par ces camions était pris en charge par le rail (soit une part modale encore bien faible) et bien il y aurait de quoi former plusieurs trains de marchandises par jour ! Ce n’est donc pas qu’il n’y a pas de trafic, c’est que la SNCF l’a fait fuir ! Et cela s’est accéléré avec le plan Fret de 2005 qui est un plan de renoncement. Le trafic bois a été supprimé et même le trafic d’Andros à Bretenoux (ligne de St. Denis près Martel à Aurillac), 1er confiturier de France, que la SNCF ne veut plus assurer.
Lors de mon voyage à Aurillac dans les années 80 je me souviens des installations marchandises de cette gare garnies de wagons à bestiaux. Je suis revenu à Aurillac le 4 mai 2008 : la zone marchandise est vide : la vaste halle est concédée à un transporteur routier et sur les voies ne stationnent que quelques wagons de service employés à poste fixe, des « culs jaunes » en jargon cheminot.
Même chose au Rouget, gare marquant l’arrivée sur le plateau Cantalien de la ligne Figeac-Aurillac: c’est le train qui a fait la prospérité de ce village. Les expéditions de bois et d’animaux et y étaient très importantes. Des trains de bois Le Rouget-Aurillac ont circulés jusqu’au début des années 2000. Depuis le BV a été vendu à un particulier et les débords sont bien vides.
Les trains marchandises sont assurés par des BB 66000 de Toulouse. Le trafic des carrières de Bagnac est acheminé sur Capdenac par une UM de BB 66000. Particularité, le trafic de Ballast Bagnac-Perpignan de l’hiver 2007 – 2008 a été pris en charge de Capdenac à Toulouse St. Jory par des A1A-A1A 68500 de l’Infra, spécialement détachées de Chalindrey. Le trajet collecteur Bagnac-Capdenac étant assuré par le Fret avec une UM de BB 66000.
3.8.7.2 Le trafic voyageursLes possibilités étant multiples la desserte de Capdenac était complexe. Il y avait depuis Toulouse des trains origine / destination Figeac, Brive, Aurillac ou Clermont-Ferrand auxquels s’ajoutaient les trains desservant la ligne Rodez-Brive. Cela pouvait s’accompagner de stationnement à Capdenac assez long. Dans les années 80 j’ai souvenir d’un parcours Gaillac-Aurillac avec une bonne demi heure perdue à Capdenac dont l’utilité n’était pas démontrée.
Au changement horaire du 10 décembre 2006 la desserte des lignes de l’étoile de Capdenac a été diamétralisée : les trains Figeac-Toulouse sont prolongées à Aurillac, voir à Clermont-Ferrand pour l’un d’entre eux. Les trains de la ligne de Rodez relient Brive à Rodez. Il n’y a donc plus de dessertes directes Toulouse-Brive va Capdenac. De ce point de vue cette desserte semble plus logique et s’accompagne d’une réduction des temps de stationnement à Capdenac. A moyens constants c’est une rationalisation qui semble justifée et pragmatique. L’on peut regretter cependant que dans le cadre du désenclavement de la « Mécanic Vallée » des dessertes directes Villefranche de Rouergue – Figeac – Brive n’aient pas été prévues en complément. De même l’on peut regretter l’indigence globale de la desserte sur les deux axes, la non superposition à la desserte TER Toulouse-Figeac d’une desserte accélérée Toulouse-Clermont-Ferrand digne de ce nom : mieux vaut prendre sa voiture sur un trajet au 2/3 autoroutier en passant par l’A 68 et l’A75.
L' X 72537 assurant le TER N° 870161 Brive-Rodez arrive à Capdenac le 7 mars 2008
Il faut aussi revenir sur la desserte qu’ont connue les deux lignes abandonnées. Quelque part leurs handicaps et leurs potentialités étaient similaires.
• En ce qui concerne Cahors-Capdenac la desserte était réduite et conduite dans une politique de ligne, donc limitée à Cahors-Capdenac alors que la sous-préfecture du Lot c’est Figeac. C’était donc relier Cahors à Figeac, Decazeville et Rodez qui eu été intéressant. Il est clair qu’une desserte réduite avec 3 trains par jour et par sens, lents, assurés avec du matériel suranné (X 3800 sur la fin) et limités à Capdenac n’avait aucun avenir.
• Pour Viviez-Decazeville la desserte qui s’effectuait en antenne par une navette autorail, même relativement fournie, était très pénalisante. Aucune relation directe vers les centres urbains de Figeac ou Rodez.
De nos jours plus rien de tout cela et la SNCF s’est empressée de déposer l’antenne de Decazeville, les habitants de cette petite ville étant priés d’aller prendre le train à Viviez. L’on oublie juste un détail : une fois que l’on est dans la voiture, c’est si simple d’aller jusqu’au bout avec !
L’on peut regretter qu’au lieu de fermer ces lignes l’on n’ait pas, au moins expérimenté, une desserte des villes moyennes portant sur des :
• Cahors – Capdenac – Decazeville
• Brive – Figeac – Capdenac - Rodez
Avec correspondances quai à quai à Capdenac l’on permettait aussi des Cahors-Figeac et des Brive-Decazeville, l’on aurait ainsi permis la création d’un axe régional de desserte des petits centres dynamiques de ce qui constitue maintenant la « Mécanic Vallée ». Cela aurait pourtant permis de désenclaver ces régions et de faciliter la reconversion, douloureuse, de la zone de Decazeville – Viviez. De plus avec le développement ces dernières années du pôle universitaire de Albi/Rodez /Figeac (université Jean-François Champollion) cela aurait facilité le transport des tous les étudiants venant du Lot, du Tarn et de l’Aveyron.
En ce qui concerne le matériel employé sur les dessertes de l’étoile de Capdenac le tour actuel est assez vite fait : uniquement X 72500 et X 73500 de la région Midi-Pyrénées sur Brive-Rodez, assistés de ceux de la région Auvergne sur Toulouse-Aurillac. En principe les X 2100 / 2200 de Toulouse ne viennent plus sur la ligne. Evidement dans les années 1980 à 2000 les X 2800 régnaient en maitre absolus sur ces lignes, assistés par les X 2100 / 2200. Ces 2 séries tractaient les remorques XR 6000 / 6200 ainsi que les XR 96200 acquises par la région Midi-Pyrénées. L’X 92202 acquis par la région Midi-Pyrénées était plus spécialement affecté au train conventionné accéléré Toulouse-Figeac de début d’après-midi créé dans les années 1980.
Les X 72500 se partage avec les X 73500 le trafic TER de l’étoile de Capdenac : assuré par l’X 72584 le TER N° 871206 Toulouse-Clermont Ferrand va bientôt quitter Capdenac, après avoir donné la correspondance du Brive-Rodez précèdement.
Le X 72584 sur le TER N° 871206 Toulouse-Clermont Ferrand prêt au départ le 7 mars 2008
Le train de nuit Rodez / Carmaux – Paris ainsi que l’express de jour Paris-Rodez étaient confiées à des BB 67400. Ne subsiste que la tranche Rodez-Paris du train de nuit, prolongée à Albi via Carmaux le week-end.
A suivre ...
Pierre