Salut,
Quand il a fallu homologuer la BB 36000 en Belgique, le secrétariat du projet SNCF avait demandé à chaque responsable de lot (caisse, bogies, électrique, captage etc.) de lui fournir un dossier sur chaque point requis pour l’homologation. Du coté caisse, à la réception du dossier par la SNCB, j’avais été convoqué par Triphon Menehoult, le chef du département des locomotives dont le bureau se situait en face de la gare de Bruxelles-Midi. Ma tâche avait été facilitée par les ressemblances mécaniques entre les 36000 et les T13. Par contre, il s’était intéressé à deux points particuliers : la résistance des vitres frontales et la signalétique en cabine. Pour le premier point, je lui avais fourni le résultat de l’essai type d’une vitre frontale sur laquelle on tire un projectile pointu d’une masse de 1 kg à 360 km/h (V max de la machine + V max d’un train croiseur, soit 200 + 160. On prend 160 pour le train croiseur puisque l’UIC impose, théoriquement, des vitres non ouvrantes au-dessus de cette vitesse) : pour ce premier point, il fut satisfait de ma réponse au travers des documents fournis. Quant au second point, il m’avait demandé d’ajouter le pictogramme indiquant les issues de secours (picto en carré vert avec la silhouette noire d’un bonhomme qui court). Il m’avait simplement dit : "envoyez-moi des photos des dispositions que vous aurez prises, ce sera suffisant pour mon dossier" !
Par contre, pour les italiens, l’homologation a été plutôt "folclorico-théatrale". J’étais monté à Modane où j’avais rendez-vous avec 4 cheminots italiens pour balayer tous les points à modifier sur la BB 36000.
- ajout d’un deuxième siège en cabine, puisque les italiens conduisent à deux. J’avais eu beau dire qu’il y avait le strapontin de l’accompagnateur, proposer un tabouret confortable, rien n’y a fait il a fallu ajouter un deuxième siège à confort équivalent (sic !), - alors que sur les locs italiennes, la E 402B entre autres, les sièges sont du type chaise de jardin avec assise et dossier en fil plastique entrelacé -.
- vérification de l’épure de visibilité pour laquelle les distances à respecter ont été mesurées en comptant les pas d’un des gars présents, tant pour les signaux hauts que les signaux bas. Alors tous nos tracés suivant les règles de l’art sont restés dans la sacoche.
- tous les pictogrammes, qui par définition sont suffisamment explicites, ont du recevoir un texte complémentaire en italien. Idem pour les pictos indiquant la présence de courant sur lesquels il a fallu indiquer la tension de 24 V !
- quant aux agrès et outillages de bord, la machine a été transformée en stock de pièces sur rail. De mémoire, il y a eu l’installation des lanternes de queue italiennes, les drapeaux rouges FS en plus des nôtres, les 8 cales antidérive italiennes en plus des nôtres, des drapeaux verts propres à la réglementation italienne et un nombre impressionnant de disques translucides de couleur à placer devant les feux blancs. Au point qu’il a fallu ajouter des porte-disques devant les feux blancs qui n’avaient pas été prévus d’origine….Pour le reste, la mémoire me fait surement défaut.
Bon, il est clair que la 36000 a connu des embrouilles qui se sont très rapidement évaporées dès que la SNCF a homologué la E 402B…..laquelle 402B fonctionnait à demi-puissance sous les 1500 V de la Maurienne. Les mauvaises langues franchouillardes disaient que c’était la CC 6500 ou l’UM de 8500 qui poussait tout ! Mais bon, ce récit n’est qu’anecdotique.